Cameroun: Comment le pouvoir infiltre la diaspora camerounaise

Cameroun: Comment le pouvoir infiltre la diaspora camerounaise

 

Manif Washington:Camer.beLe débat fait rage sur Internet. Un journaliste récemment exilé est même au centre de la controverse...Depuis quelques mois, la diaspora camerounaise en Europe et en Amérique du nord s'affiche ouvertement contre le gouvernement du Renouveau.Pour la contrer et la surveiller, le régime de Paul Biya met les espions à ses trousses. Il n'est plus besoin de rappeler que depuis quelques mois, la diaspora camerounaise en Europe et en Amérique du nord s'affiche ouvertement contre le gouvernement du Renouveau. Après le Conseil des camerounais de la diaspora, c'est Diaspora pour le changement et Célestin Bedzigui qui veulent traîner le gouvernement et Paul Biya devant la justice des instances internationales.

Avant ces démarches, on savait déjà que les Camerounais de l'étranger avaient la dent dure contre Paul Biya et son système. Et pour cause: Paul Biya leur refuse le droit de vote et la double nationalité. Pour ces compatriotes dont la banque mondiale avoue que le montant des transferts d'argent vers leur pays dépasse le montant d'aide que des instances étrangères accordent au Cameroun, le salut de notre pays dépend désormais du départ de Paul Biya du pouvoir. Ils utilisent tous les moyens pour obtenir ce départ, disent-ils, " le plus tôt possible".

Jadis éparpillés et opposés les uns les autres, les mouvements de la diaspora camerounaise semblent avoir compris que c'est dans l'union qu'ils seront forts. On remarque ainsi que les mouvements d'obédience upécistes tels que le Code, branche intello de Moise Essoh et Tene Sop, travaille main dans la main avec des hommes comme Célestin Bedzigui, jadis ancien allié du pouvoir.

On remarque aussi, en consultant la liste des signataires de la pétition de Bedzigui, que des hommes tels Djeukam Tchameni ou Guerandi Mbara y ont apposé
leurs signatures. Et comment ne pas relever l'unanimité au sein de la diaspora, en ce qui concerne cette pétition à l'Onu ?

Bien avant cela, en 2009, l'ancien putschiste Guerandi Mbara a accordé une longue interview à Venant Mboua, sur les ondes de la radio Cameroonvoice. Son discours fut accueilli favorablement par toutes les branches des divers mouvements de la diaspora qui trouvaient dans son leitmotiv, "Cameroon will be back", une motivation supplémentaire pour le combat.

LES MÉDIAS COMME ARMES

Si à l'époque du combat upéciste en France, le contact avec le pays était difficile, aujourd'hui, la diaspora camerounaise compte parmi les plus actives chez les Africains, que ce soit en Europe ou en Amérique du nord. Des webzines, des radios et webtv sont désormais présentes et portent haut la contestation.

Le pouvoir craint-il tout cela et voudrais infiltrer ces milieux?

Tout porte à le croire. Et on le croit dans certains milieux au Cameroun et au sein de la diaspora. En 2009, quelques jours après l'interview de Guerandi sur Cameroonvoice, ladite radio et le Code, branche Brice Nitcheu, ont révélé la présence en Europe de Gédéon Youssa, alors chef des renseignements militaires au ministère de la Défense. Il était accompagné de certains de ses hommes de main mais cette double dénonciation les a vite affaiblis. Ils ont alors rebroussé chemin.

L'affaire des cinq commissaires de police au Canada

Il y a quelques jours, on dénonçait au Canada, la présence de cinq commissaires de police,officiellement en stage à l'école de l'administration publique du
Canada à Montréal.

D'après certaines sources, eux comme d'autres personnes non clairement identifiées, tenaient à s'informer sur les agissements des journalistes Venant Mboua, Cyrille Ekwalla, transfuges de Cameroonvoice qui annoncent le lancement bientôt de leur propre radio mais aussi de Modeste Mba Talla, promoteur du site Icicemac.com.

Le Canada est l'une des diasporas les plus frondeuses, qui a refusé d'organiser une rencontre avec Biya en 2008, exigeant que Biya l'organise lui-même. Ce fût le cas et cet affront effaroucha le président camerounais qui leur posa un gros lapin le moment venu. Elle est l'une des plus redoutée aux yeux du régime.

En tout cas, il n'y a pas que ces commissaires qui soulèvent les inquiétudes au Canada. Jean-Marc Soboth, qui a voyagé avec ces flics et qui aurait informé Vincent Sosthène Fouda (candidat déclaré à la présidentielle 2011) de leur présence au Québec, est lui-même soupçonné d'intelligence avec l'ennemi.

Vincent Sosthène Fouda et lui, jadis amis, semblent-il, se livre à une guerre épistolaire sans merci sur Internet. Ils s'accusent mutuellement d'être espion à la solde du pouvoir.

Jean Marc Soboth, qui commente régulièrement l'actualité sur Cameroonvoice, est désormais vu comme envoyé spécial en mission. Il s'en défend, sans convaincre les sceptiques. Dans une longue missive parvenue à plusieurs rédactions et sur le forum 237 médias, Soboth assène " [sa] part de vérité " partielle. En utilisant l'adjectif possessif " ma " (dans " Ma part de vérité "), il laisse le lecteur comprendre que ce voire partial. Il met également à la disposition des lecteurs des rapports des commissaires de police tout en évitant de dire dans quelles conditions il les a obtenus.

De deux choses l'une : soit ces rapports ont été fournis à un collègue pour l'aider à se tirer d'une affaire, soit ils les lui ont fournis pour lui permettre de faire professionnellement son travail. Dans tout son plaidoyer, tout en restant dans la logique de la partialité, il accuse Aboya Manassé d'avoir organisé cette propagande, non sans avoir sorti quelques gentillesses sur son compte, l'accusant carrément d'être très proches des services de renseignement du pouvoir de Yaoundé.

Par la suite, il s'en prend à un journaliste du quotidien Mutations (Christophe Bobiokono, Ndlr) qu'il évite de nommer et déverse sur ce dernier et sur la South Medias Corporation (Smc) injures et insanités qui affaiblissent son plaidoyer et renforcent l'idée selon laquelle le président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) serait un espion et serait actuellement en mission commandée au Canada. Sinon, pourquoi cette absence de sérénité?

ESPION

Vraisemblablement, Jean- Marc Soboth a été grillé. Comme tout espion démasqué, il a tenté, pour se tirer du mauvais pas où il s'est mis, trois parades, au moment où les journalistes attendent qu'il fournisse des réponses à des questions précises.

Ces trois parades sont : le mensonge par omission, l'injure, la diversion.

Des parades aussi misérables, les unes que les autres, qui sont révélatrices d'une indigence intellectuelle et morale, soutiennent certains journalistes.
Visiblement, les explications de l'éminent membre de la Fédération internationale des journalistes (Fij) n'ont pas convaincu grand-monde dans le monde des médias.

Sur place ici au Cameroun, la plupart des journalistes interrogés se montrent extrêmement méfiants à son endroit, malgré le fait qu'il a ouvertement défendu les journalistes à travers le syndicat dont il était le leader. Pour beaucoup de journalistes, " chacun est libre d'exercer le métier qui lui plaît.

Même de journaliste-espion ou agent de renseignement. Mais, il serait mieux de le faire à visage découvert ".

Dans la diaspora, certains s'interrogent sur sa régularité sur les antennes de Cameroonvoice, cette radio considérée comme le moteur de la lutte patriotique au Canada.

D'après des informations recueillies auprès de certains mouvements de la diaspora, la guerre entre Soboth et Fouda traduit l'échec de l'infiltration orchestrée par le pouvoir. Étant donné que Vincent Sosthène Fouda est un personnage très controversé auprès de la diaspora camerounaise au Canada, ainsi que le relève Soboth dans son droit de réponse à l'attaque de Fouda, lui-même convaincu qu'une attaque à lui adressée par un certain José Tsapi était en réalité une manoeuvre de Soboth.

D'après nos informations, c'est l'itinéraire de Jean-Marc Soboth qui intrigue la diaspora. Il a voyagé dans le même avion que les commissaires de police stagiaires, alors qu'il était sensé sortir du pays en catimini, suite à l'affaire Stv. Il n'est descendu que chez des personnalités Rdpc, que se soit à Toronto ou à Montréal. Cela suffitil à dire qu'il est un espion au service du régime?

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© Germinal n° 053 du 31 mars 2010 : JEAN-BOSCO TALLA ET JUNIOR ETIENNE LANTIER



02/04/2010
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