Cameroun:: Code Electoral - Lettre ouverte aux Députés Camerounais - Par SHANDA TONME

YAOUNDE - 12 AVRIL 2012
© SHANDA TONME (Comicodi) | Correspondance

"La question que chacun et chacune de vous doit se poser est celle-ci: quelle responsabilité j’entends assumer dans la quête d’un Cameroun meilleur, d’un avenir collectif et partagé radieux pour tous les fils et filles de notre pays?"

CAMEROUN:: CODE ÉLECTORAL - LETTRE OUVERTE AUX DÉPUTÉS CAMEROUNAIS

L’heure est grave, et le jugement sévère de l’histoire vous attend

Mesdames et Messieurs les Députés,

Chers compatriotes


La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination vous présente ses compliments patriotiques, et se porte aujourd’hui vers vous, comme jamais avant, pour interpeller votre conscience profonde et votre attention la plus vive.

En effet, notre pays connaît aujourd’hui, avec le débat sur l’adoption d’un nouveau code électoral, un contexte politique spécial et traverse en ce sens, une étape qui déterminera le sort de nombreuses générations. Ce qui est véritablement en cause, ce n’est pas un individu, ce n’est pas une élection, ce n’est pas un salaire, un village, un clan, une ethnie, une position, un privilège ou une promesse quelconque. Ce qui est en cause, c’est définitivement et finalement le Cameroun, notre pays, notre destin, notre image et notre place dans le concert des nations, dans l’avancement de la science et la construction d’une humanité nouvelle.

La question que chacun et chacune de vous doit se poser est celle-ci: quelle responsabilité j’entends assumer dans la quête d’un Cameroun meilleur, d’un avenir collectif et partagé radieux pour tous les fils et filles de notre pays?

Tous, vous connaissez, pour être témoins aux premières lignes, et ce malgré des motions de soutien hypocrites récurrentes et tapageuses, que le Cameroun va mal, que notre pays, à la lumière par exemple de ce qui vient de se passer au Sénégal, est juste classé comme une république bananière, une dictature improductive et obscurantiste. C’est notre sort actuel, le sort d’un pays qui jadis rayonnant et respecté, n’est plus nul part audible, car absent, ruiné par la corruption, le tribalisme, l’imprévision, une certaine anarchie. Le dire et le reconnaître, c’est déjà commencer à travailler pour des solutions.

Pour la plupart d’entre vous, la présence à l’Assemblée nationale ne résulte pas d’une élection propre, et encore moins d’un talent, d’une compétence, d’un mérite ou d’une audience exceptionnelles, n’en déplaise à quelques humeurs. Le dire aussi, ce n’est point faire injure à votre honorabilité, ni rappeler le manque de légitimité absolue, c’est vous aimer. Nous aimons tous notre pays, mais l’aimons le vraiment, sincèrement?

Mesdames et messieurs les Députés,

Il n’y a pas d’alternative au-delà d’un code électoral propre, limpide, cohérent, honnête, acceptable, portant les espoirs, les demandes, les revendications, et les exigences du peuple tout entier. Ne demandez point où est ce peuple car vous le savez bien. L’heure n’est donc ni à la polémique, ni à la diversion. L’heure est à la sagesse, à l’intelligence, au patriotisme, à un arbitrage pour une fois unanime sur le sens que chacun de vous doit et devrait donner au destin de ce pays, au destin de nos enfants.

En tout état de cause, la Commission indépendante contre la discrimination vous exhorte à ne rien faire, à ne rien dire, à ne rien voter, à ne rien avaliser même implicitement, qui ne soit pas dans les termes de référence ci-après:

a) - La dissolution préalable d’Elecam
b) - Le recensement préalable honnête
c) - Le découpage électoral honnête et conséquent
d) - La majorité électorale à 18 ans
e) - Le bulletin unique
f) - L’adoption de la biométrie avec délivrance immédiate de la carte d’électeur
g) - L’élection au scrutin majoritaire à deux tours pour toutes les élections
h) - La définition légale du calendrier électoral
i) - Le mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une seule fois
k) - une caution minimale pour chaque élection

Ce qui est en cause Mesdames et messieurs, c’est également votre place dans l’histoire. Chacun et chacune doit et devrait méditer profondément sur ces images des révolutions où l’on voit les anciens dirigeants et leurs comparses de tout statut, pleurer, fuir, trembler, supplier les foules, implorer un Dieu qu’ils auront passer des décennies à insulter et à trahir. Le vote par quelqu’un d’une loi mauvaise en ce moment, aboutirait à inscrire son nom sur les futurs accusés des procès qui s’annoncent comme partout. N’ayez crainte de rien, n’ayez pas peur de la colère de votre parti ou de quelques intimidations. Vous rendrez service à vous-mêmes, à vos enfants, à votre parti, aux chef de l’Etat, à l’humanité, en vous prononçant uniquement, seulement et seulement pour un code électoral honnête.

Ce qui est en cause, c’est, au delà de cette épopée de circonstance grave pour une session dite extraordinaire, le sort que nous allons réserver aux nombreux dossiers dont certains d’entre vous sont irrémédiablement accablés. Le peuple sait depuis longtemps, que nombre d’entre vous, sont responsables de multiples marchés fictifs, de marchés mal exécutés, d’abus de tout genre, de trafics d’influence, d’actes répréhensibles et dans tous les cas de conduites ou d’attitudes lourdement punissables par les lois en vigueur. Mais de la façon dont vous vous conduirez au cours de cette session, sur cette question fondamentale et cruciale du code électoral, dépendra la clémence des futurs tribunaux populaires. L’indulgence du peuple se traduisant par le bénéfice de circonstances atténuantes, sera dans l’ordre des choses, si et seulement si, à l’examen, vous avez au moment décisif entendu l’appel du peuple, le vrai appel du peuple et non l’appel des motions trafiquées, imposées et achetées. Il s’agit de rendre au Cameroun sa fierté.

Ce qui est en cause donc, c’est la renaissance du Cameroun, le commencement véritable d’une vie, d’un processus de développement ouvert, transparent, responsable. Depuis 61 ans, nous n’avons pas beaucoup avancé. Nous sommes restés sur place, nous avons triché partout et sur tout. Nous ne méritons pas ce que nous voyons. Nous ne méritons pas tant d’humiliations et tant de misères, de doutes, d’insomnies, de malheurs, de peurs, de maladies, de désordres, d’anarchies, de vols, de corruptions, de gaspillages, d’intolérances. Tous les morts sur nos routes accusent. Tous nos compatriotes expatriés, plus de deux millions dont certains comptent parmi les meilleurs génies de l’Afrique, accusent, et vous interpellent personnellement. Ne demandez pas quel est le lien avec le code électoral, car vous n’ignorez point, que c’est parce que les citoyens ne peuvent pas se prononcer librement et choisir les dirigeants de façon transparente, que tout va mal.

Ce qui est en cause, c’est votre capacité à comprendre que le jugement de l’histoire sera sans pitié si vous faites dans l’erreur, si vous vous évertuez encore pour quelques poignées de billets de banque ou de strapontins, à perpétrer nos souffrances. Il faut laver dès maintenant le malheur qui vous poursuit à cause de toutes les fautes commises dans le passé, à l’instar de la révision de la constitution pour faire sauter la limitation du nombre de mandats présidentiels, à l’instar de tous les autres textes votés ou non votés.

Vous tenez, Mesdames et messieurs, le destin du Cameroun dans vos mains, dans votre simple regard. Ayez le courage de vous opposer à la tricherie, aux manœuvres de cette bande de conseillers sans âmes ni cœur ni dignité qui, de la tour fermée et secrète du palais, attisent la colère du peuple en vous faisant avaliser n’importe quoi, en vous imposant des lois qui sonnent comme votre arrêt de mort, la destruction du Cameroun, la programmation de la guerre civile, la perte totale de notre respectabilité dans le monde.

La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination vous attends, et vous rappelle que le peuple veille, note, et s’impatiente. Chacun et chacune portera sa croix et assumera ses responsabilités.

La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination vous renouvèle, mesdames et messieurs les Députés, chers compatriotes et honorables, les assurances de sa très haute considération./.

Fait à Yaoundé, le 10 Avril 2012

Le Président de la Commission
SHANDA TONME
Médiateur universel



13/04/2012
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