Cameroun - Climat social: Les dossiers chauds qui attendent Paul Biya

DOUALA - 09 SEPT. 2013
© Christian TCHAPMI | Le Messager

De retour d'un séjour privé en Europe, le président de la République trouve sur sa table une kyrielle de dossiers pendants liés au climat tendu au sein de certaines entreprises d'Etat et sociétés parapubliques. L'Union générale des travailleurs du Cameroun (Ugtc), réunie samedi 7 septembre 2013 à Yaoundé à la faveur d'un conseil syndical, s'en est fait l'écho, et promet dans les prochains jours, une manifestation pacifique à l'effet de dénoncer le laxisme du gouvernement.

Le Cameroun est visiblement assis sur un volcan. Du moins si l'on s'en tient à la liste non exhaustive des faits qui menacent de créer la déliquescence totale du climat social dans certaines entreprises d'Etat. Interpellé depuis des années pour arbitrage, le gouvernement Biya est resté (comme toujours) sourd face aux nombreuses revendications portées à sa table. Cependant, Isaac Bissala et ses camarades syndicalistes entendent continuer de jouer le rôle qui est le leur : celui de défendre les intérêts collectifs en dénonçant avec véhémence cet Etat acariâtre et non soucieux des droits de ses masses laborieuses. Dans le récapitulatif des maux ainsi mentionnés, figure en bonne place le dossier du Pari mutuel urbain camerounais (Pmuc) où la situation sociale des vendeurs et de tous les personnels est de plus en plus préoccupante.

On se rappelle que ces agents de la société de pari des courses hippiques, manifestaient leur ras-le-bol par un sit-in devant de l'immeuble siège de l'entreprise à Yaoundé le 7 mars dernier. Parmi leurs revendications, ils évoquaient une rémunération basée sur un pourcentage de 4% défalqué de la recette journalière effectuée qu'ils estiment largement insuffisants au vu des entrées financières qu'ils rapportent à la structure. Ils réclamaient aussi un salaire de base équivalent au moins au salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) en vigueur au Cameroun, soit 28.216 Fcfa, et exigeaient dans la foulée, le paiement des heures supplémentaires.

Dès le début de ce mouvement d'humeur, le sous préfet de Yaoundé I est intervenu, pour demander aux employés en colère, de calmer leurs ardeurs, pour qu'il puisse mieux négocier en leur faveur. Rendez-vous a donc été pris entre le chef terre et les grévistes, le 11 mars, pour une mise au point. Malheureusement les grévistes ont essuyé la honte de leur vie puisque le chef terre, au lieu de calmer les ardeurs des grévistes, est plutôt monté sur ses grands chevaux, envoyant au diable les doléances du personnel. Interpellé, l'Ugtc a engagé la saisine de la commission des experts d'application des normes de l'Organisation internationale du travail (Oit).


Blocage du pont sur la Sanaga

Autre dossier, celui de l'ex Cppc d'Edéa. Après la clôture de la liquidation de l'Ex-Cellucam intervenue le 26 février 2008, dont la principale résolution attribuait les actifs résiduels de la défunte société à la République du Cameroun représentée par le ministre chargé de l'Industrie, le dossier relatif à la réhabilitation de ce site industriel a connu une évolution des plus kafkaïennes. « L'Etat qui avait envisagé de sa dissolution refuse aujourd'hui de payer les droits sociaux des ex employés. Lesquels vivent dans une misère indicible», fait remarquer Isaac Bissala. Outrés par le silence coupable du gouvernement, les ayants droits promettent de passer à la vitesse supérieure en barrant les entrées des ponts sur la Sanaga. Une situation qui pourrait certainement paralyser tout le trafic sur cette voie et les villes qu'elle dessert. Que dire de la Cameroon telecommunications (Camtel) où le dossier du paiement des droits sociaux des pigistes et le refus réintégration d'un délégué du personnel rend l'atmosphère sulfureuse depuis bientôt trois ans ?

S'inscrivant sur une posture de bonne gouvernance, les administrateurs de cette société d'Etat n'ont jamais vraiment pris des mesures fortes, sinon la suppression d'une centaine de postes de responsabilité. Pour ce cas de figure, L'Ugtc envisage la saisine pure et simple des experts et du Comité de liberté syndicale de l'Oit. La Cameroon postal service n'est pas épargnée. Les ex employés des défuntes Caisse d'épargne postale (Cep) et Sonaposte sont aux abois, à cause du non paiement de leurs droits sociaux. Ici, l'action syndicale conduite par l'Ugtc a amené le gouvernement à verser 20% du montant des droits. A tous ces problèmes viennent se greffer le refus de l'exonération de l'Impôt sur le revenu des personnes physiques (Irpp) ; le refus d'augmentation des salaires des fonctionnaires, le refus du paiement des cotisations syndicales des sociétés d'Etat liquidées ou fermées et du déplafonnement des cotisations sociales.

Quid de l'harmonisation de l'âge de départ à la retraite ? L'Ugtc qui pense que tous les travailleurs, fonctionnaires, agents de l'Etat et travailleurs du secteur formel doivent aller à la retraite à 60 ans. La modicité des salaires des fonctionnaires et agents de l'Etat est également au centre des préoccupations de l'Ugtc. Le mouvement syndical pense que les salaires de 1993 avant la dévaluation du Franc Cfa de 1994, doivent désormais être payés aux fonctionnaires. A ce sujet justement, la Commission nationale consultative du travail a été convoquée et les parties ne sont malheureusement pas entendues sur les taux. A suivre…

Christian TCHAPMI


09/09/2013
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