Cameroun, Cinquantenaires,Connaissance de nos héros: André Marie Mbida

Cameroun, Cinquantenaires,Connaissance de nos héros: André Marie Mbida

 

Andre Marie Mbida:Camer.beEcarté du fauteuil présidentiel par Ramadier et Ahidjo. « André Marie Mbida a lui-même creusé sa propre tombe par ses prises de position très tranchées et brutales. » Telles sont les explications données par Ananie Rabier Bindji, présentateur de l’émission à succès La Tribune de l’Histoire, diffusée sur la chaîne de télévision privée Canal 2 International, pour faciliter la compréhension de la chute vertigineuse de l’homme d’Etat camerounais André Marie Mbida dont l’ascension fut fulgurante dans les années 50, lors du processus ayant abouti à l’indépendance du Cameroun le 1er janvier 1960.

Né le 1er janvier 1917 à Endinding (Cameroun), André Marie Mbida, issu de la région de Nyong et Sanaga (actuellement scindée en Sanaga Maritime et Nyong et Kellé) au Cameroun, a fréquenté l’école primaire d’Éfok (département de la Lekié), le petit séminaire d’Akono de 1929 à 1935 où il exercera par la suite comme professeur de mathématiques et de latin, puis le grand séminaire de Mvolyé de 1935 à 1943.

Premier camerounais natif à être élu député à l’Assemblée nationale française en 1952, Premier ministre du Cameroun, deuxième Premier ministre africain natif dans le continent noir, premier chef d’État du Cameroun autonome d’expression française du 12 mai 1957 au 16 février 1958 et premier prisonnier politique du Cameroun indépendant, du 29 juin 1962 au 29 juin 1965, cet homme politique qui a par ailleurs reçu une formation de juriste après avoir été directeur de l’école rurale de Balessing après son départ du grand séminaire en 1943, était compétent dans plusieurs domaines. En marge de ses activités politiques au sein du Bloc démocratique camerounais (Bdc) dont il était un des militants de premier plan, il exerça la fonction d’agent du Trésor à Yaoundé en 1945, durant une année, avant de devenir agent d’affaires à Ebolowa et Yaoundé, jusqu’en 1954. Comme agent d’affaires, ses revenus mensuels varient entre 500 000, 800 000 Fcfa et un million Fcfa []!

Au Cameroun, la belle carrière politique d’André Marie Mbida tourne au vinaigre le 16 février 1958, à la suite d’un coup de force orchestré par le haut-commissaire Jean Ramadier qui suscite le dépôt de motions de censure contre le gouvernement Mbida, refuse d’entériner le remaniement gouvernemental de Mbida après la démission d’Ahidjo de la coalition parlementaire à l’Alcam, abuse de ses prérogatives de haut-commissaire malgré les textes, fait des dons de 200 000 Fcfa à []tous les parlementaires camerounais qui se ligueront contre Mbida.

Mis en minorité, André Marie Mbida démissionne. Il est remplacé, le 18 février 1958, par Ahmadou Ahidjo qui sera par la suite président de la République de 1960 à 1982. Ahidjo qui était au début son ami (et ex vice-Premier ministre de son gouvernement) a voulu l’intégrer dans son premier gouvernement, mais, comme il était en désaccord avec la politique extrêmement pro-française d’Ahidjo, il refusa et s’exila.

Le 16 septembre 1958, alors qu’il est de passage à Paris, André-Marie Mbida se prononce pour l’indépendance immédiate[].

Le 3 octobre 1958, son parti politique, par voix de communiqué presse, demande « l’indépendance immédiate du Cameroun – l’amnistie totale – la levée de tutelle »[].

Sa formation politique, le Parti des démocrates camerounais (Pdc), demandera même une indépendance au 1er janvier 1959. Au cours des années 1961-1962, la vague de ralliements, de dissolutions et de fusions des autres partis avec l’Union camerounaise (Uc) d’Ahidjo affaiblit considérablement le Pdc qui ne comptait plus que quatre sièges à l’Assemblée nationale en 1962.

Après l’appel du 27 avril 1962, suite à la dispersion des upécistes à leur premier congrès (en janvier 1962) depuis leur réhabilitation, André-Marie Mbida et d’autres leaders de l’opposition comme Bebey-Eyidi (sécrétaire général du Parti travailliste Camerounais), Okala Charles Réné Guy (sécrétaire du Parti socialiste camerounais) et Théodore Mayi-Matip (Union des populations du cameroun) sont arrêtés et incarcérés dans le Nord-Cameroun.

Cette détention provoque une dégradation physique importante chez Mbida : il tombe malade et devient pratiquement aveugle. À sa sortie de prison en 1965, il est placé en résidence surveillée. Il se rend en France se faire soigner à l’hôpital des Quinze-Vingts en 1966. De retour au Cameroun deux ans plus tard, il est de nouveau mis en résidence surveillée à Yaoundé du 3  août 1968 au 30 mai 1972.

Les derniers moments de sa vie furent quelque peu pénibles car faits de solitude. En 1980, cet homme d’Etat qui s’était marié à Marguerite Embolo le 14 août 1946 connaît une nouvelle évacuation sanitaire, mais décède, aveugle, à 63 ans des suites de tous ces sévices, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière le 2 mai 1980 où il avait été admis deux semaines auparavant. En laissant six enfants (quatre fils et deux filles) dont l’actuel président du Parti des démocrates camerounais, Louis-Tobie Mbida et Simon Pierre Omgba Mbida, diplomate camerounais.

Lire le dossier sur UM NYOBE, Félix Roland Moumié, Ernest Ouandié, OSSENDE AFANA, Abel KINGUE sur ce lien

A lire prochainement un dossier sur Ndeh Ntumazah

Mausolée de la famille Mbida. Il y repose avec son épouse Marguerite Mbida. © Democrate Camerounais

Mausolee Mbida:Camer.be

© Le Messager : Honoré Foimoukom



28/05/2010
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