Cameroun, Chambre de commerce: Paul Biya signe un décret illégal

Cameroun, Chambre de commerce: Paul Biya signe un décret illégal

Biya paul:Camer.beLa nomination par le chef de l’Etat du nouveau secrétaire général entre en contradiction avec le texte réorganisant de l’institution.«Sous l’autorité du président de la Chambre, les services administratifs sont placés sous la coordination d’un secrétaire général nommé en Assemblée plénière sur proposition du Bureau Exécutif». Ainsi est libellé l’article 36 des textes «portant changement de dénomination et réorganisation de la Chambre de Commerce, d’Industrie et des Mines du Cameroun (Ccima)». Ainsi est-il indiqué dans le décret signé de la main du président de la République et rendu public le 27 novembre 2001. D’où vient-il donc que le même président de la République ait signé un autre décret mardi dernier nommant Hakidou Bello, secrétaire de la Ccima? Une interrogation que partagent depuis mardi, 31 août 2010, nombre de responsables et personnels de cette institution bientôt centenaire. Plus d’un membre de la chambre consulaire rencontré ne souhaitent pas en parler à visage découvert. Certains responsables ont même décliné notre sollicitation hier. Pourtant, certains feront le déplacement de l’hôtel Hilton de Yaoundé ce matin. Ce sera pour prendre part à une invitation du ministre des Finances, Essimi Menye.

Hier déjà, on a pu apercevoir le président de la Chambre de commerce Christophe Eken à la représentation de la Chambre à Yaoundé. Où il mettait sans doute la dernière main à la préparation de cette invitation. Cela parce que, selon une source interne à la Chambre, une présentation d’un produit maison sera faite au public. Il s’agit de la semoule de manioc dénommée «Akwakwa». Un produit fabriqué grâce à un projet initié au Centre d’incubation pilote du Ccima (Cip) situé à Bonabéri et qui a déjà été dégusté par l’ensemble du personnel réparti sur l’ensemble du territoire national il n’y a pas longtemps.

La cérémonie de ce matin sera-t-elle la dernière pour Saïdou Abdoulaï Bobboy, l’actuel secrétaire général? Tout porte à le croire même si la cérémonie de passation de service n’a pas encore été programmée du fait de l’absence du pays du ministre de tutelle Luc Magloire Mbarga Atangana. Toujours est-il que la nomination du nouveau secrétaire général par le chef de l’Etat (en violation des textes) embarrasse. Une situation qui soulève, on l’a dit, des interrogations chez l’actuel occupant du poste qui doit se demander pourquoi le président de la République a pris le décret le destituant mardi dernier alors qu’il n’a pas qualité.

Un Abdoulaï Bobboy qui, après plus de deux décennies de présence dans la boîte et qui en était rendu à mi-parcours d’un mandat de quatre ans entamé en 2008 à l’arrivée de M. Eken. Lui qui songeait à prendre une retraite pépère au terme de ce mandat en 2012. Et point n’est besoin de lire dans le marc de café pour savoir que les interrogations peuvent être liées au fait que le nouveau secrétaire général est un jeune inspecteur d’Etat. Est-il arrivé là pour fouiner un peu dans les affaires de la Chambre?

Ou alors pour «casser la dynamique instauré par le président Christophe Eken?», se demande un personnel de la maison. Toujours est-il que stupéfaction, étonnement, surprise sont de mise chez ceux qui ont cru dans un premier temps qu’il y avait erreur de chambre vu que la Chambre d’agriculture, où le président a le pouvoir de le faire, attend toujours la nomination de son secrétaire général.

D’aucuns se demandent même à la Ccima à quelle sauce ils seront mangés maintenant que le texte de 2001 est malmené par son signataire et gardien de la légalité républicaine. Le président de la République qui dans l’avalanche de textes de mardi dernier s’est mis à apposer une signature à répétition. Que de viennent dans ce contexte les attributions du secrétaire général. Elles, qui «sont fixées par le règlement intérieur» comme le stipule son article 34. Les jours ou les semaines à venir et la prise de fonction de Hakidou Bello, par ailleurs originaire de la région de l’Adamaoua comme son prédécesseur, permettront à coup sûr d’y voir plus clair.

© Mutations : Léger Ntiga


03/09/2010
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