Cameroun : C’est reparti avec la vie chère

Cameroun : C’est reparti avec la vie chère

Cameroun : C’est reparti avec la vie chère Flambée.  Riz, sucre, farine, huile de palme, viande et autres coûtent plus cher à  Yaoundé.
 
Equation difficile à résoudre pour Judith, hier jeudi, au marché de Mvog-Mbi à Yaoundé.  La dame, d’une quarantaine d’années, qu’accompagnent sa sœur et son frère,  prépare une réunion familiale.
Elle est chargée  de la restauration  d’une centaine de personnes pendant les trois jours que dureront  les assises. La tâche n’est pas aisée pour elle.  Or, les estimations faites en famille ne cadrent pas avec la réalité des prix sur le terrain.
 
Judith avait estimé à 16 500 Fcfa le sac de 50 kg de riz blanc thaïlandais. Il coûte plutôt 18 000 Fcfa. L’huile de palme, qu’elle pensait pouvoir acheter à 650 Fcfa le litre, se vend entre 750 Fcfa et 800 Fcfa. Le sac de sel de 12 kg coûte 2 600 Fcfa et 2 500 Fcfa au lieu de 2 300 Fcfa, dans ses prévisions. Le kilogramme de viande de bœuf sans os qu’elle croyait à 2600 Fcfa au marché de Mvog-Mbi, est passé à 2 800 Fcfa depuis la période des fêtes de fin d’année.

Judith apprendra d’un commerçant que la hausse des prix est effective dans tous les marchés de la ville. Un tour au marché de Mokolo  permet de constater que certains prix sont encore plus élevés qu’à Mvog-Mbi. Le sac de riz de 50 kg y coûte 18.500 Fcfa. L’huile Diamaor, qui se vend 1350 Fcfa à  Mvog-Mbi, coûte 1400 Fcfa à Mokolo.
 
Même sur les relevés hebdomadaires des prix effectués dans les marchés de Yaoundé par les services de la délégation départementale du Commerce du Mfoundi, l’on observe une augmentation des prix de certains produits. Dans les poissonneries, le maquereau est absent des congélateurs. Le gaz de la Société camerounaise de travaux métalliques (Sctm) se vend sous le manteau. Certains parlent de stratégies visant à augmenter le prix de ce produit. Cette flambée des prix des denrées de consommation courante en janvier en étonne plus d’un. C’est généralement la période de l’année au cours de laquelle on assiste aux braderies d’après fêtes. Ces denrées sont pourtant soumises à l’homologation des prix.
 
Le plus dur est à venir
L’augmentation des prix des denrées de première nécessité actuellement observée sur les marchés de Yaoundé n’est pas le fait de la spéculation des commerçants. Après les émeutes de la faim survenues en février 2008, le gouvernement a pris des mesures pour baisser les taxes à l’importation sur certains produits tels que le riz, la farine de froment, le sucre, le sel de cuisine. Les produits les plus imposés l’étaient à 1%. C’est  le cas de certains riz.

Seulement, la loi de finances de 2012 a modifié ces impôts. Ainsi, la taxe sur le précompte pour la farine et le riz passe de 1 à 5%. D’autres denrées, comme la pâte à papier, vont de 1 à 10%. Et un opérateur économique, joint au téléphone hier,  prédit d’autres hausses de prix qui vont s’observer sur le marché dans les prochains jours, si rien n’est fait. « Le sac de 50 kg de farine vendu actuellement à 18 000 Fcfa va coûter 20 000 Fcfa. Le prix du sac de riz va augmenter de 2 000 Fcfa au moins », indique-t-il. Il révèle que la hausse va s’étendre à d’autres produits comme les papiers et les serviettes hygiéniques et qu’elle est déjà effective pour certains produits brassicoles, notamment ceux de la Guinness.
 
Les petits commerçants marginalisés
Delor Magellan Kamgaing, le président de la Ligue camerounaise des consommateurs (Lcc), déplore l’inefficacité des actions menées jusqu’ici pour freiner la hausse des prix. « Les  petits commerçants ne sont pas associés aux négociations, alors que ce sont eux qui sont en contact avec les consommateurs. Ce sont eux qui  sont en contact avec les ménages. Par conséquent, toutes les mesures prises ne marchent pas », déclare-t-il. Le président de la Lcc regrette le manque de synergie entre les différents maillons de la chaîne dans la lutte contre la vie chère. « Le ministère du Commerce s’occupe de la distribution. Or, il faut d’abord que les produits soient disponibles pour qu’ils soient distribués. On ne devait plus importer autant de riz, de poisson et d’autres denrées, alors que le Cameroun dispose d’énormes potentialités qui lui permettent d’être un grand exportateur dans la sous région », dit-il.

© Le Jour : Adrienne Engono et Alice Tanga


13/01/2012
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