Cameroun – Belgique : Essomé Jacky "Nous sommes toutes des "Vanessa"

Cameroun – Belgique : Essomé Jacky "Nous sommes toutes des "Vanessa"

Essome Jacky:Camer.beElle s'appelle Jacky Essomé, la maman de Junior Mbeng, le jeune homme assassiné le 25 février 2008 au Cameroun. Dans un entretien à bâton rompu, Madame Essomé parle des circonstances de l’assassinat de son fils, du réconfort moral qu’elle a reçu de la part de certaines organisations camerounaises, de l’éventualité de l’ouverture d’un procès contre les commanditaires de l’assassinat de son fils.Elle invite par ailleurs les âmes sensibles à participer activement à la manifestation organisée par des associations camerounaises le vendredi 24 février 2012 à 15h devant les locaux abritant les services de l'ambassade du Cameroun à Bruxelles

Madame Essomé, bientôt quatre ans comme votre fils a été assassiné au Cameroun lors des émeutes de février 2008. Quel est l'état d'esprit qui vous anime en ce moment ?

Bonjour à vous. Je continue à pleurer mon fils fusillé à Douala lors des émeutes de 2008. Une mère d'enfant qui a perdu son enfant ne peux pas oublier cette disparition aussi rapidement. Il sera très difficile pour moi d'oublier ce que j'ai vécu et que je continue à vivre avec l'assassinat de mon fils. Assassiner les jeunes comme des animaux est un crime. Les cicatrices laissées par les émeutes de février 2008 au Cameroun sont indélébiles

Pouvez vous revenir sur les circonstances de l’assassinat de votre fils ?

Mon fils Junior Mbeng a été abattu comme un animal le 25 février 2008 à 7 heures du matin et plus précisément à Bonabéri- Sodiko / Douala. Ce jour, j’avais  eu les informations par le canal du téléphone. Parti très tôt de la maison à l'insu de son papa pour se joindre aux manifestants il a reçu en pleine face une balle tirée par les éléments de la force de l'ordre venus réprimer les manifestants. Aussitôt informée de cela, j’ai essayé de passer des coups de fils en direction du Cameroun pour m’enquérir de la situation. C’était triste car, à l’instant même de son assassinat, il était difficile de s’approcher de son corps car les forces de l’ordre avaient encerclé tous le quartier Bonabéri et plus précisément le secteur de Sodiko tout en tirant à bout portant sur tout ce qui bougeait dans la rue. Aussitôt informés de l’assassinat de mon fils, les membres du Code sont venus me rendre visite dans le but de me réconforter.

Quatre ans après l’assassinat de votre fils, avez-vous essayé de vous rapprocher des organisations camerounaises comme d’autres familles des victimes pour une éventuelle plainte contre les auteurs de son assassinat ?

Croiser les bras face à un crime comme celui-là, c'est se résigner ou mieux encore se taire tout en ayant un coeur blessé. Le Code est en train de travailler sur un dossier de plainte depuis quelques mois et dès que tous les éléments seront réunis il vous informera. Ne pas porter plainte contre les auteurs des crimes commis lors des émeutes de février 2008 au Cameroun, c’est être complice du silence. Il devient ainsi urgent d’y penser

Vous êtes sans doute au courant de l'affaire Vanessa Tchatchou au Cameroun et son bébé volé ?

L’affaire «du bébé volé» qui secoue le Cameroun depuis quelque mois m’emmène pourtant à me poser la question de savoir si réellement le malheur de quelqu’un peut faire le bonheur d’une autre personne…Le malheur de la petite Vanessa Tchatchou serait en train de faire le bonheur d’une autre personne. Il se pourrait qu'une dame d’un rang assez élevé dans le système Camerounais, serait en procession du bébé de la jeune Vanessa Tchatchou. Pendant ce temps, cette jeune maman que Dieu a bénie par l’enfantement, aussi précoce que cela pourrait paraître, attend son bébé depuis plus de six mois à l’hôpital de Yaoundé-Ngousso avec une détermination naturelle et maternelle. Aux complices et au voleur de ce bébé, ne transformez pas le bonheur de Vanessa en son malheur pour en faire votre bonheur. A toutes les mères, pères, ne croisez pas les bras. levons nous d'une seule voix pour demander que le voleur de bébé le remette à sa maman

Un dernier mot ?

J'admire tous les Camerounais qui se battent à travers le Monde entier pour que justice soit rendue à cette jeune fille dont le courage force le respect, dans un pays où la lâcheté et la trahison ont rythmé les carrières les plus brillantes, pays néanmoins où on est fier d’avoir gagné à deux reprises la triste médaille d’or du pays le plus corrompu au Monde.
Je lance un vibrant appel à tous les africains, tous les camerounais, tous les amis du Cameroun à venir massivement le vendredi 24 février prochain dès 15 heures au sit in qui aura lieu devant l’ambassade du Cameroun à Bruxelles.Nous allons tous dénoncer l'impunité, l'injustice, la démagogie qui ont pris le temps de construire leur nid au Cameroun. Nous sommes tous des "Vanessa"

© Camer.be : Propos recueillis par Hugues SEUMO


19/02/2012
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