Cameroun - Affaire Bibi Ngota : le feuilleton

Cameroun - Affaire Bibi Ngota : le feuilleton
 

Cameroun - Affaire Bibi Ngota : le feuilletonRetour sur les grandes étapes ayant conduit à l’incarcération d’un groupe de journalistes poursuivis pour faux.

Le déclencheur
On n’en parle pas beaucoup, mais c’est bel et bien le nommé Harrys Robert Mintya Meka, qui déclenche ce qui est aujourd’hui « l’affaire Bibi Ngota ». Courant janvier de cette année, celui qui est présenté comme le président directeur général du journal « Le Devoir » a fait parvenir au ministre d’Etat Secrétaire général de la présidence de la République, une correspondance relative à un dossier « Rio Del Rey », assorti d’un protocole d’interview. Ceci après avoir tenté de la rencontrer au motif qu’il détenait un document « compromettant ». Le document en question, frappé du cachet « Confidentiel » a la forme d’une lettre de Laurent Esso à l’Administrateur directeur général de la Société nationale des Hydrocarbures (SNH), demandant à ce dernier de verser « dans les meilleurs délais et en toute confidentialité » des frais de commissions d’une valeur d’environ 1,3 milliard de F aux sieurs Dooh Collins, Antoine Bikoro’o Alo’o et Dayas Mounoume.

L’examen du document
Le 18 janvier 2010, la correspondance de Mintya Meka est transmise au Délégué général à la Sûreté nationale pour exploitation. Le 5 février, les conclusions de l’examen de la lettre sont communiquées : le papier en-tête utilisé n’est pas d’usage courant au Secrétariat général de la Présidence de la République ; Le numéro d’ordre 00476 n’est pas suivi des initiales SG/PR que portent toutes les correspondances émises par le Secrétariat général de la présidence ; La présence du numéro de référence 007/PRC/SG/D-06 est un non sens. Il comporte en effet deux erreurs qui trahissent une non-maîtrise de la rédaction administrative et des pratiques en cours au Secrétariat général de la présidence : le terme « administrateur » est écrit avec un « a » minuscule et le sigle SNH est utilisé en lieu et place de la déclinaison complète « Société nationale des Hydrocarbures ». Enfin, la première phrase de la correspondance comporte la formule « J’ai l’honneur de vous informer de bien vouloir procéder dans les meilleurs délais… » Plutôt curieuse, pour une injonction censée émaner d’une autorité légitime. Le cachet est illisible, la signature ne correspond pas à celle authentique de M. Laurent Esso. Conclusion : la lettre n’a pas été confectionnée au Secrétariat général de la présidence et M. Laurent Esso n’en est pas le signataire.

La recherche de l’auteur
A la suite des conclusions de l’exploitation de la fameuse lettre, l’expéditeur est identifié et entendu sur les faits de faux et usage de faux.

La version de Mintya Meka
Interpellé au mois de février, l’expéditeur, Mintya Meka reconnaît avoir envoyé la lettre et le protocole d’interview au ministre d’Etat SG/PR et à l’Administrateur directeur général de la SNH. Il récuse cependant la paternité du document et déclare qu’il l’a obtenu de son confrère Serges Hervé Nko’o, par l’entremise de Germain Cyrille Ngota Ngota, contre une somme de 30.000 F. Il ajoute qu’il avait été entendu et gardé à vue à la direction générale de la recherche extérieure dans le cadre de la même affaire, en compagnie de ses confrères Bibi Ngota, Serge Hervé Nko’o et le nommé Sabouang Serge, directeur de publication du journal La Nation et auteur présumé de la lettre. Après cette audition, Mintya Meka est laissé libre en attendant le regroupement de tous les autres suspects.

 

 

Direction, Kondengui – Après avoir été interpellés, puis déférés, les suspects sont finalement mis sous mandat de dépôt le 10 mars 2010 pour falsification de documents officiels. La prison centrale de Yaoundé les accueille.

La lettre d’excuse
Le 11 avril 2010, Harrys-Robert Mintya Meka adresse une lettre au ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence. Il relate les péripéties de l’affaire, déclare qu’il n’est pas l’auteur du document incriminé, qu’il l’a acheté chez Nko’o – aujourd’hui en fuite- présente ses excuses et demande à être libéré. Ngota Ngota et Sabouang en font de même.

Le drame
Dans la nuit du 21 au 22 avril, Germain Cyrille Ngota Ngota qui était suivi depuis le lendemain de son arrivée par l’infirmerie de la prison centrale, décède. Un tout autre feuilleton médiatique commence alors.

© Cameroon Tribune : Yves ATANGA



04/05/2010
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