Cameroun : 5000 maisons détruites à Yaoundé en deux ans

Cameroun : 5000 maisons détruites à Yaoundé en deux ans

Cameroun : 5000 maisons détruites à Yaoundé en deux ansLe bilan est dressé par la société civile, invitée à une conférence-débat sur les déguerpissements à Yaoundé et les violations des droits de l’homme mercredi 31 mars 2010.

«Les déguerpissements en milieu urbain : quelle place pour les droits de l’homme ?». Tel était le thème central de cette conférence-débat animée par la sous-commission des droits économiques, sociaux et culturels de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (Cndhl). C’est le sous-thème sur les déguerpissements qui aura le plus retenu l’attention de l’auditoire. De cet exposé, il ressort que les opérations de déguerpissement lancées à Yaoundé depuis environ deux ans ont touché des quartiers comme Ntaba, Mokolo, Messa, Carrière, Mbankolo, Hippodrome, Nkolbisson, etc. Ces opérations ont conduit à la démolition d’environ 5000 maisons, laissant 8000 familles sans-abri, plus de 2000 boutiques ont été cassées et leurs marchandises confisquées, entraînant une perte de plus d’une dizaine de milliards de F CFA. Le non recasement des personnes déguerpies a causé non seulement des pertes en vies humaines, comme ce fut le cas d’une vieille dame à Ntaba, mais aussi une promiscuité ambiante avec pour conséquence la remontée de la criminalité et de la drogue.

Selon M. Gabi Wambo de l’Ong Reccad-Cameroun, le représentant de la société civile, toutes ces actions constituent des violations graves des droits de l’homme, particulièrement celui au logement qui incombe à l’Etat. L’article 11 du Pacte international des droits économique et social (Pides) et plusieurs autres conventions internationales dont le Cameroun est signataire, imposent à l’Etat camerounais de recaser les personnes victimes de déguerpissement , titulaires ou non d’un titre foncier.  Le chapelet d’infractions égrené par la société civile souligne aussi la violation du droit d’aller et de venir avec des garde à vue arbitraires opérées par les agents de la communauté urbaine de Yaoundé (Cuy) dans l’enceinte de la voirie municipale de Yaoundé, la violation du droit à la propriété, les atteintes à l’intégrité physique, à la dignité humaine, tout ceci sous le prétexte de l’embellissement de la ville.

Ces violations des droits de l’homme perpétrées pendant les opérations de déguerpissement à Yaoundé s’accompagnent de l’excès de zèle des agents de la Cuy qui opèrent sur le terrain, du manque de concertation entre les populations moins averties des questions foncières et l’administration. Ce qui a amené le représentant de la société civile à se demander si les constructions anarchiques observées dans nos grandes métropoles en général et à Yaoundé en particulier ne sont pas simplement la conséquence de la démission des autorités administratives qui ne font pas leur travail. Même les résultats obtenus à l’issue de ces opérations de déguerpissement dans la ville de Yaoundé sont sujets à discussion. Car, nonobstant le relatif accès facile dans les grands marchés, et la relative fluidité au niveau de la circulation, plusieurs sites déguerpis n’ont connu aucune action d’aménagement.  C’est le cas de Ntaba ou de Nkolbisson par exemple.

Un cas similaire s’observe actuellement au quartier Anguissa où les populations ont été obligées par la Cuy de détruire leurs maisons pour cause d’agrandissement de la route, mais grande est leur surprise aujourd’hui de constater que l’actuelle route en chantier est plus étroite que l’ancienne. Ceci remet à l’ordre du jour la question sur l’opportunité et la pertinence même de ces opérations de déguerpissement dans la ville de Yaoundé. Cette conférence-débat qui s’est très vite transformée en un réquisitoire contre le délégué du gouvernement auprès de la Cuy avait pour but selon les propos de M. Divine Banda, le président de la Cndhl, «… la sensibilisation, l’information et l’éducation des différents acteurs sur les droits humains en rapport avec la question des déguerpissements et dégagements des emprises publiques occupées…». Dans l’accomplissement de sa mission de médiation, la Cndhl voulait aussi susciter des requêtes des populations déguerpies sur cette question en vue d’une analyse susceptible de déboucher sur des recommandations utiles pour toutes les parties.

Cameroun : 5000 maisons détruites à Yaoundé en deux ans
© Repères : Blaise Nnang


10/04/2010
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