Burkina-Faso,Commémoration 15 octobre 1987- 15 octobre 2012: Sankara assassiné il y a 25 ans

Sankara:Camer.beBlaise Compaoré fêtera ce 15 octobre 2012 son quart de siècle de pouvoir, tandis que les adeptes du sankarisme vont commémorer celui de la disparition tragique de Thomas Sankara. Un anniversaire et beaucoup de zones d’ombre, malgré certains témoignages et des révélations.Le 15 octobre 1987 au soir «au pavillon Haute-Volta» du Conseil de l’Entente, Thomas Sankara et 12 de ses compagnons d’infortune furent abattus. Que s’est-il passé au juste ? Impossible de répondre de façon tranchée, même un quart de siècle plus tard, à cette question.
 
Seuls filtrent de temps en temps quelques confidences, rarissimes, sur ce drame tels ce 18 octobre 2007 à Pô, où Blaise Compaoré s’est un peu lâché en affirmant : «Il y a de la gêne à parler de gens qui ne sont plus là, mais il y a des témoins qui peuvent parler, mon propre chauffeur (NDLR : Maïga, décédé lui aussi il y a quelque temps) i le lieu ni le moment»(1).

En avril 2006, le comité des Droits de l’homme de l’ONU s’était emparé du dossier, avant de le clore deux années plus tard sans l’ouverture d’une enquête. En 2009, un collectif international d’associations avait lancé une pétition pour réclamer une enquête internationale, indépendante et l’ouverture des archives.

Plusieurs procédures judiciaires ont été lancées au Burkina Faso, mais aucune pour l’instant n’a réussi à faire émerger la vérité.

Comme chaque année, les sankaristes se retrouveront au cimetière de Dagonoen pour rendre hommage au leader de la Révolution burkinabé. Selon eux, le doute persiste sur la présence de son coprs dans cette tombe. L’expertise de la tombe et le test ADN réclamés par la veuve, Mariam Sankara, sont à ce jour restés lettre morte.

Thomas Sankara est né à Yako le 21 Décembre 1947 dans une famille chré­tienne de 14 enfants ; il était un « Peul-Mossi » qui n’a jamais oublié ses origines modestes. Son père, décédé le 4 août 2006, fut prisonnier comme tirailleur dans la seconde guerre mondiale, puis après avoir été enrôlé en Indochine dans les sales guerres coloniales, abandonné par la France à une retraite de misère d’ancien combattant, il est infirmier dans la gendarmerie de Haute-Volta. Sa mère, Marguerite est décédée le 6 mars 2000.(2)

Après des études secondaires à Bobo-Dioulasso, la carrière militaire de Thomas commence à 19 ans, avant qu’il ne soit envoyé pour suivre sa formation à Madagascar. Il aura donc l’occasion d’observer de ses propres yeux les soulèvements populaires malgaches contre le régime néo-colo­nial en 1971/1972. Ici, naissent ses idées d’une « révolution démocratique et populaire ».

Il retourne en Haute-Volta en 1972, et participera à la guerre contre le Mali de 1974. Il va ensuite en France, puis au Maroc où il rencontre en 1976 Blaise Compaoré. Les deux hommes deviendront rapide­ment très proches, se considérant comme des « frères ». Les deux hommes formeront avec Henri Zongo et Jean-Baptiste Boukary Lingani le ROC ou Rassemblement d’Officiers Communistes qui sera un rassemblement de jeunes officiers voulant changer les choses.

Thomas Sankara est nommé Secrétaire d’Etat à l’Information en Septembre 1981 dans le gouvernement Saye Zerbo, et fera sensation en se rendant à vélo à sa première réunion de cabinet. Il démission­nera avec fracas le 21 Avril 1982 pour marquer sa protestation, en s’écriant selon le journal  Le Combat « Malheur à ceux qui veulent bâillonner le peuple ».

Le 7 novembre 1982, un coup d’état place Jean-Baptiste Ouedraogo au pouvoir. Thomas Sankara sera nommé Premier Ministre en janvier 1983. Dans son discours d’investiture, le mot « peuple » revient 59 fois. Thomas Sankara se fait immédiatement remarquer au sommet des « non-ali­gnés » de New Delhi par un discours virulent contre le néocolonialisme. Mais le système de la Françafrique fait la pluie et le beau temps ! Après une visite des conseillers français aux affaires africaines, Guy Penne et Jean-Christophe Mitterrand, le fils du président français, Thomas Sankara sera emprisonné par Ouedraogo le 17 mai 1983.

Son ami d’alors Blaise Compaoré organise un coup d’état le 4 Août 1983, et le libère. Puis on force Thomas Sankara à prendre le pouvoir.

Le 15 Octobre 1987

Thomas Sankara est en réunion avec des conseillers quand des bruits d’armes automatiques résonnent. Il aurait dit à ses conseillers « Restez, c’est à moi qu’ils en veulent ». Il sort du palais, en short, les mains en l’air, mais visiblement les mutins n’avaient pas pour consigne de l’arrêter, mais de le tuer, et quelques rafales mettent fin à sa vie, ainsi qu’à celle de douze de ses conseillers.

Comme pour tuer le symbole une seconde fois, il sera enterré à la va-vite, et de façon quasi anonyme.

L’onde de choc provoquée par son assassinat parmi la jeunesse africaine, et notamment burkinabé, a poussé le régime à lui donner une sépulture plus convenable par la suite.

Aujourd`hui, si de nombreux Africains vouent un véritable culte au "père de la révolution", aucun édifice n`est érigé en sa mémoire dans son propre pays, où les autorités n`ont pas prévu de manifestation en son honneur.

1- Journal Le Tanga du 18 octobre 2011
2- Rebellyon info

© Camer.be : Hugues SEUMO


16/10/2012
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