Burkina Faso : les effets de la crise ivoirienne de plus en plus ressentis à Bobo-Dioulasso

Burkina Faso : les effets de la crise ivoirienne de plus en plus ressentis à Bobo-Dioulasso

Burkina Faso : les effets de la crise ivoirienne de plus en plus ressentis à Bobo-Dioulasso Dans la seconde ville du Burkina Faso, Bobo-Dioulasso, située à environ 600 kilomètres au nord d'Abidjan, certaines activités tournent pourtant au ralenti, à cause de la crise post-électorale que vit la Côte d'Ivoire depuis le 28 novembre 2010. Le déclenchement de la première crise en 2002 en Côte d'Ivoire avait déjà été durement ressenti dans la ville de Bobo-Dioulasso, et aujourd'hui, la ville est frappée par les effets de la crise post-électorale dans le pays voisin.

La situation s'est aggravée ces derniers temps, suite à la décision des autorités de Bouaké de stopper tout trafic reliant la deuxième ville ivoirienne et Abidjan, la capitale économique de Côte d'Ivoire. Cette mesure prise en Eburnie a entraîné dans la capitale économique du Faso, une hausse des prix des produits importés de ce pays voisin, comme le savon ou l'huile.

Les marchandises ne rentrent plus comme de par le passé. Les bananes, les avocats ou l'attiéké de la Côte d'Ivoire se font de plus en plus rares sur les marchés. Face à cette situation, les vendeuses de ces produits diversifient leur source d'approvisionnement, en s'orientant vers d'autres pays, ou en fabriquant elles-mêmes certaines denrées comme l'attiéké.

C'est du moins ce qu'a laissé entendre Aïcha Kaloga, vendeuse de fruits à la gare ferroviaire de Bobo-Dioulasso. "Certains des fruits que nous vendons viennent pour le moment de la zone rebelle. Ils coûtent cher, mais nous n'avons pas le choix. Face aux difficultés d'approvisionnement en Côte d'ivoire, nous allons acheter les bananes ou les avocats à Orodara dans la province du Kénédougou ou encore à Douna dans la Comoé. Les pommes de terre proviennent du Mali. L'attiéké, nous le fabriquons nous-mêmes. Nous l'avons fait surtout pour les fêtes et Dieu merci, tout a été acheté".

Si les commerçants éprouvent des difficultés à s'approvisionner en produits ivoiriens, il leur est également difficile d'exporter vers ce pays voisin. Les vendeurs de volailles voient ainsi leurs activités se ralentir, comme le souligne Rasmané Ilboudo : " La crise ivoirienne joue beaucoup sur notre activité. Nous n'arrivons plus à y envoyer nos poulets. Avant la crise, nous pouvions exporter 20 à 30 wagons. Mais aujourd'hui, nous n'arrivons même plus envoyer plus de 2 wagons. Les poulets que nous parvenons à envoyer ne s'achètent pas non plus. A Bobo-Dioulasso également, la volaille ne s'achète pas. Les temps sont durs et nous ne savons pas où mettre la tête. Nous espérons que les autorités de ce pays pourront nous secourir, sinon nous avons d'énormes difficultés actuellement".

Adama Bouro, secrétaire général de l'Association des vendeurs de volailles de Bobo-Dioulasso ajoute : "Nous ne parvenons plus à exporter nos poulets. Ceux qui y arrivent mettent plus de deux semaines avant d'écouler leurs produits. Nous avons eu beaucoup de difficultés dans notre activité ces derniers temps. Il y a la crise ivoirienne depuis 2002 qui ne favorise pas notre activité. A cela s'était ajoutée la grippe aviaire en 2008. Vraiment c'est dur".

Adou Goro, un autre vendeur de poulet ne fait que prier pour que la paix revienne en Côte d'Ivoire : "Nous prions pour que la crise ivoirienne trouve rapidement une solution".

La même prière a été formulée par les acteurs de la filière bétail qui, eux, rencontrent relativement moins de problèmes que ceux de la volaille. Malgré la crise, ils ont pu acheminer le 26 décembre 2010, 27 wagons de bétails.

Selon Amadé Ouédraogo, membre de la commission de suivi de la Confédération des fédérations nationales de la filière bétail viande de l'Afrique de l'Ouest, les commerçants de bétail arrivent à percer le marché ivoirien en ces temps difficiles, grâce à la force de négociation du président de la Confédération, Issiaka Sawadogo.

Amadé Ouédraogo, par ailleurs trésorier général de l'Union provinciale des acteurs de la filière bétail-viande du Houet, souhaite que la guerre finisse afin que les acteurs puissent envoyer 200 wagons par mois comme de par le passé.

Les commerçants ne sont pas les seuls à subir les conséquences de la crise en Côte d'Ivoire. Les transporteurs aussi traversent en ce moment des moments difficiles. L'affluence n'est plus grande au port sec de Bobo-Dioulasso dont les premiers responsables disent avoir constaté une baisse des activités.

Certaines compagnies de transport ont réduit leurs départs sur la Côte d'Ivoire. D'autres par contre, ont carrément arrêté en attendant que la crise trouve solution. C'est le cas de la Société ivoirienne des transporteurs de Ouangolo (SITO).

Cette société reliait chaque jour la ligne Bobo-Dioulasso-Abidjan. Mais Oumar Coulibaly, le responsable de la gare de Bobo-Dioulasso dit avoir arrêté les départs depuis le 28 novembre, à cause de la situation dans ce pays voisin. "Quand tout va rentrer dans l'ordre, nous allons reprendre la ligne", a-t-il relevé.

© Xinhua : Moustapha SYLLA


29/12/2010
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