Budget et remaniement: Des Budgets défendus par des ministres en sursis

Douala - 25 Novembre 2011
© GEORGES SEMEY | Correspondance

Près de quarante ministres tentent depuis samedi de séduire la commission des finances et du budget de l'assemblée nationale afin que soit adopté l'enveloppe allouée à leur département ministériel respectif. Mais le plus dur est ailleurs. Echapperont- ils au prochain remaniement ministériel ?

Le grand oral des ministres du gouvernement de Philémon Yang devant la commission du budget et des finances de l'assemblée nationale, se déroule au pas de course depuis le samedi 19 novembre dernier. Le balai d'opérations de charme s'est achevé hier soir, par le ministre des finances Essimi Menye Lazare. L'enveloppe globale du budget générale de l'Etat à partager entre les départements ministériels du gouvernement annoncé pour pléthorique, s'élève à 2800 milliards de francs CFA. Chaque ministre a rivalisé d'adresse pour faire accepter par la commission, l'enveloppe prévisionnelle allouée à son département. Certains ministres de l'actuel gouvernement, ont pourtant estimé que les ressources prévues pour leur département ministériel, restaient insuffisantes pour remplir la mission qui leur est assignée. Le prochain remaniement qui tarde toujours à venir, ne décourage pas les membres du gouvernement. Ils en veulent plus. Certains croient assurément sauver leur peau en égrenant un chapelet de grands travaux avec pour ambition cachée de caresser au sens du poil le grand censeur qu'est Paul Biya. Malheureusement, les biens maigres résultats engrangés par certains ministres, les scandales dans lesquelles sont impliqués d' autres, et....le rapport Conac qui vient tomber comme un cheveu dans la soupe au moment le plus mauvais qu'il soit, ne présagent pas d' espoirs possibles.


Les plus malchanceux

Cette catégorie est victime du dernier rapport de la commission nationale anti corruption. Ces résolutions rendues publiques à la veille du passage des ministres devant la commission des finances et du budget de l'Assemblée nationale, vexent sérieusement certains ministres de la république. Il tombe également au moment où chaque ministre est soigneusement épié par Paul Biya. Bernard Messengue Avom maudirait volontiers le pasteur Massi Gams et son acolyte, Garga Haman Adji. Les révélations accablantes contenues dans le rapport Conac entament sérieusement la crédibilité du ministre des travaux publics qu'on avait rarement vu sur le devant de la scène. Les 15 ,4 milliards de francs CFA qui lui sont réclamés, selon ce rapport, suffisent à faire de lui l'une des victimes expiatoires de la plume de Paul Biya.

Dans le même registre, on citera le vice- premier ministre, ministre de l'agriculture, Jean Kuété. Les 600 millions de francs CFA détournés au Minader, pourtant destinés au projet d'appui à la filière maïs, lui laissent peu de chance s'il faut s'en tenir seulement au rapport sus- cité. La troisième personnalité du gouvernement de Philémon yang avait déjà une image bien écornée depuis l'affaire des tracteurs du ministère de l'agriculture et du développement, détournés semble- t-il.

Paul Atanga Nji, ministre chargé de mission à la présidence de la république n'a pas plus de veine que les précédents. Il a également été cité par le rapport assassin de la Conac qui le classe parmi les indélicats du gouvernement sous la menace d'une ouverture d'enquête. Mais le rapport Conac comportait des non dits. Il a fait ses plus grosses victimes lors de la contre attaque du ministre des travaux publics par medias interposés. La communication du ministre en difficulté orchestré par jean Lambert Nang, a fonctionné à fond. Le premier ministre Philémon yang et le secrétaire général de la primature, Jules Doret Ndongo, auraient approuvé le décaissement de la somme d 15,4 milliards de francs Cfa pour la poursuite des travaux de la nationale n°10 Ayos- Bonis. Eclaboussé, le sommet du gouvernement n’as pas vu venir le retour du boomerang.


Les maladroits et les imprudents

On peut considérer ceux des ministres de l'actuel gouvernement n'ayant pas été cités dans le rapport de la Conac, mais ne faisant pas non plus preuve de pragmatisme et d'efficacité, comme des ministres maladroits et imprudents. Avec plus de 8 milliards sollicités, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la communication a multiplié tout le long de son ministère, des imprudences qui frisent le politiquement incorrect. On ne retiendra que les plus récentes à savoir ses déclarations choquantes sur la militante SDF tuée à Bandjoun, sa méthode très subjective de répartition de l'aide publique à la presse, et la dernière bourde en date, les critiques acerbes sur les journalistes à ....gages ! Excusez du peu.
Un communiqué du Gouverneur de la région du Littoral annonçait pour le 11 octobre le début de la distribution des moustiquaires imprégnées à longue durée d'action(MILDA). Depuis, plus rien à Douala et sa région où les populations ne décolèrent pas. Pour embellir le tableau le ministre de la santé, André Mama Fouda, s'était lui-même rendu dans un centre de santé à Obobogo à Yaoundé afin d'obtenir des moustiquaires et tromper la vigilance de Paul Biya sur l'évolution du processus de distribution. Mais Yaoundé n'étant malheureusement pas Douala, les populations de la ville la plus exposée au paludisme attendent d'être enfin prises en compte.

Le dernier scandale en date autour des lions indomptables du Cameroun pourrait tout dévaster sur son passage. Oubliés, les autres bides de notre équipe fanion victime très souvent de querelles intestines et de politique d'orientation d'amateur. Oubliés aussi, les 10 millions de francs Cfa promis aux lionnes indomptables et décaissés au compte goutte après leur qualification pour les jeux olympiques de Londres. Le ministre Michel Zoah est bien mal en point, victime collatérale des conflits internes au sein de la Fecafoot et de son manque de rigueur personnelle.

Ama Tutu Muna, Louis Bapès Bapès, Emmanuel Bondé et Lazare Essimi Menye, appartiennent également à cette catégorie qui n'est pas exhaustive. Ce dernier s'est permis de déclarer, lors d'une interview accordée à la Crtv, que les Camerounais devaient choisir entre la construction des grands chantiers promis en grande pompe par Paul Biya et l'augmentation de... 200 francs sur le prix actuel de certains produits pétroliers.

Le passage des ministres devant la commission des finances et du budget s'est achevé hier soir. Aucun d'eux ne peut affirmer avec certitude qu'il fera encore partie de l'effectif du prochain gouvernement. L'augmentation des enveloppes et les milliards de plus que ca implique font saliver les ministres; plus encore, prières et incantations sont de mises pour ne pas passer à la trappe ni de Paul Biya, ni d'Etame Massoma.

Source: Ouest Littoral


27/11/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres