Brevet des Techniciens Supérieurs: La programmation qui dérange

YAOUNDÉ - 29 Mai 2012
© ADRIENNE ENGONO MOUSSANG | Mutations

Des candidats inscrits au Brevet de technicien supérieur cette année se disent démobilisés par le début du déroulement des épreuves fixé au 5 juin.

Les réunions des responsables des institutions d'enseignement technique se sont succédées hier, lundi 28 mai. Ces responsables sont restés introuvables dans leur bureau. A l'institut Siantou supérieur sis au quartier Mvog-Mbi à Yaoundé, des étudiants qui voulaient rencontrer le directeur adjoint des études, Mesmin Kangueulieu, pris par ces rencontres, ont dû prendre leur mal en patience.

Dans la cour de Siantou, deux babillards attirent une poignée de jeunes gens. Sur l'un de ces tableaux est affiché le calendrier du déroulement des épreuves pratiques et écrites du Brevet de technicien supérieur (Bts), du Higher National Diploma (Hnd), l'équivalent du Bts dans le sous système anglophone et le Higher Professional Diploma (Hpd), qui correspond au Brevet supérieur des études professionnelles (Dcep).

Entre amis, des commentaires vont bon train. A les entendre, depuis plusieurs semaines, les dates du déroulement des examens de fin de cycle de l'enseignement supérieur technique étaient très attendues par les candidats. Au point où d'aucuns ont même pensé que le Bts et les autres examens susmentionnés avaient été rayés du calendrier académique du Cameroun. Mais il n'y a pas que l'humour et la délivrance qui se lisent sur les visages des différents candidats rencontrés dans certains instituts supérieurs à Yaoundé hier.

C'est le cas d'un jeune candidat au Bts, filière génie civil, qui a requis l'anonymat. Le candidat; âgé de 22 ans, lit attentivement les cours qu'il a compilés sur des feuilles de format A4. Il avoue que sa préparation se déroule normalement. Mais indique qu'il a des inquiétudes quant aux disciplines professionnelles. «J'ai obtenu un baccalauréat D et je me suis inscrit au cycle de Bts pour rapidement m'insérer dans le monde professionnel. Mais j'éprouve des difficultés énormes dans les matières de spécialisation», se plaint-il. Il ne désespère cependant pas. «J'ai les yeux rivés vers le ciel et je pense que Dieu va m'aider pour que je puisse décrocher mon examen».


Déstabilisation

Le jeune homme a eu une semaine tumultueuse. Son dossier a été rejeté pour diplôme non conforme. Heureusement, dit-il, le problème a été résolu lorsqu’il a fourni la copie du baccalauréat qui manquait dans son dossier. Une liste de 42 noms dont les dossiers ont été rejetés à la session du Bts 2012 au sous-centre de Siantou, a été publiée le 11 mai dernier. Les motifs évoqués pour ces rejets vont des diplômes non conformes au manque de qualification en passant par les faux diplômes. Des candidats se plaignent du temps imparti pour les revendications qui est très court. Ils étaient prêts à affronter les examens dès le 29 mai. Mais le ministère de l'Enseignement supérieur (Minesup) a programmé les épreuves pratiques du 05 au 09 juin, tandis que les épreuves écrites vont se dérouler du 12 au 16 juin 2012. Pour cette candidate rencontrée à la sortie de l'Université Ndi Samba, cette année, «la programmation des examens de fin de cycle de l'enseignement supérieur est comme une volonté des autorités à réduire le taux de réussite à cet examen. Depuis des années, le Bts a toujours commencé le dernier mardi du mois de mai». Les enseignants n'en sont pas moins dérangés. Ils se plaignent de ce que le décalage du début des épreuves d'une semaine perturbe leur départ en vacance.

Au Minesup, la date de déroulement du Bts ne pose aucun problème selon Jean Paul Mbia, le chef de la cellule de communication qui relaie les propos d'un responsable en charge de l'organisation de cet examen qui n'a pas souhaité être cité. «Il faut d'abord dire que la date du déroulement des épreuves du Bts n'a jamais été changée. Elle a été fixée au 05 juin pour le début des épreuves pratiques. Ce n'est pas parce qu'on a composé en mai les années antérieures que ça va devenir une loi», nous dit-on. Pour les revendications, le Minesup rassure que toutes les requêtes sont traitées au fur et à mesure qu'on les reçoit.

En plus, des dispositions sont prises pour que ceux qui ont des problèmes passent les examens sous réserve de l'étude de leur cas. Environ 16.000 candidats ont été enregistrés au Bts. Bandjoun, Douala, Garoua et Yaoundé sont les quatre centres qui vont leur ouvrir les portes en attendant la confirmation de celui de Buea. Celui de Ngaoundéré n'ouvrira pas ses portes, aucun candidat ne s'y étant pas inscrit.



Jacques Fame Ndongo: Une fois encore les pieds dans le tapis du BTS

Cet examen national vient une fois de plus de surprendre le ministre de l'Enseignement supérieur et ses collaborateurs.

Selon de récents textes signés du ministre de l'Enseignement supérieur (Minsup), Jacques Fame Ndongo, les épreuves pratiques de l'examen national du Brevet des techniciens supérieurs (Bts), débutent le 05 juin 2012. Elles devront se poursuivre par les épreuves écrites à compter du 12 du même mois. Et la suite? Est-on tenté de demander. Car comme l'année dernière, voici une fois de plus, le ministre Fame Ndongo et ses collaborateurs dans le bourbier de cet examen national. Un rendez-vous qui, d'une année à l'autre est des plus redoutés. Il semble donner des insomnies au sémiologue notamment.

A côté des résultats sortis avec un grand retard l'année dernière, le secrétaire à la Communication du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc au pouvoir), a été pris à défaut peu de temps avant dans l'affaire peu claire de délivrance et de confection des diplômes dudit examen. Un épisode qui a suscité des remous dans les rangs des promoteurs des Instituts universitaires donnant accès à ce niveau de formation au Cameroun. Le ministre dû perdre son latin dans des explications qui l'obligèrent à solliciter l'expertise de l'Office du Bac. De guerre lasse, il finit par faire une promesse solennelle aux lauréats sans diplômes de puis quinze ans, par faire imprimer des parchemins, le temps d'un week-end dans une imprimerie de la place. Et puis, rien!

L'un des faits mémorables de la vie du Bts sous Jacques Fame Ndongo reste à ce jour, l'interpellation de l'ancien directeur du Développement de l'enseignement supérieur, Norbert Ndong. Dénoncé par le chef du département, il fut recherché et incarcéré pour détournement des frais et des fonds dudit examen. Depuis lors, différentes propositions ont été faites au Minesup sans suite sur la conduite des différentes opérations relatives non seulement à l'examen à proprement parler, mais aussi aux contenus des enseignements qui, élaborés depuis 2002 par Jean Marie Atangana Mebara du temps où il fut Minesup, ces programmes n'ont plus subit de toilettage, pourtant, que de nouvelles filières introduites, que de nouveaux enseignants admis, qui n'ont été ni coachés par les anciens, ni passés de stage de formation! Parmi ces propositions, l'on note le souhait de la mise en place d'un Office à l'image de celui du Bac.

Une suggestion à laquelle le gouvernement reste sourd, dit-on avec des blocages à la Primature pour de sordides rivalités d'homme. En revanche, les collaborateurs du ministre ici, sont plus enclins à combattre les journalistes dont le seul péché est de s'intéresser et de souhaiter des bonnes formations, et faire régulièrement des suggestions aux dirigeants dans leurs articles. Comme si, les fraudes dénoncées par le chef du département de l'Enseignement supérieur l'année dernière, était le fait des médias. Comme si l'enfant de Nkolandom, ne gérait que le scandale du Bts dans ce département qui abrite et organise d'autres examens nationaux nés et mis en place sous la férule du chef de Nkolandom. Un ministère à la tête duquel il a récemment géré d'autres contradictions dont la date du Bts n'est pas des moindres. Qu'il s'agisse d'un report ou de la programmation, le ministre et ses collaborateurs, auront du mal à convaincre par le type d'explications qu'ils donnent. Et pour cause, un examen national ne se prépare pas la veille de sa tenue. Encore moins le jour même.

Et pourtant c'est l'option résolument prise par l'actuel directeur du Développement de l'enseignement supérieur, Jean-Marie Essono qui pense à tort que c'est des médias que viennent tous ses problèmes. Quelle erreur! Une approche validée souvent, malheureusement par le ministre Fame Ndongo.

A deux semaines du début des épreuves qui ont pourtant commencé au mois de mai avec les soutenances des rapports de stage. Une véritable école de planification qui, il faut le dire, prend à défaut Jacques Fame Ndongo et son administration.

Léger Ntiga



29/05/2012
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