Bienvenue en Europe: Ces fiancées qui s´imposent dans les familles des expatriés!

Florence tsague:camer.beA côté du phénomène de «viens, on reste» (nouvelle forme de vie ensemble sans mariage civil, coutumier ou religieux) qui prend de l´ampleur à cause de la situation précaire des jeunes et d´un manque d´engagement et de responsabilité grandissant dans la vie commune, on note une nouvelle forme de relation à distance, consentie ou non par les deux concernés. Ceci prend forme dans le contexte de migrations internationales contemporaines. Si certains expatriés font l´équation pour savoir où trouver l´âme sœur optimale, (au pays natal ou en terre d´accueil?) d´aucuns se demandent comment gérer à distance la relation avec leur "fiancée" aux soins des parents au pays. Une relation qui devient encore plus complexe si la "future épouse" s´est imposée d´elle-même à la famille, contre la volonté de l´expatrié.

C´est un jeune bachelier qui vient d´engager une relation avec la jeune fille du voisin et qui n´est pas du tout vu de bon œil, car dépourvu de tout moyen financier et de tout sens de responsabilité, dirait-on. Pire encore, il enceinte la fille et cela met les parents des deux dans une situation inconfortable. A l´idée d´aller joindre son amant, la famille de la fille s´appose avec véhémence, se demandant si les deux se «nourriront des cahiers». Et alors tombe la nouvelle que le garçon est inscrit aux cours de langue allemande à l´Institut Goethe. Faut-il calculer "un plus un" pour comprendre qu´on a désormais affaire à un futur Mbenguiste avec tout ce que cela comporte de préjugés et d´attentes des familles? Non! Les parents de la jeune fille saisissent l´enjeu, changent de discours et de ton envers le garçon. Celui à qui on n´ouvrait pas le portail lorsqu´il venait regarder sa copine enceinte est désormais accueilli, en compagnie de ses amis, de façon très cordiale et bénéficie de tous les droits et avantages liés à son futur statut. Les soirées se multiplient, saupoudrées du «poisson braisé, pimenté, avec la bière à l´appui» comme le chanteraient les Maxtones du Littoral. On l´encense avec tous les titres tels "mon beau", "mon fils". Et voilà la nouvelle qui parcourt le quartier que le visa a été octroyé au jeune. Une nouvelle accueillie avec euphorie et bonheur par la famille de la jeune fille au même titre que la publication du remaniement ministériel dans les cercles du pouvoir. Le jour j du voyage arrive et l´aéroport est comblé des deux familles pour les adieux dignes de nom.

Arrivé à Mbeng, notre jeune frère donne ses nouvelles toutes les semaines, après tous les mois, sans pourtant signaler l´intention de "titulariser" la mère de son enfant. Un silence et

une attitude indécise qui inquiètent les parents et la jeune mère. Prenant son courage à deux mains, cette dernière finit par briser l´attitude attentiste. Elle plie bagage et s´installe chez les parents de son bien-aimé. Un signal envoyé à Mbeng pour démontrer que les lieux sont déjà occupés! D´ailleurs, elle fait montre d´une serviabilité à laquelle la nouvelle famille ne saurait résister.

Malgré le signal du pays, les coups de fil du jeune papa deviennent sporadiques. L´inquiétude s´installe chez les parents qui multiplient les contacts en Europe pour essayer de le ramener la raison. Peine perdue! Saisons et années s´égrainent et dans le froid de l´Europe, notre compatriote est séduit par une autre fille. Toutefois, ses tentatives de faire comprendre aux parents qu´il n´envisage pas un avenir avec la mère de son enfant tombent dans les oreilles des sourds. En Europe, entre le froid d´hiver, les études, les jobs, la pression du service Emi-Immigration et les engagements auprès de la nouvelle copine, notre jeune frère ne sait plus à quels Saints se vouer. Il décide d´assumer les responsabilités envers son enfant né en son absence, cependant il ne réussit pas à faire passer le message qu´il n´est plus intéressé par celle qui aux côtés de ses parents assume presque le travail de la femme de ménage pour garantir sa place de belle-fille.

Entre temps, ses parents sont déjà allés doter leur belle-fille, sans le contentement du fils! Les années se succèdent, notre compatriote fonde une famille en Europe, s´abstient d´aller en vacances au pays, car ne sachant pas comment affronter l´opposition de ses parents. Lorsque les parents apprennent la nouvelle, leur réaction est la suivante: « une femme là-bas, est-ce que c´est un problème? Ta femme du pays reste la femme du pays.» Voilà notre frère qui ayant vécu la morosité de la polygamie et déterminé à opter pour la monogamie se trouve maintenant devant une équation à deux inconnues: ballotté entre deux femmes. Que faut-il faire?

© Camer.be : Florence TSAGUÉ A


23/11/2012
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