Bibi Ngota . Issa Tchiroma hué durant le point de presse relatif au décès du journaliste Germain Cyrille Ngota

La manière violente avec laquelle la presse nationale a traité l’information sur la mort du confrère Bibi Ngota, de son vrai nom Ngota Ngota Germain Cyrille, a fait peur au gouvernement qui a envoyé son porte-parole, pour aller expliquer l’inexplicable. Face à la presse le 23 avril au ministère de la communication, Issa Tchiroma Bakary est tombé dans son propre piège, il n’a pas pu convaincre et dédouaner le gouvernement qu’il défend.

 

Après sa déclaration liminaire, le ministre a accepté de se lancer à un jeu dangereux qui n’a fait que blessé les cœurs meurtris des journalistes qui n’ont pas compris le sens de la convocation d’un point de presse qui n’avait pour but que de narguer la presse. Le conférencier a tout gâté lorsqu’il souligne que la détention des confrères Mintya Meka Harris Robert, Sabouang Yen Serge, Ngota Ngota Germain Cyrille ne relève en rien d’un délit de presse, mais plutôt d’une infraction de droit commun se rapportant à une affaire de contrefaçon des signatures et timbres, des marques et imprimés, selon les chefs d’inculpations retenus par le juge d’instruction connaissant de l’affaire. C’est cette remarque aux allures d’une plaisanterie de mauvais goût qui a mis le feu aux poudres, mettant les journalistes dans tous leurs états. Au point où le ministre faisait sa conférence à l’intérieur avec une partie des journalistes, alors que d’autres se moquaient de lui à l’extérieur de la salle, c’est dans un bazar qui n’avait pas de nom que s’est tenu ce point de presse qui ressemblait comme d’habitude au blanchiment des autorités impliquées dans cette affaire avilissante. Plus grave, durant la rencontre houleuse, les journalistes constateront qu’ils sont cernés par les éléments du GSO, comme si on était en situation de guerre.


La réalité est qu’il y a des non dits, des zones d’ombres et un tissu de mensonges à chaque niveau de l’affaire, acceptons donc un peu qu’il s’agit d’une infraction de droit commun, alors, un autre Camerounais doit-il mourir dans les mêmes conditions de négligence constatée sur le cas Ngota, parce qu’il n’est pas journaliste ? Non ! Il y a des négligences, des exagérations, des abus inadmissibles dans cet Etat dit de droit. L’infirmerie de la prison centrale avait le dossier médical du confrère, le ministre lui-même décrit la rotation avec laquelle Bibi Ngota partait voir les infirmiers, fallait-il seulement que l’infirmerie cherche à le soigner en taule, alors que son cas était préoccupant ? Il y a visiblement une incompétence des 9 infirmiers et du médecin qui n’ont pas compris qu’avec toute la description faite par le Mincom, hypertension traitée et maîtrisée, hernie inguinale, goutte, poussée de fièvre, éruption cutanée accompagnée de fièvre, il fallait faire autre choses. Sauf si cette équipe médicale a décidé d’achever un journaliste, puisque les hôpitaux étaient en grève à cette période.


 
Une machine étatique pour broyer la presse
Le 8 mars 2010, le Procureur de la République a requis l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre de nos confrères, le 10 mars, le juge d’instruction les a inculpés pour les faits de contrefaçon des signatures et timbres, des marques et imprimés, avec mandat de détention provisoire. Tout s’est passé comme un rouleau compresseur qui s’abattait sur les confrères, il ne fallait pas laisser le moindre temps qui pouvait changer la donne. Le juge connaissant de l’affaire les a inculpés pour des faits établis, comme le souligne le Mincom Issa Tchiroma Bakary, mais il y a un mandat de détention provisoire. On connaît déjà pourquoi ils sont écroués, alors qu’ils ne sont pas jugés, et sont en prison en tant que prévenus. Là le gouvernement de la République que défend le Mincom a fait fort. S’il n’y avait pas anguille sous roche, nous voulons que le ministre de la communication nous explique pourquoi le gouvernement vient prescrire l’ouverture d’une enquête judiciaire à l’effet de clarifier à la fois les circonstances et les causes de la mort deM.Ngota Ngota Germain Cyrille, alors qu’il y a des Camerounais qui meurent en prison chaque jour et qui sont enterrés dans l’anonymat.


 
Diversion du Mincom et flagornerie
Pour le ministre de la communication, Laurent Esso n’a pas porté plainte aux confrères, c’est plutôt le SG/PR qui l’a fait pour sauver l’institution de la République qu’il dirige, Issa Tchiroma qui sait jouer avec les mots dira lui-même qu’il a fait l’objet des tirs groupés ces derniers temps, où les confrères le traitaient même de Tchadiens, sénégalais, il ne s’est pas plaint parce qu’il s’agissait de sa personne, mais il avoue que : «Le jour où on parlera du ministre de la communication, en tant qu’institution, vous m’aurez en face de vous. » Mais le Mincom ne parle pas de la célérité avec laquelle le dossier a été traité, il ne peut pas non plus dire que c’est le SG/PR qui a précipité la fabrication du mandat d’arrêt des confrères. Par ailleurs durant les questions-réponses, le Mincom a soutenu que le pouvoir Exécutif n’influence pas le pouvoir judiciaire, or l’allure avec laquelle les choses ont bougé nous donne des frissons et donne raison aux confrères qui disent que la presse est en danger au Cameroun. Il suffit qu’un journaliste ait un problème avec une autorité, elle fera tout pour le coffrer sans le moindre souci du judiciaire. Mais Dieu n’est pas fou, le SG/PR n’imaginait pas en lançant le rouleau compresseur sur les gars qu’il y aurait mort d’homme, désormais, c’est la justice du Très haut qui parlera, comme celle des hommes a été incompétente.


Les journalistes inculpés ont écrit des lettres pour dire au SG/PR qu’ils n’ont jamais fabriqué de faux documents, lorsqu’on demande au Mincom que ces lettres soient lues, personne au Mincom ne bouge le petit doigt. Sur les conditions de détention, Issa Tchiroma, reconnaît que la prison centrale de Kondengui n’est pas un hôtel à quatre étoiles, en clair, il avoue que les Camerounais misèrent dans cette geôle et sont à la merci du diable à chaque instant.

 


Au lieu de répondre aux questions posées avec justesse, le Mincom s’est contenté de nous rappeler que le gouvernement va organiser les états généraux de la presse, où on pourra enfin parler de la dépénalisation des délits de presse. Il parlera aussi de la formation de 250 journalistes gratuitement dans les jours qui viennent et de l’organisation d’une table ronde et d’un documentaire pour les problèmes des journalistes. « Nous ne disons pas que tout est parfait mais tout est perfectible. », dira Issa Tchiroma Bakary, presqu’en larmes et débordé par la pression d’une presse aux abois, parce qu’elle n’est pas encore libre.



12/05/2010
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