Belgique: Germaine Moné "Les enfants dans les villages du Cameroun ont plus tendance à décrocher à l’école"

Belgique: Germaine Moné "Les enfants dans les villages du Cameroun ont plus tendance à décrocher à l’école"

Germaine Mone:Camer.beLors de son séjour au Cameroun en février dernier, Mme Moné Germaine a visité un établissement scolaire à Messamena, situé dans la région de l'Est. Au sortie de son entretien avec le responsable dudit établissement, celui-ci lui a demandé s’il était possible de leur envoyer des livres car leur bibliothèque était quasiment vide. C’est ainsi qu'après plusieurs réflexions Mme Moné a décidé avec quelques personnes de la Belgique de créer l'association Kalara qui signifie livre ou cahier en différentes langues Beti. Actuellement Mme Moné avec son équipe a pu rassembler autant de livres mais est bloquée pour des raisons d'expédition. Dans cet entretien accordée à Camer.be, elle fait appel à toutes les bonnes volontés travaillant dans le transport et logistique à soutenir cette action valeureuse.

Mme Moné, Bonjour! Merci de nous accorder cette interview. Vous êtes Présidente de l'association ASBL KALARA. Pouvez-vous présenter votre association aux lecteurs et lectrices?

L’asbl KALARA est une association à but non lucratif œuvrant dans le domaine de l’éducation, l’enseignement, la scolarisation des jeunes au Cameroun en particulier. Elle a été crée en Septembre de cette année. Son siège est à Bruxelles (Belgique). Nous souhaitons mettre en place dans les établissements scolaires qui le désirent et qui disposent d’un local pouvant servir de bibliothèque, des livres de tout genre. Des dictionnaires, livres scolaires, bandes dessinées, aux romans, en passant par des ouvrages sur l’apprentissage des secondes langues telles que l’Espagnol et L'Allemand au programme secondaire au Cameroun. En outre nous souhaitons permettre à des écoliers de troquer leur sac en plastique servant de cartable contre de véritables cartables. Leur offrir des crayons de couleurs et divers autres matériels scolaires.

Combien de membres compte votre association?

Nous avons 12 membres adhérents, ceux ayant payés leur cotisation de 20 euros par an.

Que signifie Kalara, le nom donné à votre association?

Kalara signifie livre ou cahier en Beti et je crois d'autres langues de Cameroun

Pouvez-vous également vous présenter Mme Moné?

Rien de spécial à dire à mon sujet. Je suis l’ainée d’une famille de sept enfants. Ancienne institutrice au Cameroun pendant 3 ans. J’ai aussi suivi des études de Psychologie à l’université de Yaoundé 1. Je suis mère de deux enfants. Je travaille à présent comme secrétaire médicale à Bruxelles. La rentrée scolaire à été pour mes parents de condition très modeste le moment le plus difficile. Je n’étais jamais certaine d’aller à l’école faute de moyen financiers. Mais cela n’empêche que j’ai voulu suivre le conseil de mon défunt père Joseph Moné Boma. Il disait toujours : « Je n’ai pas de compte en banque à vous laisser mais mon héritage c’est l’école ; c’est l’héritage qui ne se dilapide pas. Si vous allez à l’école des opportunités s’offriront à vous. » Et c’est ce que nous avons essayé de faire.

D'où est venu le déclic de créer votre association?

L’idée est née à mon arrivée en Belgique. Ensuite, lors de mon séjour au Cameroun en février dernier, j’ai visité un établissement scolaire à Messamena. Le proviseur m’a demandé s’il était possible de leur envoyer des livres car leur bibliothèque était quasiment vide. J’en ai parlé à une collègue. C’est au cours de la conversation qu’est venue l’idée de la création d’une association. Un ami étant en vacances au Cameroun m’a fait savoir qu’on lui demandait des livres dans certains établissements. J’ai pris la décision après moult réflexions de mettre sur pied cette association : l’asbl KALARA.

L'objectif majeur de votre association est d’acheminer dans des écoles de village des livres en vue de constituer des petites bibliothèques scolaires. Pourquoi précisément les villages lorsqu'on sait qu'en ville il y a bien des écoliers qui ont arrêté d'aller à l'école faute de moyens livresques?

J’ai toujours été frappé par les populations des villages, du courage des parents, qui se démènent corps et âme pour donner à manger à leur progéniture. Je les considère comme les plus faibles. Les enfants dans les villages ont plus tendance à décrocher à l’école. Dans les villages il n’y a pas ou très peu d’opportunité d’emploi. D’où l’exode rural de plus en plus massif. Il est clair que l’asbl KALARA apportera son soutien avec plaisir à un établissement scolaire en ville s’il en a besoin en fonction de nos possibilités.

Avez-vous d'autres objectifs qui vous tiennent à cœur?

L'asbl Kalara a pour objectifs de récolter des livres et des manuels scolaires, de les acheminer vers l'Afrique afin de:
- donner un accès facile aux livres et développer le goût de la lecture aux jeunes;
- fournir d'autres matériaux didactiques aux élèves et aux professeurs;
- développer, par la lecture, la créativité, l'imagination et l'échange;
- offrir aux élèves et aux étudiants, un large éventail de sources livresques indispensables dans la rédaction de leurs travaux scolaires
- être pour les parents un appui complémentaire dans leur rôle d’éducateurs

En dehors des livres, quels sont les autres matériels scolaires que vous distribuez dans les écoles de village?

Nous récoltons en outre, des cartables, des stylos, lattes, gomme crayons, crayons de couleurs, taille crayons, trousses (plumiers),ardoises, cahiers, équerre, compas, de grandes cartes scientifiques bref tout ce qui est utile dans une école

Comment est organisé l'acheminement des matériels scolaires vers les villages?

Un bureau composé de deux personnes représente l’association au Cameroun. Nous comptons les acheminer par voie maritime. Les représentants ont donc pour rôle l’acheminement jusque dans les villages : Akoumou, Messamena, Pekwam-Baham, Soa. pour ne citer que les premiers établissements avec lesquels nous sommes en contact et qui attendent nos dons.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour les acheminer?

Le transport du matériel revient très cher : 300 euros environ pour 1m³ déposé à Yaoundé. Nous avons environ 4m³de matériel. Et on n’en reçoit encore. Mais les dons financiers ne suivent pas. Nous ne recevons pas de subsides. Bref nos caisses ne remplissent pas au même rythme que notre local de stockage. Voici notre grande difficulté pour le moment.

Avez-vous un message particulier à adresser aux opérateurs et opératrices économiques?

Face à ce problème de transport nous venons demander du soutien aux différents opérateurs économiques, aux grandes ONG, aux camerounais, aux belges, à ceux qui travaillent dans le transport maritime. Nous venons faire appel à leur générosité. Bien que le monde soi devenu un village planétaire, je ne peux malheureusement pas faire parvenir ces dons d’un coup de baguette.
Nous avons besoin de partenaires financiers, de généreux donateurs qui croient en nos objectifs et veulent contribuer à leur réalisation. Nous avons besoins de membres adhérant à notre projet social. Comme dit le proverbe : « Une seule main ne peut attacher un fagot de bois. »

Admettons que vous ne recevez pas d'aide, quelles sont les activités ou produits que vous avez créés pour vous auto-financer?

Les droits d’adhésion des membres de l’ASBL sont un grand apport financier pour le projet. Nous avons en outre conçu des marque-pages que nous vendons afin de renflouer petit à petit nos caisses. Mais cela ne couvrira certainement pas tous les frais de transport. Nous avons également envisagé d’organiser une soirée culturelle camerounaise avec quelques artistes et plats typiques pour mieux faire connaitre le Cameroun et sensibiliser les gens à notre cause.

Ne pensez-vous pas qu'il est mieux de collecter de l'argent, l'envoyer à vos représentants au pays et leur rôle serait d'acheter du matériel surplace? En le faisant ainsi vous soutenez l'économie locale. Qu'en pensez-vous?

Je suis tout à fait d’accord avec vous. Il est néanmoins plus facile de récolter des livres que de l’argent. Les gens se méfient quand on leur demande de but en blanc de l’argent. Demander des livres qui ont marqué positivement leurs donateurs et qu’ils considèrent comme la base d’une éducation littéraire est plus facile, plus transparent. La preuve est que nous manquons d’argent pour le transport de notre matériel. En outre, il n’y a pas de bibliothèques au Cameroun, pas même dans certains collèges huppés de Yaoundé ou Douala. L’idée a déjà été abordée lors d’une réunion, mais on s’est rendu compte qu’acheter des livres sur place reviendrait beaucoup plus cher. Nous n’écartons pas l’éventualité, si nous en avons les moyens de pouvoir utiliser cette formule, en ce qui concerne le matériel scolaire dans l’avenir.

Un dernier mot

A mes frères et sœurs camerounais je dirais simplement : n’oublions pas nos enfants en Afrique. Ils ont besoin de nous. Merci à tous ceux qui œuvrent et donnent de leur temps dans des projets sociaux. Je remercie Camer.be pour l’opportunité que vous nous donnez de pouvoir nous faire connaitre.

Comment vous contacter?

Vous trouverez nos coordonnées sur le site de l’asbl : www.asbl-kalara.org    Par email : germaine.mone@asbl-kalara.org

© Camer.be : Propos recueillis par Lydie Seuleu


01/12/2010
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