Barrage de Memve'ele: Les indemnisations provoquent des conflits sanglants

YAOUNDÉ - 30 Aout 2012
© Albert Nna | L'Actu

Les riverains déguerpis depuis des mois refusent de partir du site, Dieudonné Bisso, le directeur du projet et le Pasem, sont au banc des accusés.

Les populations du petit village de Nsebito'o par Nyabizane étaient en larmes dans la nuit de mardi, 28 août dernier. Evina, un jeune homme avoisinant la vingtaine, natif dudit village, a froidement abattu trois membres de sa famille (sa grand-mère, sa tante et son oncle), à l'aide d'un fusil de chasse. Selon des témoignages recueillis auprès des villageois quelques heures après ce drame, le jeune homme aurait réclamé à l'oncle la quotte part des indemnisations perçues après les recensements sur le site de Memve'ele. «ll n'a pas reçu ce qu'il réclamait. Après des prises de bec avec les membres de la famille, il est allé ramasser son fusil et a commis l'irréparable». témoigne Mindja Mindja, un proche de la famille.

Depuis des mois, dans la zone de Ma’an, l'on enregistre des conflits ouverts au sein des familles à cause des mésententes sur la répartition des fonds issus des Indemnisations. «Je ne salue plus aujourd'hui mon cousin qui estime qu'une partie des fonds que j’avais perçus dans le cadre des Indemnisations lui revenait. Il m'a déjà promis la mort plus d'une fois», relate Guy Meto’o, natif d'Ekpellé. Les centaines de riverains appelés à déguerpir du site du futur barrage de Memve'ele ont reçu de l'argent liquide.

L'on se souvient encore de Célestin Mbono, ce père de famille sexagénaire, complètement ivre devant la préfecture d'Ambam et qui brandissait devant des passants médusés, une trentaine de millions de FCFA en coupures de 2000 et de 10.000F CFA. De la pure folie pour ces riverains qui ont, pour la plupart, investi ces sommes d'argent dans l'alcool, le sexe, des ripailles familiales, des mariages et l'achat de vieilles voitures. Mais, très peu dans le logement.

Samson Ndong Ela et Lavenir Essouma, respectivement maire et sous-préfet de Ma’an avaient d'ailleurs déploré au mois de février 2012, «l'absence d'un plan d'accompagnement social des bénéficiaires des fonds issus des indemnisations». Evoquant par la même occasion, le rôle ambigu du programme d'aménagement social économique (Pasem) mis sur pied par le directeur général du projet, Dieudonné Bisso, «qui n'a pas voulu associer la société civile et les maires dans la campagne des indemnisations», déplore une élite de Ma’an.

C'est qu'en réalité, les indemnisations en espèce à Memve'ele, validées par le directeur du projet, sont aujourd'hui un échec, parce que «les villageois qui n'ont pas été encadrés et qui devaient bénéficier d'un bon suivi dans l’utilisation des fonds, ont dilapidé des sommes d'argent dans des futilités. En outre, le pasem qui devait axer son action sur la construction des infrastructures et le recasement des riverains ne l'a pas fait», s'indigne un conseiller municipal de la commune de Ma’an. Aujourd'hui, non seulement aucun site n'a été aménagé pour recaser les riverains (comme ça été le cas Pour Lom Pangar), mais «les riverains appelés à déguerpir du site sont toujours en place», constate avec amertume Essono Essono.

Selon l'instituteur, «même les appels lancés par le sous-préfet de Ma'an à ces riverains sont inutiles, parce qu'ils ne vont pas s'exécuter». Il est temps que le directeur, du projet de Memve’ele et du Pasem, Dieudonné Bisso, et le préfet de la Vallée du Ntem, Franklin Etapa, président du comité des Indemnisations, agissent avant qu'il ne soit trop tard.




30/08/2012
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