Baromètre: La cause de Marafa entendue ?

YAOUNDE - 02 Avril 2012
© Serges EKOUMOU | L'Indépendant

L'ancien ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation n'a pas été désigné pour aller parler au nom du parti à Garoua. Rien de surprenant.

Ya pas meilleur baromètre de la côte de confiance des barons du régime que leur désignation dans l'une des délégations, que se soit au sein des commissions départementales lors des campagnes électorales, ou alors lors des renouvellements des organes de base du parti. D'année en année, on s'est aperçu que, dès lors que le nom d'un fonctionnaire figurait sur ces listes tant convoitées, celui-ci pouvait s'attendre, dans les mois qui allaient suivre, à une promotion spectaculaire, parfois même à une entrée au gouvernement. En même temps, on a également découvert que l'absence d'un nom de personnalité était signe avant coureur d'un limogeage imminent. Tout récemment, le Rdpc a publié sa fameuse liste de membres devant parler au nom du parti à l'occasion de son 27ème anniversaire et, comme on pouvait s'en douter, nous nous sommes retrouvés avec à la fois des éclats de rire, et des grincements de dents.

C'est ainsi que de nombreux barons et personnes bien en vue du régime ont, à ce jour, perdu le sommeil, parce que, en dépit de toute l'agitation à laquelle ils se livrent, leurs noms ont été écartés. Leurs noms n'ont donc pas apparu dans les commissions et délégations constituées par le secrétariat général du parti. C'est le cas de Marafa Hamidou Yaya, qui avait, en décembre 2010, été le président de la commission régionale pour le Nord, dans le cadre du lancement de la campagne d'intensification des inscriptions sur les listes électorales. On s'est même rendu compte que Marafa a été «numériquement» remplacé à Garoua I par Amadou Elhadji Bouba. Quelques temps auparavant, il a fait une descente fort applaudie le 9 février dernier à Garoua «pour remercier la base du Rdpc et des partis alliés qui ont pris part à la victoire du candidat du Rdpc à la dernière élection présidentielle [et] mobiliser [cette] base dans la perspective des échéances futures, les législatives et les municipales».

Pour les observateurs, la cause du fils de Bibemi est entendue, comme ce fut le cas de Désiré Engo qui n'était plus très aimé au sommet du parti. D'ailleurs, s'agissant particulièrement de l'ancien ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, les esprits lucides voyaient venir les choses. L'on l'avait déjà soupçonné de vouloir se présenter à l'élection présidentielle d'octobre 2011 sous la bannière du Rassemblement démocratique des modernistes camerounais (Rdmc), après avoir démissionné du Rdpc. A défaut de se présenter sous cette bannière, d'autres sources indiquaient qu'à défaut de cette piste, il envisageait créer un parti politique avec un certain Me Harrissou, un ancien cadre de l'Udc. Ce nouveau parti politique était sensé regrouper certaines personnalités du Grand Nord. Plus grave, le nom de Marafa Hamidou Yaya, membre du Bureau politi4ue du Rdpc est revenu dans une affaire de rencontre sécrète entre lui et Vincent Bolloré à Garoua. Les mauvaises langues avaient à l'époque indiqué qu'au terme de cette rencontre qui se serait déroulée du 10 au 15 février 2011, le richissime homme d'affaires français aurait réaffirmé tout le soutien de la droite française à Marafa Hamidou Yaya, avant de rassurer son interlocuteur sur les mécanismes secrets qui seront mis en œuvre pour ne pas permettre au président Paul Biya de se présenter à l'élection présidentielle d'octobre 2011.

Parallèlement, un autre plan macabre, visait à contraindre le régime de Biya d'organiser une élection présidentielle à 2 tours, qui consacrerait le départ de Paul Biya du pouvoir, à l'instar de la Côte d'Ivoire, et récemment du Sénégal. De même, un coup de force politique avait été prévu avant la fin de la session parlementaire qui se tenait à la veille de l'élection présidentielle, ceci pour empêcher la candidature du président national du Rdpc. Tout compte fait, le cas Marafa Hamidou Yaya fait davantage jaser dans les salons huppés de la capitale, avec en filigrane l'affaire Yves Michel Fotso.



09/04/2012
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