Banqueroute: Le Chantier naval en cessation de paiement

DOUALA - 14 FEV. 2013
© Blaise-Pascal Dassié | Le Messager

Une décision du Conseil d’administration entérine l’évaluation de l’entreprise et son éventuelle restructuration.

La 105è session du Conseil d’administration du Chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic) s’est tenue le 30 janvier 2013 sous la présidence de Louis-Claude Nyassa, son président. Au cours de ladite session, le Conseil d’administration a décidé de mettre en place un comité d’évaluation et de restructuration dirigé par le directeur général adjoint du Cnic assisté du commissaire aux comptes. Selon la résolution no 001 /13/ Ca/ Cnic en effet ,« cette évaluation portera sur l’évolution de la société durant les cinq derniers exercices (2008-2012) sur le plan comptable, financier, commercial, technique et des ressources humaines et proposera des mesures correctives sur les différents chapitres ». En plus, « le rapport sera soumis au Conseil d’administration du jeudi 14 mars 2013. Par conséquent, l’examen du plan stratégique 2013-2017 du programme d’activités et du budget 2013 ainsi que l’organigramme est renvoyé à ce même conseil du jeudi 14 mars 2013 ».

En langage clair, le Chantier naval est au bord du précipice, s’il n’y est déjà ! Un expert français, ancien directeur de la production au Cnic appelé à la rescousse a d’ailleurs dressé un diagnostic des plus alarmistes. On y apprend que l’entreprise peine aujourd’hui à payer les salaires de ses personnels à date (au moment où nous écrivions ces lignes, ceux du mois de janvier 2013 n’étaient toujours pas payés). Par ailleurs le Cnic est pratiquement en cessation de paiement avec un chiffre d’affaires d’environ 6 milliards Fcfa et une masse salariale de plus de 5 milliards Fcfa. Et ce n’est pas tout. Selon le diagnostic de l’expert, la dette sociale a atteint un niveau record, égalant le capital de l’entreprise qui est de 15 milliards Fcfa (selon les experts, on devrait parler de faillite); si on y ajoute l’insuffisance des stocks et la surévaluation des équipements, un personnel pléthorique (entre 2011 et 2012, 109 embauches ont eu lieu alors qu’il n’y avait pas d’activités), des salaires trop élevés par rapport aux services rendus, toutes chose pointées du doigt par l’expert français, on comprend mieux dans quel pétrin se trouve l’entreprise.

La cause est, selon cet ancien directeur de la production qui connaît bien la maison, entendue. Puisque comme traitement de choc, outre le dégraissage du personnel (selon des statistiques non officielles, 830 agents travailleraient au Cnic là où seulement 200 suffiraient), l’expert français propose de remettre tout à plat (arrêt complet des activités du Cnic) et de mettre sur pied une nouvelle entité.


Instructions internes

Contacté par Le Messager hier mercredi 13 janvier 2013 pour éclairer la religion des lecteurs sur cette actualité concernant l’entreprise dont il préside aux destinées, le président du Conseil d’administration du Cnic, Louis-Claude Nyassa, n’a pas souhaité se prononcer sur le sujet. S’il précise qu’il s’agit « d’instructions internes qu’il ne saurait commenter publiquement », le Pca suggère au reporter de se rapprocher de la direction générale de l’entreprise. Un proche collaborateur du directeur général, Antoine Bikoro Alo’o, joint hier au téléphone se borne à dire que, « le comité d’évaluation et de restructuration est à pied d’œuvre et la copie sera rendue à date ».

Le Chantier naval industriel du Cameroun connaît depuis 2008 de graves problèmes de gestion. Depuis, un climat délétère règne au Cnic provoquant une baisse drastique du chiffre d'affaires qui passe de 40 milliards de Fcfa à environ 6 milliards de Fcfa aujourd’hui, tandis que l'absence de sérénité au sein du Cnic chargé de la construction du yard pétrolier de Limbe (Sud-ouest Cameroun), a amené la Banque africaine de développement (Bad) à suspendre les décaissements relatifs à ce projet dont le coût est estimé à environ 150 milliards de Fcfa. La succession des directeurs généraux étrangers dont les missions principales étaient de maintenir le climat social, revaloriser les salaires de près de 30% et… permettre au Chantier naval et industriel du Cameroun de s’atteler véritablement aux tâches d’exploitation en vue de renouer avec la croissance n’a pas pu relever la barque. Au moment où les employés du chantier naval et industriel du Cameroun revendiquent à cor et à cris l’assurance maladie, le paiement du 13è mois, les avancements, les gratifications et le reclassement.



14/02/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres