Balance des paiements : le Cameroun chroniquement déficitaire


Minefi01. Commerce extérieur : la dépendance au pétrole
Le solde de la balance commerciale indique la place du pays dans les échanges internationaux, ses spécialisations ou avantages comparatifs, voire sa compétitivité. Selon l’exposé de M. Amang, chef de la division de la balance des paiements au ministère des Finances, l’évolution de la balance commerciale (ou des biens) est toujours restée déficitaire entre 1996 et 2009.

 

Connaissant tout de même une légère amélioration entre 2005 et 2007. Une lecture des résultats fait ressortir que de 1996 à 2000, le taux de couverture des importations par les exportations a été en moyenne annuelle de 124%. Il est de 96,4% entre 2001 et 2009. Cela veut dire en clair que les importantations ont été plus importantes que les exportations. Hors pétrole, ce taux de couverture a été en moyenne annuelle de 76% entre 1996 et 2009. En somme, « la dépendance de l’économie camerounaise au pétrole et au cours mondial du baril s’est considérablement accentuée », soulignent les résultats.

En fait, le pétrole représente 40 à 50% en moyenne annuelle de la valeur du commerce extérieur du Cameroun, soit 50% des exportations des biens et 29% des importations. La hausse du cours du baril de pétrole en 2006 a permis de dégager un excédent commercial de 220 milliards Fcfa. Mais, en 2009, le déficit a été de 876 milliards Fcfa, contre 647 en 2008 et 442 milliards Fcfa en 2007. En dépit de quelques évolutions, la structure des exportations est, en 2009, restée relativement stable par rapport à celle de 1996 et se caractérise par une forte concentration sur quelques produits primaires.

Par ailleurs, les achats des produits énergétiques, alimentaires et de ceux des industries agricoles, sylvicoles et piscicoles ont contribué à l’accroissement de la valeur des importations. Cela peut se traduire par la forte dépendance de l’économie vis-à-vis de l’extérieur en matière des biens intermédiaires et d’équipement, ainsi que dans les produits alimentaires. Tenez par exemple : les dépenses d’importation dans l’alimentation, les boissons et le tabac constituaient 12,8% en 2006 contre 10% entre 1995 et 1999 et 11,4% entre 2000 et 2004. Au cours de l’année 2009, les importations ont enregistré, par rapport à 2008, des baisses de 10% de leur volume et de 19% de leur valeur. Les importations des poissons congelés représentent ainsi 112 milliards Fcfa contre 78 milliards Fcfa en 2008). Pour le riz, on est à 118,6 milliards (contre 113 milliards en 2008 et 9% d’augmentation des quantités).

2. Compte courant : pays importateur net des services

« Au vu des statistiques, la balance des services est chroniquement déficitaire », peut-on lire dans la rubrique qui ouvre les résultats du compte courant de la balance des paiements du Cameroun depuis 1996. La conséquence est que le pays est classé « importateur net des services ». Entre 1996 et 2003, ce déficit a connu un solde oscillant entre 170 milliards Fcfa et 335 milliards Fcfa. Et depuis l’année 2004, il est continuellement en hausse et a atteint 527 milliards Fcfa en 2008. Il se singularise par l’absence de recettes sur le transport des passagers par voie aérienne, l’apport des recettes de services de la Cameroon oil transportation company (Cotco), déclarées à hauteur de 189 milliards Fcfa. Il faut remarquer que le fret et les activités connexes représentent 70,1% des dépenses et 33,9% des recettes des services, tandis que jusqu’en 2008 le transport des passagers a fait 9,6% des dépenses contre 36,9% des recettes. Le déficit se fait ressentir dans les domaines divers. Dans la branche des assurances par exemple, le solde déficitaire depuis 2003 continue de s’accroître et le volet « réassurances » contribue en moyenne annuelle à 51% de ce déficit.

Les analyses du compte courant font également ressortir un déficit dans la balance des revenus. Le point d’achèvement de l’initiative Ppte justifie depuis 2006, le niveau de service de la dette extérieure. Mais, son solde reste déficitaire. Du fait surtout des dividendes versés à l’extérieur, des intérêts payés sur la dette extérieure du secteur privé et de la comptabilisation des engagements induits par les bénéfices réinvestis ou en attente d’affectation. Seuls points positifs dans ce tableau sombre : les transferts courants qui affichent une courbe ascendante. La bonne santé des transferts courants publics est due à un meilleur recouvrement des impôts (taxe sur les revenus payés aux non résidents). Quant aux transferts privés, ils enregistrent depuis 1995 des excédents suite au retournement de tendance des envois de frais des travailleurs et grâce à l’effet « Western union ». Mais, cela n’a pas fondamentalement changé les résultats de cette rubrique. En somme, hors transferts publics, le déficit du solde du compte courant est passé d’environ 180 milliards Fcfa en 1996 à quelque 556 milliards Fcfa en 2009.

3. Balance des capitaux : enfin un solde positif

Malgré une baisse de 30% du volume des transferts de capitaux reçus, le compte de capital et d’opérations financières a affiché en 2008 un solde positif de 284,5 milliards Fcfa contre 223 milliards Fcfa en 2007. Ce qui fait un accroissement de 20,3% résultant de l’augmentation de 57,5% du solde excédentaire du compte financier. De 2002 à 2008, la balance des capitaux est passée de 42,5 milliards Fcfa à 65,6 milliards Fcfa. Le compte de capital reste influencé depuis 2006 par les dons induits par les allègements de la dette publique extérieure. Les investissements directs étrangers (Ide) demeurent quant à eux limités à environ 11 milliards Fcfa enregistrés en 2008 contre 91,5 milliards Fcfa en 2007. De son côté, le compte financier dégage un solde positif de 306,6 milliards Fcfa en 2008 contre 222,5 milliards Fcfa en 2007. Par contre, les flux des Ide entrants ont une évolution irrégulière. De 1992 à 1995, ils sont négatifs et traduisent une phase de désinvestissement. Puis, il y a une reprise avec, en 2002 un pic qui correspond aux investissements effectués dans le cadre des travaux de construction du pipeline Tchad – Cameroun. Mais, depuis, ces flux évoluent en dents de scie. La résorption du déficit du compte d’opérations est effective depuis l’année 2000.

Tous les résultats présentés ci-dessus permettent de tirer certaines leçons. Le Cameroun a besoin de politiques économiques idoines en termes de politique agricole, des industries de transformation, pharmaceutiques, etc. Au niveau de l’économie réelle, le pays reste fortement dépendant des prix extérieurs (pétrole et produits primaires). On note également que l’absence d’un capital économique national de grande envergure a facilité les multinationales dont les filiales s’approvisionnent peu sur le marché au profit de contrats d’assistance technique ou d’achats à l’étranger. D’autres incidences ont lieu sur le secteur monétaire et financier, les finances publiques. En conclusion, la politique de stabilisation macroéconomique a donné des résultats encourageants, notamment en ce qui concerne la réduction de la dépense publique voire de l’absorption par rapport au revenu national brut disponible. Mais, il faut retenir que les réformes structurelles n’ont pas encore débouché sur une véritable expansion économique à travers un attrait conséquent des investissements directs étrangers susceptibles d’accroître la productivité de l’économie, et à même de lutter contre la pauvreté.



05/09/2010
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