Au tribunal: Titus Edzoa protège Paul Biya

YAOUNDÉ - 16 Janvier 2012
© Eitel Elessa Mbassi | Le Jour

L’ancien Sg/Pr invoque le droit de réserve sur les questions concernant le chef de l’Etat, ce qui entraîne le courroux des avocats de l’Etat du Cameroun. C’était vendredi dernier. Titus Edzoa: «Je suis tenu par le droit de réserve et le devoir de réserve, je ne peux pas vous en dire plus».

Me Ngo Byniogo, avocate de l’Etat du Cameroun, l’une des parties au procès (l’accusation) dans l’affaire Titus Edzoa, en avait déjà marre d’écouter la même réponse de l’ex Sg/Pr, Titus Edzoa. «Je suis tenu par le droit de réserve et le devoir de réserve, je ne peux pas vous en dire plus». L’avocate avait entendu cette réplique deux fois pendant le contre interrogatoire du parquet, trois fois lorsque son collègue, Me Bell Hagbe, a entamé le même exercice pour le compte de l’Etat du Cameroun.

Lorsqu’elle a pris la parole à la suite de Me Bell Hagbe pour poursuive le contre interrogatoire de la partie civile, axé sur les lettres que le président du comité d’organisation du sommet de l’Oua avait envoyées aux directeurs généraux des sociétés pour leur contribution à cet événement, elle a encore entendu la fameuse réponse et elle n’en voulait plus. La deuxième fois que l’accusé Titus Edzoa a évoqué le droit de réserve, elle s’est emportée en avançant que «le chef de l’Etat est impliqué dans ce dossier, vous n’allez pas continuer à vous réfugier derrière votre droit de réserve ou je ne sais quoi…». L’assistance est médusée.


Paul Biya

Marie Nnomo Zanga, la présidente du Tribunal, allume aussitôt son micro après ces propos: «Nous ne sommes pas dans le procès du président de la République ici». La collégialité semble embarrassée par cet incident. Le juge Batoum qui copréside les débats de cette affaire prend également la parole. «La loi camerounaise reconnait à certaines personnes le droit et le devoir de réserve. Et le Tribunal en tirera les conséquences pendant les délibérations, s’il constate que cette personne est habilitée à convoquer le droit de réserve ou pas. Mais, nous ne pouvons pas laisser qu’on vienne parler du président de la République ici. Nous ne sommes pas dans une haute Cour de justice», argue le juge Batoum. Volant au secours de sa collègue qui a dû se rasseoir après cet incident, Me Bell Hagbe estime que ce qui s’est passé «est un détail de prétoire» et que l’attitude du Tribunal n’est pas équitable.

En effet, dès sa première prise de parole (son prologue), Titus Edzoa avait indiqué qu’il ne répondrait pas aux questions qui concernent le chef de l’Etat. Comme celle à propos de la société qui a financé le sommet de l’Oua sur instruction du président de la République. Il n’en dévoilera pas le nom parce que «tenu par le devoir de réserve».

Me Ngo Byniogo n’en avait cure. Elle voulait une réponse claire à son interrogation. «Est-ce que le chef de l’Etat a validé qu’une entreprise comme la Société de recouvrements et de créances (Src), dirigée à l’époque par Emmanuel Etoundi Oyono, contribue à hauteur d’un milliard pour l’organisation du 32è sommet de l’Oua alors qu’elle devait rembourser les personnes sinistrées de banques?», interroge l’avocate. Silence. «Droit de réserve».





16/01/2012
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