Au tribunal Olanguena : lumière sur un écran de fumée

Lundi, 02 Août 2010 10:32 Jean-Pierre BITONGO
 

urbain-olanguena-awonoLes avocats de l’ex ministre de la Santé publique ont rencontré la presse jeudi dernier à Yaoundé. Pour eux, le dossier judiciaire de leur client est vide.

 

Comme nous l’annoncions dans notre édition de mercredi dernier, de nombreux curieux venus assister à la 7ème audience de l’affaire, ont assisté à une joute oratoire sans précédent entre deux inspecteurs d’Etat : l’élève Gilbert Bayoï, le témoin de l’accusation, et le maître qui n’est rien d’autre que l’ex-ministre de la Santé publique M. Urbain Olanguena Awono.  L’audience qui a duré plus de trois heures d’horloge, a permis au principal accusé  d’interroger l’auteur du rapport ayant déclenché la procédure judiciaire. Pour le moins, Gilbert Bayoï, quoique tenace, a eu du fil à retordre au point où l’assistance a pensé qu’il était à bout de justifications. Les questions posées par Urbain Olanguena Awono au chef de mission du Contrôle supérieur de l’Etat, ont à nouveau mis en évidence l’absence de fondement des accusations.

Après donc cette audience, le Collectif des avocats de la défense de l’ex-Minsanté, conduit pour la circonstance par Me Antoine Mong, a donné un point de presse dans un hôtel non loin du palais de justice de Yaoundé. Question de bien informer l’opinion sur le déroulement de la procédure en cours et d’affirmer leur détermination à « faire respecter le droit à la justice » de leur client qui a déjà passé 28 mois en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé avec cinq de ses ex-collaborateurs.

Le fondu enchaîné

Concernant la première accusation portant sur le détournement de 200 millions de Fcfa et la tentative de détournement de 60 millions Fcfa, somme correspondant à une subvention autorisée par l’ex-ministre en faveur de l’Association camerounaise de marketing social, il est reproché à Olanguena d’avoir violé la réglementation de marchés publics. Selon ses avocats, « il est difficile de trouver un sens à ce reproche », parce que « l’Etat ne passe pas de marchés publics avec les Associations et Ongs ».

Quant à la deuxième accusation, Olanguena est accusé d’avoir payé à des Associations 122 millions de Fcfa pour des dépliants « non livrés ». Pour Me antoine Mong, leur client n’a fait que respecter les engagements de l’Etat du Cameroun dans le cadre des financements internationaux. « On est dans l’aberration absolue », martèle-t-il.  Pour ce qui est du livre Le sida en terre d’Afrique : l’audace des ruptures d’Urbain Olanguena paru en 2007, il lui est reproché d’avoir fait supporter les 11 millions de la production par le Comité national de lutte contre le sida. Le témoin de l’accusation ne va donner aucune preuve matérielle. « Cette accusation est fallacieuse et archi-fausse », estime le Collectif. Indiquant qu’en droit de la propriété intellectuelle, « toute charge financière de la production et de la diffusion du livre est supportée par l’éditeur engagé dans un contrat d’auteur ».

Concernant la livraison fictive de moustiquaires, synonyme d’un détournement de 80 millions, Gilbert Bayoï  se coince, avouant la légèreté dans leur recoupement. « L’accusation ne dispose de rien pour établir un lien quelconque entre l’escroc Soué Mbella (ce dernier n’a jamais comparu, Ndlr) et notre client », expose les avocats de la défense d’Olanguena.

En définitive, ils tranchent que « le dossier est vide », regrettant que « le Contrôle supérieur d’Etat, sur la base d’un rapport malveillant, fait d’affabulations, supputations et des analyses non investiguées, ait induit l’Etat en erreur ». Pour eux, « il est temps d’arrêter cette mascarade et d’en sortir par le haut à travers un procès équitable ».  Aussi n’ont-ils pas omis de jeter un discrédit sur le Contrôle supérieur de l’Etat.

 

Jean-Pierre Bitongo



03/08/2010
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