Au commencement étaient les promesses électorales

Par robert.ngono.ebode | Mardi 13 avril 2010 | Le Message

L
orsque le président de la République, Paul Biya, se lance en campagne dans les provinces du Centre, Sud et Est pour briguer un mandat présidentiel en 1992, il fait un certain nombre de promesses aux populations, notamment la construction de certains axes routiers pour désenclaver cette partie du pays. Et le 8 juillet 1994, par Arrêté présidentiel n°142/Cab/Pr, le Comité de pilotage et de suivi des projets de construction des axes routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua, en abrégé COPISUR, est créé par le président de la République. C’est une entreprise publique camerounaise créée en toute constitutionnalité qui avait pour missions entre autre « la conception générale des projets et de la coordination des études y afférentes, la recherche et la sélection des entreprises susceptibles de participer efficacement à la bonne exécution des projets, la mobilisation et la définition du planning de mise en disposition des ressources nécessaires à la bonne exécution des projets, la coordination et le suivi des travaux d’exécution des projets ». En son article 2, l’arrêté présidentiel stipule que « dans le cadre de l’accomplissement de sa mission, le COPISUR dispose des pouvoirs les plus étendus et rend régulièrement compte au président de la République ».

La mise en place de ce comité posait déjà problème à l’époque car, le Cameroun, comme plusieurs pays du monde, traversait une période de forte récession économique marquée par l’alourdissement de la dette de l’Etat vis-à-vis des entreprises, notamment celles du secteur des travaux publics. La diminution des recettes fiscales et douanières, suite à la délocalisation de certaines multinationales du secteur du bâtiment et travaux publics, du fait du non paiement de leurs créances par l’Etat. Une baisse drastique du produit intérieur brut de l’ordre de 30% entre 1985 et 1993, la dégradation du réseau routier national, faute de moyens d’entretien adéquat et, à fortiori, l’incapacité de mobiliser des fonds extérieurs pour la construction d’axes routiers de grand intérêt, ou encore la signature de conventions de compensation et de règlement définitif de créances entre l’Etat et de grosses entreprises créancières, afin de résorber la dette intérieure et satisfaire les conditionnalités exigées par le Fmi et la Banque mondiale.

Conflits lavés

Cette super structure, qui devait désormais rechercher des fonds pour la réalisation de ses activités, venait pour ainsi dire mettre à nu les défaillances des structures qui existaient déjà dans ce domaine, en l’occurrence la Direction générale des grands travaux, ou encore le ministère des Travaux publics qui laissaient croire qu’il « était quasiment impossible de mobiliser pareille somme d’argent » auprès des partenaires. Et pourtant, le COPISUR a élaboré et obtenu des lignes de financement. Toutes choses qui devaient crédibiliser le comité et attirer les faveurs de Paul Biya, qui avait d’ailleurs approuvé le mécanisme de financement de ces projets. « Les discussions ont été entreprises avec le ministère de l’Economie, des Finances et du budget, le ministère des Travaux publics et d’autres structures étatiques d’une part, et d’autre part avec le bureau d’études des sociétés pétrolières regroupées au sein d’un groupement », peut-on apprendre du procès-verbal d’interrogatoire au fond du 20 décembre 2004. Et toujours dans ce procès-verbal, Thierry Atangana explique : « lors de mon arrestation, il m’ a été dit au cours des enquêtes que le comité était une structure fictive, ou alors une structure créée par Edzoa Titus aux fins de détournement de deniers publics ».

Le COPISUR, qui regroupait en son sein les représentants de l’administration et ceux des entreprises créancières du Cameroun, avait pour président Thierry Michel Atangana, représentant le groupe Jean Lefèbvre, et pour vice-président Dieudonné Ambassa Zang, représentant de l’administration. Une composition constatée par l’arrêté présidentiel. « Ceux qui ont voulu entretenir le flou sur la nature du COPISUR sont ceux-là même qui bafouent les prescriptions présidentielles. Un président de la République ne peut pas prendre un acte et que du jour au lendemain, que certains de ses collaborateurs estiment que cet acte ne valait pas la peine d’être pris, ou alors dénient tout la légitimité de celui-ci, il y a matière à réfléchir et le président doit tirer les conclusions qui s’imposent », rapporte une source proche de ce procès.



13/04/2010
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