Assemblée nationale: les députés contre le contrôle des dépenses présidentielles

Assemblée nationale: les députés contre le contrôle des dépenses présidentielles
(La Nouvelle Expression 18/06/2010)


Les députés réunis pour leur deuxième session annuelle viennent de rejeter une proposition de loi relative au contrôle de l’action du président de la République, initiée par le Sdf.

Siégeant en conférence des présidents en début de semaine, les députés presque tous du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), ont rejeté, après une séance qu’on dit houleuse, une proposition de loi portant création d’une Cour des comptes et de contrôle des dépenses de la Présidence de la République. Une issue qui a provoqué la stupéfaction chez les parlementaires de l’opposition, particulièrement dans le groupe du Social democratic Front (Sdf).

Cette proposition est déposée sur la table des députés par le leader de l’opposition camerounaise à travers son vice président du groupe parlementaire, le député de Wouri Est, Jean Michel Nintcheu, depuis la session de novembre 2009. Il prenait alors opportunément prétexte d’un rapport que le Comité catholique contre la faim et pour le développement (Ccfd) venait de publier sur la fortune du président Paul Biya. Et surtout des révélations faites après le séjour du président de la République du Cameroun à La Baule en France quelques mois auparavant. Le journaliste d’obédience catholique qui faisait écho de cette information, avait levé un pan de voile sur les centaines de millions que le président camerounais et sa suite avait engagés en moins de quelques jours de cette ballade hexagonale.

Pour justifier la pertinence d’un tel texte, le vice président du groupe parlementaire du Sdf fait remarquer que «’l’Etat impose aux entreprises publiques, parapubliques ainsi qu’aux ministères et assimilés des règles de bonne gouvernance. Des contrôles permanents de comptes qui sont par ailleurs sanctionnés par des rapports, y sont effectués par des instances telles que la Conac, le ministère chargé du contrôle supérieur de l’Etat et la Chambre des comptes ».

Mais l’élu du peuple dénie à ces structures la compétence de mener ce type de contrôle à la présidence de la République. Pour la simple raison que toutes ces instances de contrôle dépendant directement de la présidence de la République « ne disposent pas de véritables pouvoirs de contrôles et de publication de comptes de la présidence de la République. La création d’une cour des comptes, soutient-t-il avec force, en lieu et place d’une Chambre des comptes (inféodée à la Cour suprême, ndlr), s’avère par conséquent fondamentale ».

Le Sdf trouve surtout paradoxal et scandaleux que « les crédits alloués par le parlement à la présidence de la République n’ont jamais fait l’objet d’un contrôle par ce même parlement a posteriori. Et parce qu’il s’agit de l’argent de nos concitoyens, la règle de bonne gouvernance doit s’appliquer au budget de la Présidence afin que l’exigence de transparence concerne l’ensemble de nos finances publiques ». Dans une déclaration rendue publique au lendemain du rejet de cette proposition de loi, Jean Michel Nintcheu dit craindre « que la persistance du blocage systématique à l’Assemblée nationale de toutes les propositions de rénovation et de modernisation de notre vie publique en en général et de nos institutions en particulier ne soit à court ou moyen terme un des déclencheurs de la révolte populaire ».


par David Nouwou

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19/06/2010
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