Assassinat du Magistrat Biakan A Ngon – Un an après: Le dossier judicaire aux oubliettes?

DOUALA - 20 Février 2012
© Jean-François CHANNON | Le Messager

Les membres de la famille cherchent toujours à comprendre ce qui est arrivé à leur fils et frère. La justice ne répond pas. Du moins pas encore…Une même question taraudait les esprits: qui a tué le magistrat Biakan à Ngon et pour quelles raisons?

Vendredi 17 février 2012, cela a fait un an que le magistrat hors hiérarchie Biakan à Ngon Jeannot, précédemment avocat général près de la Cour suprême, a été assassiné à son domicile sis au quartier Obobogo à Yaoundé. Le crime a eu lieu aux environs de 20h30 ce triste soir-là. L'homme de lois avait regagné son domicile en fin d'après-midi du 17 février 2011. Il s'était installé comme d'habitude devant le poste téléviseur de son salon. Où des brigands cagoulés l'ont trouvé et ont fini par lui ôter la vie avec une violence inouïe.

C'est l'épouse du magistrat assassiné, la nommée Nke Marie Simone, qui donnera les premières indications sur les circonstances du crime. On apprendra ainsi que les criminels étaient au nombre de cinq. Et qu'a leur arrivée, face au danger, le pauvre magistrat a essayé de se défendre avec un tabouret. Mais les criminels renforcés par des armes à feu ont vite eu raison de lui. Alors que le reste de la maison apeurée se cachait dans une salle voisine, les criminels avaient cyniquement pris leur temps pour installer leur victime encore en vie sur le dos, les bras en croix, de manière a ce qu'il puisse saigner abondamment, et accélérer ainsi sa mort. «Un crime de professionnels», s'était écrié en son temps un officier de police qui avait accouru sur les lieux.


Emotion tous azimuts

L'affreux assassinat va créer une émotion vive au sein de l'opinion publique en général, et chez les magistrats en particulier. Une même question taraudait les esprits: qui a tué le magistrat Biakan à Ngon et pour quelles raisons? Les obsèques qui vont se dérouler à Yaoundé puis à Bafia son village natal seront émouvantes. La magistrature toute entière (avec au premier rang les membres de la Cour suprême et de la chambre des comptes de ladite Cour) va se souder autour de la famille éplorée. On entendra même dire de la bouche d'influents magistrats, membres de la Cour suprême que «la magistrature s'engage à trouver les commanditaires et les assassins» de leur défunt confrère.

Un an après, la grande famille Biakan, s'est retrouvée autour de la mère du magistrat assassiné. Âgée aujourd'hui de 84 ans, cette femme qui reste encore très éprouvée par cette tragédie, a voulu se souvenir de cet horrible jour. Au-delà du culte d'action de grâce, pour le repos de l'âme de son défunt fils, il y a surtout la douleur de la famille, qui depuis un an, n'a plus eu la moindre information du dossier judiciaire de cette affaire. L'officier de police à la retraite Eroume à Ngon Joseph, porte-parole de la famille explique: «C'est vraiment frustrant de constater que un an après sa disparition, notre grand frère que nous aimerons toujours, qui a été aussi brutalement enlevé à notre affection ne peut pas voir la justice s'occuper de sa mémoire. La justice qu'il a pourtant servi avec loyauté et dévouement. Nous avons tout fait pour savoir où le dossier se trouve. On nous a dit d'attendre et de faire confiance à la justice. Cela est quand même étonnant de voir ainsi passer le temps sans suite surtout lorsqu'on voit toutes les promesses faites par des magistrats de haut rang.»


Une piste...

Pourtant, quelques jours seulement après l'assassinat du magistrat Biakan à Ngon, le commissariat du 15è qui s'était occupé des premières enquêtes avait réussi à mettre la main sur des individus à la moralité douteuse, dont un certain Ondigui, qui avait alors avoué sur procès-verbal, être le chef de gang qui avait lynché le magistrat. Il avouait aussi avoir été contacté par un homme d'affaires, un certain Tonye, qui lui aurait remis une forte somme d'argent pour commettre ce crime. Au cours des enquêtes préliminaires, l'homme d'affaires que l'on disait alors, être assez proche de l'actuel ministre des Enseignements secondaires Louis Bapes Bapes, avait été interpellé, et gardé à vue. Une confrontation avec les assassins présumés avait du lieu. Mais après son audition, il a été remis en liberté alors que le nommé Ondigui et ses quatre complices ont été présentés au procureur de la République et écroués à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé. Et depuis, plus rien. Même les magistrats de la Cour suprême, anciens collègues du défunt en sont à raser les murs face aux visites interpellatrices des membres de la Famille Biakan.



21/02/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres