Assainissement des mœurs: Voici les premiers «Eperviables» de Laurent Esso

YAOUNDÉ - 20 Février 2012
© Henriette Assen | La Météo

Antoine Bikoro Alo'o, Louis Claude Nyassa, Charles Metouck, Dayas Mounoume, Elvis Ngolle Ngolle, Roland Matta, Denis Oumarou, Alioum Alhadji, Charles Emedec, Mme Foning, Chi Assa for, David Mayebi... bientôt dans les filets du garde des Sceaux. Pourquoi eux, d'abord? Qu'est-ce qui leur est reproché? De quel poids pèse l'information judiciaire? La Météo apporte quelques éléments de réponse.


Les "eperviables"
Photo: © La Meteo - 20/02/2012


Le kick off de l’ «Opération épervier», c'est pour bientôt, a confié jeudi dernier à votre bi hebdo, un haut cadre du département de la Justice. «Avec l'entrée en vigueur de la nouvelle loi (Tribunal criminel spécial, Ndlr.), les choses ne seront plus comme avant, a-t-il expliqué. L'enquête judiciaire précédera obligatoirement les arrestations. En cas de jugement, le verdict tombera dans les meilleurs délais. Les éventuels inculpés, suivant leur ligne de conduite, peuvent rejeter toute accusation ou faire amende honorable. En ce qui nous concerne, les preuves dont nous disposons sont accablantes pour les uns, foudroyantes pour les autres. Sans elles, d'ailleurs, on n'aurait pas envisagé d'inculper qui que ce soit. Si jamais un justiciable choisit le chemin du tribunal, ce sera pot de fer contre pot de terre. A ses dépens. Comme dit l'adage: chacun ne récolte que ce qu'il a semé.»

Elle semble manifestement révolue, l'époque où l'on arrêtait à grand spectacle d'anciens gestionnaires de crédits publics avant de rechercher quels chefs d'accusation crédibles leur coller sur le dos, ou encore ces scènes ubuesques où le corps du délit se réduit comme peau de chagrin audience après audience. L'affaire Olanguena Awono, du nom de l'ancien ministre de la Santé publique, écroué au départ pour détournements de plusieurs dizaines de milliards FCFA, illustre parfaitement combien la justice camerounaise s'est ridiculisée aux yeux du monde

La logique voulait, désormais, qu'on procède à des interpellations avec une forte présomption de culpabilité, avant de procéder aux instructions qui, la plupart du temps, ont étalé aux yeux de l'opinion publique l'image d'une justice mise en coupe réglée, aveugle puisque n'obéissant qu'à des instincts de règlements de comptes, de tentatives de positionnement dans la perspective d'un changement anticipé à la tête de l'Etat, voire d'une alternance par des voies démocratiques... Faut-il donc croire de «l'Opération épervier" qu'elle a deux histoires: la première entachée d'amateurisme judiciaire et la seconde, qui est sur le point d'être écrite, confiée à la sagacité d'un monstre sacré de la magistrature?» Il est déconseillé de jeter le bébé avec l'eau du bain, s'écrie le haut cadre du ministère de la Justice suscité. Le ministre Laurent Esso fait l'unanimité sur ses compétences dans le domaine du droit. Nul doute que l'avenir de I' «Opération épervier» s'en ressentira. Mais n'oublions pas que, depuis décembre 2011, toute une loi encadre les répressions de détournements de deniers publics et les infractions connexes. Cette loi entre, de facto, en rupture avec certaines pratiques.

Le président de la République, en tant que premier magistrat du pays, en a décidé ainsi parce que, selon lui, toute justice doit être à visage humain. Disons donc tout simplement que l' «Opération épervier» a eu, elle aussi, son lot de réformes. La preuve? Toute personne inculpée peut mettre fin aux poursuites en restituant le corps du délit. Ainsi, l'emprisonnement ne sera plus la finalité. Autre maturation: en cas de procès, le tribunal aura 09 mois maxi, pour rendre son verdict. Cependant, l'on admet qu'un homme (passez nous le mot) froid comme Laurent Esso saura redonner à l’ «Opération épervier» toute sa neutralité, telle que souhaitée par le chef de l’Etat» Sur la base des derniers développements des dossiers à la Chancellerie, La Météo a pu se procurer la liste (ci-dessus déroulée) des premiers «Eperviables» de l'ère Esso. Premier constat: pratiquement rien de nouveau sous le soleil. La plupart de personnes incriminées ne comptent plus le nombre d'auditions à la police judiciaire, régulièrement relayées par la presse locale. De sources bien informées, les informations judiciaires ouvertes à l'encontre des uns et des autres se sont à ce jour révélées globalement «satisfaisantes». N'est plus attendu que le coup de sifflet des arrestations. «Le ministère de la Justice, avec le blanc-seing de la présidence de la République, en décidera de l'opportunité», murmure-t-on dans le sérail. Qu'est-ce gui est reproché à ces futurs «Eperviables»? Si le Tribunal criminel spécial s'est mis à leurs trousses, apprend-on, c'est que le montant de leurs infractions est au moins évalué à 50 millions FCFA. Chaud devant!



Visages et mécomptes des «Eperviables»: Revue des présumés brigands économiques


Charles Metouck

Plusieurs fois, ce milliardaire a été cité dans le sérail comme une menace réelle pour les caisses de la Société nationale de raffinage (Sonara). Il aurait déjà été, plus d'une fois, entendu à la PJ. Des auditions, apprend-on, ayant un lien avec les malversations financières observées autour du projet de modernisation de la raffinerie de Limbe. Le glas aurait-il sonné pour ce ténébreux gestionnaire? Combien seront-ils à lui rendre visite derrière les barreaux? Difficile à dire, tant son seul nom charrie les sarcasmes dans sa région. On dit l'homme pingre et hautain avec les siens.


Antoine Bikoro

Le Dga du Chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic) a été, une fois dé plus, entendu à la Pilla semaine dernière. Nommé en 2008 Dg par intérim du Cnic à la suite du limogeage de Zacchaeus Forjindan, Antoine Bikoro Alo'o n'a pas longtemps attendu pour confondre ses poches avec les caisses de l'entreprise. Jadis fleuron africain dans la construction navale, le Cnic, par sa faute, fait désormais figure d'épave. Ses deux années de gestion (2008-2010) sont les plus noires de toute l'histoire de cette entreprise. La justice lui reprocherait de multiples distractions de fonds. Aujourd'hui, le Cnic bat pavillon sud-coréen. Une situation qui a fait bondir au plafond bien de membres du Groupement patronal du Cameroun (Gicam), qui le considèrent comme la honte des patrons camerounais. Un homme dont l'incompétence perpétue le mythe de l'infaillibilité du «patron blanc».


Louis Claude Nyassa

Cet autre fossoyeur du Cnic est sur la liste noire de Laurent Esso. Dans sa quête de l'argent facile, il a trouvé un allié de poids en la personne d'Antoine Bikoro. Un beau tandem de «pilleurs», que le destin pourrait à nouveau mettre sous le même toit à la prison centrale de, New Bell. Le Pca du Cnic, depuis que «l'Epervier» tournoie au-dessus de son acolyte Bikoro, serait devenu un inconditionnel de la messe du dimanche. «Le Seigneur reconnaîtra, les siens», indiquent à juste titre les Saintes Ecritures qui mettent justement en garde contre les repentis du... dimanche.



Dayas Mounoume

Fric, frime, fesses: monsieur «trois F». C'est devenu le sobriquet du Dg du Port autonome de Douala (Pad). Ce petit nom tient de son inclination de plus en plus prononcée au lucre et à la luxure. Sa gestion scandaleuse de ce mastodonte de l'économie camerounaise, ainsi que les foyers de tension latents avec les employés, constituent un volcan social qui peut entrer en éruption à tout moment. Ironie du sort: c'est sous Laurent Esso, dont il se prévalait pompeusement du parrainage, que «l'Epervier» pourra l'emporter.


Françoise Foning

La maire de Douala 5è est une sorte de «Maradona des marchés fictifs». Elle a toujours su passer à travers les mailles du filet. Cette fois, les carottes semblent cuites. «Dalida», indiquent des sources crédibles, devrait être appréhendée avant les prochaines élections municipales et législatives. A en croire des discrétions, Mme Foning serait disposée à rembourser au Trésor public les sommes d'argent qu'elle aurait détournées. Une solution qui lui éviterait le bagne. Sa véritable hantise serait la perte de son éligibilité. Et plus dure sera la chute.


Alioum Alhadji et David Mayebi

Le «rapport Mahop» avait déjà révélé, au peuple camerounais, la véritable nature de ces Al Capone des retombées financières de la participation des Lions indomptables aux différentes compétitions notamment la Coupe du monde. Ce sont les mêmes qu'on retrouve englués dans des tripatouillages autour de juteux contrats publicitaires. Il était temps que la justice leur demande de rendre gorge. Ces deux hommes seraient les cerveaux du gang.


Denis Oumarou

Du temps où il était secrétaire d'Etat aux Finances, il avait été mêlé dans un scandale fiscalo-douanier, qui a eu un écho retentissant dans la République Ne pouvant pas cacher longtemps la vérité, il est à nouveau rattrapé par ces errements d'hier, et cette fois-ci, à en croire nos sources, la probabilité est grande qu'il se retrouve face à la Justice.




20/02/2012
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