Archidiocèse de Yaoundé: 5 chefs Emveng épinglent Tonyè Bakot

Douala, 29 Avril 2013
© by Text-Enhance">Conrad Atangana | La Nouvelle

Ils dénoncent l'affairisme de l'Archevêque métropolitain. Au centre du litige, la braderie des terres de la colline de Mvolyé. Victor Tonyè Bakot s'en défend.

Mercredi 10 avril 2013. C'est le jour choisi par les responsables de l'Eglise Catholique au Cameroun, pour célébrer, à travers une messe d'action de grâce, l'élection du tout nouveau Pape François. Un peu comme pour arranger les choses, l'office religieux programmé à la Basilique mineure de Mvolyé à Yaoundé ce jour, va coïncider avec la fin des assises de la 38ème conférence épiscopale nationale du Cameroun. Suffisant pour que la solennité de l’événement inspiré par la bonne nouvelle sortie du côté du Vatican, draine du beau monde à la colline de Mvolyé. A la tête du gotha politique par exemple, Ferdinand Ngoh Ngoh, le Ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République, représente personnellement le Chef de l'Etat. Côté Eglise Catholique, dans la grande farandole des soutanes et des mitres, Pierro Pioppo, le nonce apostolique au Cameroun et en Guinée Equatoriale tient le beau rôle, avec à ses côtés, l'ensemble des Évêques de la conférence épiscopale du Cameroun, des Prêtres, laïcs et une foule nombreuse de fidèles. Un beau tableau en somme.

C'est curieusement ce même 10 avril 2013, que 5 chefs traditionnels Emveng, une communauté autochtone de la ville de Yaoundé, vont se décider à faire entendre leurs voix dans le conflit qui les oppose depuis 201, à l'archevêque Simon Victor Tonyè Bakot. On dirait de petits diables invités à la sacristie. Les différents messages portés sur des pancartes et des banderoles soigneusement concoctées pour la circonstance, sont plus qu'évocateurs. Morceaux choisis: «Les Emveng revendiquent l'enterrement gratuit. Nous interpellons le Saint siège, le Chef de l'Etat, la Conférence épiscopale...». «Trop c'est trop. 1 m2 de tombe à un million de FCFA. Terre de nos parents donnée gratuitement. Simon Tonyè Bakot égal argent: Bisop Mony, Bisop Many». «On ne peut pas servir Dieu et servir l'argent. Simon Tonyè Bakot ou serviteur de l'argent. Pape François, sauve nous». «Ici ce sont les Emveng. Nous avons donné 113 ha gratuitement. Simon Tonyè Bakot nous demande un million pour 1 m2. Trop c'est trop». «Non au paiement d'un million by Text-Enhance">directement chez l'Archevêque et sans reçu pour un enterrement au cimetière de Mvolyé. Simon Tonyè Bakot égal Argent». «Les grottes jadis lieux de prières aujourd'hui transformées en carrières. Mvolyé colline sacrée devenue bidonville de Yaoundé».

Dans Marc 11(17-18) n'est-il pas écrit, ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations? Mais Tonyè Bakot en fait une caverne de voleurs avec les menuiseries, laveries, carrières, stations essences, bars dancing, restaurants».


Compromis

Un cocktail explosif qui fera dire à quelques observateurs que l'Archevêque métropolitain, au cas où les récriminations des mandataires de la tradition étaient avérées, s'éloigne du rôle de l'Eglise.

Personne donc dans cette ambiance délétère pour écouter la voix du prélat. «L'archidiocèse de Yaoundé doit faire face à une masse salariale élevée aujourd'hui, soit 14 000 000 de FCFA par mois, sans compter les 150 grands séminaristes et prêtres en formation qui nous coûtent près de 80 millions de FCFA tous les ans, sans compter les autres charges (...) Il est de mon devoir de trouver de l'argent frais pour la marche générale de l'archidiocèse. Je ne peux pas compter uniquement sur l'économie de collecte», tente d'expliquer l'Archevêque de Yaoundé en réaction au mémorandum, à lui servi par les 5 chefs traditionnels Emveng. Après les échauffourées enregistrées avant la messe d'action de grâce organisée à l'honneur du Pape François, les activistes vont remonter au créneau à travers des tracts retrouvés le lendemain à l'intérieur de la Basilique. Et la preuve? Certains observateurs proches de l'archidiocèse de Yaoundé soutiennent qu'au cours des magistères de feu Mgr Jean Zoa ou de feu Mgr Wouking, une telle situation n'avait jamais existé. Mieux, des frais n'étaient pas exigés aux chrétiens pour enterrer les leurs au cimetière de Mvolyé.

Pour enfoncer davantage Victor Tonyè Bakot, des sources concordantes indiquent qu'il aurait tout fait pour positionner Crescence Mbenoun, comme son bras séculier. C'est cette dame qui se chargerait de percevoir l'argent d'achat des tombes à Mvolyé qui atterrirait, par la suite, non dans les caisses de l'archidiocèse, mais plutôt dans les poches du prélat. Alors que certains observateurs étaient pessimistes sur l'issue de la tournée paroissiale organisée par Victor Tonyè Bakot à Mvolyé, tout va bien se passer. L'Archevêque métropolitain et les 5 chefs traditionnels vont trouver un terrain d'entente. Désormais les autochtones pourraient gratuitement enterrer leurs défunts au cimetière de Mvolyé, moyennant seulement des frais pour les croque-morts. Loin donc d'une autre proposition de l'archevêque contenue dans une correspondance du 14 mars 2011. «Vous avez sollicité un espace à vous, concéder pour l'enterrement de vos frères et sœurs défunts. Y faisant suite, je vous concède un espace de 9 m2, un caveau d'une centaine de tombes. Vous voudrez bien me faire rencontrer un technicien pour apprécier la profondeur requise pour l'aménagement dudit caveau. Pour ce faire, je vous concède un abattement de 20% sur le terrain dont le prix est à fixer». Ce qu'il convient de dire, c'est que cette proposition de l'Archevêque de Yaoundé n'aurait pas eu l'assentiment des chefs traditionnels. Elle aura même contribué à envenimer la situation. Au terme de la tournée paroissiale de Victor Tonyè Bakot, rendue à son étape de Mvolyé, le compromis accepté par les 2 parties ouvre certainement une nouvelle ère de rapports entre les chefs traditionnels Emveng et l'Archevêque de Yaoundé.


30/04/2013
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