Après le défilé du 14 juillet: Mais où est donc passé Paul Biya ?

Par jean.francois.channon | Lundi 26 juillet 2010 | Le Messager

S
elon les termes du communiqué du directeur du Cabinet civil de la présidence de la République rendu public le 12 juillet dernier, le président Paul Biya avait quitté le Cameroun ce jour là en fin de matinée, pour se rendre à Paris en France. Invité par son homologue français Nicolas Sarkozy, il devait prendre part aux cérémonies marquant la célébration de la fête nationale de la République française. Le 14 juillet 2010 effectivement, Paul Biya a été aperçu au petit écran de la télévision française lors de la retransmission en direct du défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées. La veille de la solennité du 14 juillet, avec d’autres homologues africains qui célèbrent en cette année 2010 le Cinquantaine de leur indépendance, Paul Biya avait pris part à un déjeuner offert par le président français en l’honneur des chefs d’Etat africains présents aux festivités du 14 juillet 2010 dans l’Hexagone. Le président camerounais était même intervenu au cours de ce déjeuner. Il répondait ainsi, en tant que doyen des chefs d’Etat africains présents, au président français qui s’était auparavant adressé à ses hôtes venus d’Afrique.
Au lendemain de la fête nationale française, l’agenda de Paul Biya au pays de « nos ancêtres les Gaulois » l’a conduit au siège de la Fondation Charles de Gaulle. Le chef de l’Etat qu’accompagnaient les membres de sa délégation officielle a en effet été invité et accueilli par les principaux responsables de cette Fondation, dont François Kessler (président), Pierre Le Franc (vice président) dont on dit qu’il est un ancien chef de cabinet du général De Gaulle. L’un des grands amis français du moment de Paul Biya, l’ancien Jacques Toubon, et certainement le véritable initiateur de cette visite du président camerounais à la Fondation Charles De Gaulle dont le siège est localisé à Paris était également présent.

S’agit-il d’autres vacances ?

Après cette escapade présidentielle dans l’Hexagone, les Camerounais n’ont plus eu les nouvelles de leur président. Il ont en vain suivi les médias à capitaux publics qui avaient des envoyés spéciaux dans la capitale française. Aucun écho sur le lieu où se trouve leur chef de l’Etat qu’accompagne son épouse Chantal Biya. En fait, on se serait logiquement attendu qu’après la fin de la visite officielle du président de la République en France, et de son objet, que Paul Biya regagne le Cameroun où l’attendent sur sa table de travail de nombreux dossiers engageant la vie du pays qu’il dirige depuis bientôt 28 ans. Surtout que, après un séjour (vacancier ?) de près de trois semaines à Mvomeka’a, son village natal, on a de la peine à imaginer dans l’opinion qu’il puisse à nouveau prolonger son séjour en Europe pour cause…de vacances. Ce qui est presque certain par contre, est que ses homologues africains qui ont été invités dans l’Hexagone au même moment et pour le même motif, ont tous regagné leur pays.

Pour ce qui est du Cameroun, il y a des interrogations légitimes que des citoyens normaux ont le droit et le devoir de se poser : où est donc passé Paul Biya, le président de la République du Cameroun depuis que les cérémonies de la récente fête nationale française pour laquelle il était invité se sont littéralement achevées ? Et que fait-il là où il se trouve depuis ? Au sein du sérail beaucoup trouvent d’ailleurs le sujet tabou. A la limite quelque peu « ennuyeux ». Mais ce que le sens commun sait est que la plupart des personnalités qui ont accompagné le chef de l’Etat dans sa visite en France (après des honteux déboires à en croire les révélations de nos confrères de Mutations dans leur édition de vendredi dernier) sont de retour au Cameroun. Il s’agit notamment des ministres Edgar Alain Mebe Ngo’o (Défense), Henri Eyebe Ayissi (Relations extérieures), Issa Tchiroma Bakary (Communication), du conseiller spécial du président de la République le Pr Luc Sindjoun, et du général de division René Claude Meka, chef d’Etat major des armées. Les autres, à savoir entre autres, les ministres chargés de mission à la présidence de la République , René Emmanuel Sadi et Paul Atanga Nji, le directeur du Cabinet civil Belinga Eboutou qui font généralement partie du cercle restreint de Paul Biya sont encore on l’imagine, avec le chef de l’Etat où il se trouve en ce moment.

Au final, on est donc dans une situation ou le Premier des Camerounais, officiellement invité à une manifestation dans la capitale de l’ancienne métropole tutélaire, a peut être oublié de rentrer dans son pays, où l’attendent non seulement un peuple (dont la grande majorité croupit dans une misère quotidienne qui n’a pas de nom), mais aussi du travail à travers de nombreux dossiers importants qui engagent la vie de la nation. De la à croire que Paul Biya s’est isolé pour une fois de plus mieux préparer, comme cela se susurre au sein du sérail politique camerounais un nouveau réaménagement gouvernemental, il y a là un fantasme détestable qui commence en fait à devenir harassant pour des citoyens normaux d’un pays qui ne demandent qu’à savoir comment leur président est au quotidien au travail pour le progrès de leur nation.



26/07/2010
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