Après l’affrontement du marché Mokolo: 75 «sauveteurs» déférés au parquet

DOUALA - 20 Juin 2012
© Joseph Flavien KANKEU | Le Messager

Interpellés samedi, 16 juin 2012 lors des affrontements avec les forces de l'ordre, ils ont été déférés chez le procureur de la République lundi, 18 juin 2012. Motifs, trouble à l'ordre public, coups et blessures sur des hommes en tenue en pleine fonction.

Alors que nous allions sous presses hier, mardi 19 juin 2012, les sauveteurs interpellés au marché Mokolo samedi dernier attendaient toujours de connaitre leur sort, dans des cellules du parquet du tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif. Ils y ont été conduits par les forces de défense et de sécurité qui assuraient leur garde à vue. Lundi déjà, ils y étaient. Mais le procureur a préféré les renvoyer au commissariat central numéro 1 de la ville de Yaoundé, pour poursuivre ses enquêtes, et certainement recevoir aussi des instructions des autorités administratives qui semblent suivre attentivement ce dossier. Nos sources indiquent qu'ils pourraient être inculpés pour trouble à l'ordre public, de coups et blessures sur les agents des forces de maintien de l'ordre en plein exercice de leur fonction.

Dans une interview accordée à la Cameroon radio and television (Crtv), Jean Claude Ntila, le préfet du Mfoundi expliquait déjà hier mardi dans la posture d'invité du 13 heures, que les personnes interpellées n'étaient pas des commerçants, et disaient pendant leur audition être à la solde d'un individu toujours recherché par la police. Pourtant, ces Camerounais, bien connus par le syndicaliste Yimga Moussa, le président de l'Association nationale des opérateurs du secteur informel pour la lutte contre la pauvreté au Cameroun (Anosilp), ne revendiquaient qu'un droit légitime, dans un pays où tout est mis en jeu pour enfoncer les jeunes dans le gouffre du sous développement et du chômage. Pourchassés du Marché Mokolo depuis quelques semaines, les sauveteurs considérés comme persona non grata par le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé Gilbert Tsimi Evouna ont tenu tête aux forces de l'ordre parce que voulant qu'un autre site leur soit proposé, à la suite de leur déguerpissement du marché Mokolo.


Prix prohibitifs

Les nouvelles boutiques construites par la communauté urbaine ne sont malheureusement pas à la portée de monsieur tout le monde. Les prix de locatif mensuels devant être versés à la recette de la communauté urbaine y sont très prohibitifs. Pire, une dizaine de ces jeunes débrouillards ont été récemment arnaqués par le président du conseil national des jeunes pour l'Arrondissement de Yaoundé II. Ce dernier avait réussi à convaincre les commerçants à lui verser une dizaine de millions (pour les plaintes déjà enregistrées), leur promettant des boutiques dans le nouveau marché d'Etetack non loin de la Cité verte. Ce militant engagé du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) qui occupe un important poste de responsabilité au sein de l'Ojrdpc de Maroua est d'ailleurs en détention préventive à la prison centrale de Kondengui. D'où il se rendra au tribunal pour être jugé pour abus de confiance et escroquerie. Certains de ses ennemis d'hier qui après avoir découvert le pot au rose l'ont fait arrêter, vont par la force des choses le retrouver dans cet univers carcéral où l'on dit que les pensionnaires sont très solidaires. Ironie du sort n'est-ce pas!

En attendant de savoir le sort de ces pauvres commerçants, le président de l'Association nationale des opérateurs du secteur informel pour la lutte contre la pauvreté (Anosilp) convie les Camerounais à assister massivement à une conférence débat qu'il organise le 21 juin 2012 à 14h au siège de la bourse de travail de Messa à Yaoundé. Yimga Moussa se propose à cette occasion, de faire un tour d'horizon sur les exactions que subissent les opérateurs du secteur informel.




20/06/2012
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