Après ces derniers jours fous de février 2008

Cameroun:Après ces derniers jours fous de février 2008Une quarantaine de morts reconnus par le gouvernement, par le truchement de son ministre d’Etat d’alors, en charge de l’Administration territoriale et de la décentratlisation, Marafa Hamidou Yaya. De nombreuses arrestations ayant donné lieu à des procès et condamnations.

Voilà cinq ans que le Cameroun a vécu une fin de mois de février particulièrement agitée. Dans un discours prononcé le 27 du même mois, le président Biya reconnaît que « notre pays (était) en train de vivre des événements qui nous rappellent les mauvais souvenirs d’une époque que nous croyions révolue ».
 
Cinq provinces sur les 10 devenues régions étaient en ébullition : deux des quatre départements que compte le Littoral : le Wouri et le Moungo, une grande partie du Sud-Ouest, l’Ouest et le Nord-Ouest et Yaoundé, siège des institutions dans le Centre. Mais cette agitation populaire née d’un malaise social ne s’arrête pas au Cameroun.

D’autres pays africains n’en ont pas été épargnés. Les autorités camerounaises qui en ont fait une affaire « d’apprentis dorciers » au départ ont fini par se rendre à l’évidence. Huit jours après le discours martial du président de la République, ce dernier met de l’eau dans son vin en annonçant une série de mesures fiscales et sociales :

 
15 % d’augmentation des salaires de base pour les civils et les militaires au niveau de la Fonction publique ; importation du ciment : 10% de baisse pour le tarif extérieur ; logement des fonctionnaires et agents de l’Etat : indemnité portée à 20 % du salaire de base ; suspension des taxes et droits de douanes sur les produits de première nécessité : poisson, riz, froment (blé) dur, semencce de riz, farine de blé, huile de table, accélération des procédures relatives au payement de la dette intérieure, c’est dans cette foulée que le chef de l’Etat lance le processus de recrutement de 25 000 jeunes diplômés à la Fonction publique. Dans tout cela le secteur privé et l’informel ne peuvent bénéficier que des mesures qui assouplissent la drastique loi du marché. Ce qui n’est pas négligeable, mais éphémère quand on sait que le commerçant a l’imagination fertile quand il recherche le bénéfice.
 
Dans le secteur privé, on aurait esquissé un sourire si, comme par le passé, les travailleurs auraient aussi bénéficié de quelque chose ordonné par le chef de l’Etat. Si l’on peut saluer les mesures fiscales concernant les denrées de première nécessité, écrivions-nous au Messager à l’époque, il est douteux qu’elles puissent prévenir d’autres émeutes de la faim, étant donné qu’elles ne rassurent pas tout à fait les populations. Ces mesures ne peuvent tenir qu’un temps très limité. Dans la mesure où nos habitudes de consommation nous rendent tributaires de l’extérieur.

Par snobisme ou par mentalité de colonisé, nous préferons ce qui vient d’ailleurs à ce nous produisons localement. Alors comment juguler les prix des produits importés ? Il faut aussi compter avec la corruption des agents de l’Etat. Et même si ces mesures étaient garanties dans la durée, elles ne ressoudront pas l’équation de la vie chère qui est d’abord et avant tout affaire de politique de production.
 
La baisse ou la suppression des taxes à l’importation n’est qu’une mesure palliative et ponctuelle. Elle ne peut tenir lieu que de politique de stabilisation des prix qui, elle prend d’abord en compte l’offre des biens à consommer.

Cinq ans après les émeutes de la faim et les mesures prises à l’époque, nous voici à nouveau rattrappés par la vie chère. Même l’eau et l’électricité ont augmenté de prix, entraînant une forte spéculation qui étouffe davantage les consommateurs. Surtout qu’en augmentant les prix de ces produits incontournables, on n’en a même pas. Les pénuries d’eau et de rationnement de l’électricité font partie des frustrations quotidiennes des Camerounais.
 
Quand on sait qu’une nouvelle augmentation du prix des hydrocarbures peut advenir à tout moment sous les injonctions de la Banque mondiale et du Fmi, il est fort à parier que l’on est pas si éloigné de l’atmosphère sulfureuse de 2008. Surtout que les bailleurs de fonds estiment, sans doute avec raison,  que la subvention consacrée au hydrocarbures profitent plus aux nantis qui roulent carosse qu’au petit peuple. Alors vigilance ! Prudence !

© Le Messager : Doobell


25/02/2013
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