Après-Biya: Mebe Ngo'o, Bapès et Motazé accusés par Victor Mengot

YAOUNDE - 07 SEPT. 2011
© Georges Alain Boyomo | Mutations

Le ministre chargé de missions à la présidence s’est confié à des diplomates américains.

Le ministre chargé des missions à la présidence de la République, habitué des voyages présidentiels, Victor Arrey Mengot, fait désormais partie des victimes des «éclaboussures» du site web d’alerte Wikileaks. Selon un câble diplomatique daté de février 2010 et révélé le 31 août dernier, les collaborateurs du chef de l’Etat, Paul Biya, à la présidence de la République sont visés par des révélations de Victor Arrey Mengot, dont la principale ambition, a-t-il confié aux diplomates américains, était d'être nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République ; question pour lui de rester au coeur du sérail.

Le ministre chargé des missions, qui est par ailleurs président du Conseil d’administration de Electricity development coropration (Edc), indiquait à ses interlocuteurs américains que Paul Biya allait, dans son tout prochain cabinet, limoger le délégué général à la Sûreté nationale d’alors, Edgard Alain Mebe Ngo’o. Ce dernier a plutôt été promu ministre délégué à la présidence chargé de la Défense.

Quant à l'ancien directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), Louis Paul Motaze, qui devait être mis à la touche selon M. Mengot, il a été reconduit au ministère de l'Economie, du Plan et de l'Aménagement du territoire. Idem pour Louis Bapès Bapès, ancien directeur général de la Mission d’aménagement et de gestion des zones industrielles (Magzi), qui était destiné à la «réserve de la République», mais qui a été maintenu à son poste de ministre des Enseignements secondaires.

Mais les confidences du ministre Mengot n’ont pas toutes été déjouées. D’après les informations publiées par Wikileaks, Victor Arrey Mengot avait rapporté aux Américains, sur la base de ses confidences avec Paul Biya, que "les arrestations de Jean Marie Atangana Mebara (ancien Sgpr), Polycarpe Abah Abah (ancien Minefi), Urbain Olanguena Awono (ancien Minsanté) et Haman Adama (ancien Minedub), qui, à l’en croire, auraient, comme Mebe Ngo’o, Bapès Bapès et Louis Paul Motazé, amassé beaucoup d'argent pour s'imposer dans la succession de Paul Biya."

A propos de la succession du chef de l’Etat, Victor Arrey Mengot, avait déclaré aux Américains que l’actuel locataire du palais de l’Unité, souhaitait se retirer en 2011 (cette année), mais qu’il ne voulait pas qu’on lui force la main.


Silence assourdissant

Avant ces révélations attribuées à Victor Arrey Mengot, Wikileaks a mis en ligne des informations d’une gravité certaine concernant le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Marafa Hamidou Yaya et le vice-Premier ministre, ministre de la Justice, Amadou Ali. S’agissant du Minatd, il aurait indiqué, à propos de l’«Opération Epervier» à l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, le 9 décembre 2010, que Paul Biya s’en servait pour tenir en respect ses opposants, «mais ce n’est pas vrai à 100%», précisait-t-il. «Je peux me retrouver en prison», avait également soufflé M. Marafa à la diplomate du pays de l’Oncle Sam, Janet E. Garvey, pour indiquer la terreur que charrie cette campagne dans les cercles du pouvoir.

Pour ce qui est de la mise en place d’Elections Cameroon (Elecam), le ministre d’Etat avait révélé à Janet Garvey que « Elecam va droit dans le mur». Aussi avait-il suggéré deux formules à Paul Biya pour éviter que ce dernier ne se retrouve dans l’illégalité du fait de l’incapacité de Elecam à organiser la présidentielle de 2011 : une qui donnait les pleins pouvoirs à Elecam pour organiser cette consultation électorale et une autre qui coupait la poire de l’organisation en deux ; entre cet organe et le Minadt. Paul Biya tranchera pour la seconde formule.

Quant à Amadou Ali, il se serait clairement prononcé sur la transition au sommet de l’Etat du Cameroun. Le Garde des sceaux aurait dit à Mme Garvey : «le septentrion soutiendra Paul Biya aussi longtemps qu’il souhaitera être président, mais n’acceptera jamais un successeur qui soit, lui aussi, Béti/Bulu, ni un membre de l’ethnie bamiléké, qui est économiquement puissante ». En dépit de l’émoi suscité par ces « révélations » de Wikileaks, les principales personnalités camerounaises accusées se murent dans un silence assourdissant. En la matière, ils ont de qui tenir…


08/09/2011
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