Appel à la communauté internationale pour sortir le Cameroun de la dictature

Appel à la communauté internationale pour sortir le Cameroun de la dictature

Waffo Wanto:Camer.beAu début des années 90, le Peuple Camerounais s’était dressé contre tout ce qui constitue des violations des droits et libertés des Peuples et a exigé la mise en place d’un système dans lequel tous les Camerounais du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest seraient égaux en droits et en Dignité et verraient tous leurs droits respectés.20 ans après ce combat au cours duquel certains acquis seront obtenus de haute lutte, au prix de la vie de plusieurs centaines de nos concitoyens, l’on constate avec amertume que la situation politique, socioéconomique, éducative, sanitaire etc. de notre pays reste préoccupante si elle n’est pas devenue pire sur la plupart des points.

En ce troisième millénaire, au moment où plusieurs peuples africains évoluent tranquillement vers une prospérité politique, économique et sociale partagée, le Cameroun vit une misère sans précédent. Que s’est-il exactement passé? Pourquoi en sommes-nous là aujourd’hui? Que reste-il à faire pour que notre pays sorte enfin de cet obscurantisme? Ce sont là les constats qui aujourd’hui guident cette  démarche.

I - L’ ECHEC DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE

20 ans après la Rencontre Tripartite (pouvoir, opposition et société civile), les revendications du peuple camerounais admises par les pouvoirs publics et transcrites dans les actes de ladite Conférence n’ont pas trouvé leur matérialisation dans la réalité. L’échec de la transition démocratique et du processus de naissance de l’Etat de Droit dans notre pays sont dus à divers facteurs. Les deux plus importants facteurs sont la mise en place d’une stratégie de la terreur par le régime RDPC  (ancien parti unique et toujours au pouvoir) et l’incapacité de la classe politique d’opposition d’alors à pouvoir représenter et présenter une alternative crédible à la dictature en s’unissant autour d’un objectif commun.

Relativement à la stratégie de la terreur, dès l’amorce du mouvement démocratique  au début des années 90, le régime dictatorial alors incarné par M. Paul BIYA avait instrumentalisé la violence pour décourager toute velléité de changement et d’alternance au pouvoir de la part des forces démocratiques. Cette stratégie doit également beaucoup à la manipulation et surtout au tribalisme et à la corruption.

Par ailleurs, la classe politique d’opposition, arcboutée sur des intérêts bassement personnels, des ambitions qui négligent et même ignorent complètement l’intérêt général d’un peuple camerounais qui a sué sang et eau dans une lutte pour son Bien-être, n’a pas réussi à constituer le tremplin indispensable dont Notre Peuple avait besoin pour porter ses objectifs fondamentaux d’Etat de droit, de respect de la Dignité et de Bonne Gouvernance sur les frontons de la victoire. Aux querelles intestines s’ajoute la tactique très habile du RDPC qui achète à coût de millions de FCFA certains leaders de l’opposition empêchant du même coup celle-ci à s’unir. Il n’est pas inutile de rappeler ici que sur plus de deux cents partis politiques que compte le Cameroun aujourd’hui, plus de  90% sont des transfuges du RDPC.

A tout ceci, il faudra ajouter le goût prononcé pour le populisme, la volonté ferme du «moi ou le chaos» de M. Paul BIYA, la tendance à se poser en Homme providentiel, qui conduisent souvent à la proposition au peuple de stratégies complètement irréalistes et de solutions dites radicales mais qui n’ont de radical que le nom puisque les auteurs desdites propositions ne se sont jamais dotés au préalable des moyens pour les mener à bout et n’ont jamais eu de solutions de rechange au cas où ces stratégies improvisées échouaient comme c’est si souvent le cas

Si la cupidité, la traitrise, l’ignorance de l’intérêt général du Peuple et le manque de maturité ont fait que la période de transition camerounaise a été la seule à se terminer comme un serpent qui se mord la queue, le processus démocratique camerounais tout entier a simplement confirmé et même conforté le RDPC dans sa dictature. Non seulement notre pays n’a pas aujourd’hui atteint les objectifs de bonne gouvernance, de respect de la dignité et des droits de tous les Camerounais, mais en plus nos compatriotes se sont totalement appauvris sur tous les plans … (socio-économique ; le Cameroun connait aujourd’hui une crise de valeurs profonde) alors que le régime et ses suppôts ont réussi, en plus du pouvoir politique et militaire qu’ils avaient déjà, à conquérir et même confisquer la totalité du pouvoir économique non seulement en monopolisant presque tous les postes de l’administration mais aussi en s’accaparant le domaine des affaires.

II -  LA SITUATION ACTUELLE DU CAMEROUN

L’état actuel du CAMEROUN est caractérisé par une situation assez paradoxale.

Sur le plan politique, le CAMEROUN vit un état de non démocratie, et pire encore notre pays demeure une dictature dans la mesure où la plupart des institutions, des mécanismes et des gardes fous qui caractérisent une réelle démocratie sont totalement inexistants, les principales libertés sont de plus en plus réduites et les droits humains sont violés au quotidien.

Aujourd’hui, notre pays a trois Constitutions que le régime RDPC utilise au gré de ses objectifs. Un vrai cafouillage dans lequel le citoyen ordinaire ne se retrouve plus.

Pendant le même temps, la situation de notre armée demeure toujours incertaine. Sa position correspond beaucoup plus à celle d’un instrument de conservation et de gestion de pouvoir  qu’à celle d’une institution républicaine.

Sur le plan économique et social, notre pays s’est inscrit sur la liste des Etats prédateurs ou des Républiques bananières dans lesquelles tout est permis. Détournements des biens publics à des fins personnels, corruption (le Cameroun est couramment classé par Transparency International dans le peloton de tête des pays les plus corrompus au monde), concussion, prévarication aux charges, népotisme et discrimination, refus absolu de la méritocratie et culte de la médiocrité, inégalités dans la répartition des richesses nationales, confiscation des biens de la Nation tout comme le pouvoir politique entre les mains d’une classe privilégiée, absence de tout contrôle des prix et augmentation constante des prix des biens de consommation les plus indispensables sont les principaux traits caractéristiques d’un régime dans lequel tous les biens et les richesses nationales profitent à une infime minorité dont les membres ont pour seul mérite le fait d’appartenir à un groupe, à un parti politique, à un clan.

De tout ce qui précède, il résulte aujourd’hui que la situation du CAMEROUN est celle d’une absence de l’Etat de droit qui est le seul cadre dans lequel la dignité et les droits des citoyens seront respectés, la richesse nationale répartie équitablement et le bien-être de chacun assuré sans discrimination aucune. Notre pays est dans une situation qui ne permet nullement d’assurer ni l’alternance politique, ni le respect de la volonté populaire et plus particulièrement la vérité des urnes.

Dans quelques mois doit se jouer une fois de plus l’avenir de notre beau pays et cette fois celle de toute la sous région d’Afrique centrale. Les élections présidentielles de cette année 2011, élections pour lesquelles nous sollicitons l’intervention de la communauté internationale parce que les informations sur la préparation de cet événement majeur ne sont pas du tout encourageantes. Plusieurs éléments l’attestent :

Les risques de fraudes massives

L'actualité récente n'incite pas à l'optimisme. ELECAM (ELECTION CAMEROUN) organe RDPC chargé des élections est lui-même déjà charcuté.   La promulgation d’une loi adoptée à la va-vite pour castrer irrémédiablement cette institution est désormais actée. En privant cet organe de la simple possibilité de mettre à la disposition du Peuple les résultats qui lui parviennent lors des élections ou encore moins d’organiser le vote des Camerounais de la Diaspora, tout le monde sait que l’opacité se trame. Cette muselière imposée à ELECAM prouve non seulement que Monsieur Paul BIYA et ses partisans n'entendent pas laisser leur avenir politique dépendre du verdict des urnes, mais aussi qu’ils suspectent y compris leur propre ombre qui pourrait contrarier leur volonté de faire main basse sur tout le processus électoral dans notre pays.

En effet, ELECAM est actuellement composé de 12 militants du RDPC. Or, au lieu d'écouter les revendications légitimes par lesquelles les partis politiques de l'opposition et les représentants de la société civile lui demandent de se conformer à la loi en y désignant des personnalités indépendantes et respectées, Monsieur Paul BIYA décide plutôt d'adjoindre 6 autres membres à ses 12 affidés en fonction. Et, ultime verrou de sécurisation du coup d'Etat électoral annoncé, le gouvernement RDPC interdit donc à cet ELECAM pourtant à sa botte de publier la moindre tendance de résultats lors des élections. Désormais, l'exclusivité de la publication des résultats est réservée aux serviteurs du RDPC, déguisés en juges constitutionnels et réunis en conclave pour mystifier le Peuple réduit au statut de spectateur impuissant. D'ailleurs, les 18 membres d’ELECAM peuvent, avec la nouvelle loi, rectifier dans l’opacité la plus totale et avant tout contentieux électoral, les suffrages issus des urnes. Une telle démarche est incompatible avec les principes républicains et ne pourra que générer des tensions sérieuses pouvant conduire à une tragédie, et là nous pesons bien nos mots !

Pourtant, avec une inconscience suicidaire, ils clament : « on y est, on y reste », n'hésitant pas à mettre à la tempe du Peuple, le pistolet du chantage à la paix et d’un surprenant « appel du Peuple » : soit vous nous laissez impunément confisquer le pouvoir par la fraude et la force combinées, soit vous aurez la guerre civile. Certains leaders de partis politiques se contentent d’ailleurs de la compromission avec ce pouvoir, oubliant que la jeunesse nationale, flétrie par de longues années de misère et traumatisée par un chômage endémique, n'accepterait plus un nouveau détournement de son vote, ni la poursuite de sa déshérence.

L’instrumentalisation des institutions au service d'un individu

La stratégie du gouvernement RDPC, consiste à priver ELECAM de toute indépendance et de toute transparence pour en faire l'instrument d'un hold-up électoral. On se souvient qu'en février 2008, la révolte de la jeunesse (qui avait fait plus de 150 morts), en proie à la faim et excédée par le  tripatouillage constitutionnel qui a levé la limitation du mandat présidentiel, a été réprimée dans une mare de sang. Il ne fait pas de doute que la détermination larvée de la jeunesse nationale qui s’observe sur divers sites Internet, sera encore plus grande en cas de nouvelle forfaiture de ce pouvoir. De plus, les récents évènements dans plusieurs pays africains nous montrent, en grandeur nature, les graves dangers que présentent les institutions assujetties aux individus et qui refusent de donner effet au verdict des urnes. Les émotions qui fleurissent a postériori dans ces cas là, ne ressuscitent hélas jamais aucune des vies perdues ...

Nous n’avons pas le droit de nous taire lorsque se plante sous nos yeux le décor d’une tragédie annoncée. La loi taillée sur mesure pour plaire à Monsieur Paul BIYA personnalise toutes les institutions de la République avec pour unique dessein : mourir au pouvoir.

Paul BIYA à François SOUDAN : « moi ou le chaos »

Oui, la machine funèbre est en marche. Monsieur Soudan du journal « Jeune Afrique » révélait cette phrase attribuée à Monsieur Paul  BIYA : « Moi ou le Chaos ». Ainsi, une commande de 12.000 armes de poing de marque (bareta 2006) porte la signature de Monsieur Atanga Nji, membre du RDPC, ministre chargé de mission à la Présidence. Le hold up se prépare ; Biya doit rester au pouvoir même au prix des vies humaines. Le porte-parole du gouvernement, Monsieur Issa TCHIROMA (Président d’un Parti inféodé au RDPC), très prolixe lorsqu'il s'agit d'invectiver les contradicteurs de son nouveau maître en usant de contre-vérités, n'a pas daigné apporter le moindre éclaircissement sur ce scandale concernant l’achat d’armes par un ministre chargé de mission du Président de la République.

L’armée est complètement instrumentalisée. La récente promotion de 10 officiers supérieurs au grade de général, la veille d'une élection aussi capitale que celle d'octobre 2011, présente des étrangetés : comment explique t-on objectivement, alors que la sécurité du territoire national est constamment menacée, que seuls 2 parmi ces 10 nouveaux généraux nommés aient fait une école de guerre pendant que des colonels ayant ces qualifications attendent sur le banc de touche ou sont envoyés à la retraite peu avant ces promotions ! On est en droit de suspecter le choix des 8 autres généraux promus. Il donne le sentiment d’obéir à des fins politiciennes et de répondre en tout état de cause aux seuls critères de favoritisme, de népotisme ou d’alliance familiale... Au passage, on relèvera l'incongruité et l’humiliation de l’armée qui consiste à faire d’un général d'armée l'aide de camp du Chef de l'Etat. Le rôle qui attend ces promus de la dernière heure, dans la perspective d'octobre 2011 devient dès lors plus  qu’évident.

C’est fort de cette situation potentiellement explosive non seulement pour le Cameroun mais aussi pour toute la sous région que la Diaspora camerounaise en appel aujourd’hui à la communauté internationale afin qu’elle intervienne dans l’organisation de ces élections qui risquent d’entraîner une instabilité sans précédent dans la région. Et pour ce nous la convions à se tenir à nos côtés pour exiger le respect de l’esprit des résolutions de la Rencontre Tripartite de 1991 et la constitution du 16 janvier qui en a découlé. A savoir faire prévaloir l’exigence de l’alternance politique dans le processus  démocratique  au CAMEROUN et d’un organe véritablement indépendant pour la gestion des élections libres et transparentes.

Ceci constituant à notre sens les seuls gages de l’amorce de l’édification d’un Etat de droit au Cameroun.

Paris, le 09 septembre 2011

Pour le Conseil des Camerounais de la Diaspora (CCD)

Le Président, Robert Waffo  Wanto

© Correspondance : Robert Waffo Wanto


12/09/2011
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