Anticiper et sortir par la grande porte ou subir et sortir par la fenêtre. Tel est le dilemme qui attend le chef de l’état et ses alliés

11 FEV. 2011
© André FEZE | Correspondance

En réaction à l’analyse du Militant du RDPC Roger Sombaye Koatadiba


Anticiper et sortir par la grande porte ou subir et sortir par la fenêtre. Tel est le dilemme qui attend le chef de l’état et ses alliés.

En réaction à l’analyse du Militant du RDPC Roger Sombaye Koatadiba

Le vase est plein, bien plein même, on attend juste la goutte d’eau qui va le faire déborder. Entre les menaces d’immolation de l’ex maire Paul Eric Kingue, les tracts d’insurrection à l’Ouest et au Nord Ouest, l’annonce de manifestations publiques par le Combattant MBOUA MASSOCK, la Mobilisation des mouvements citoyens pour revendiquer un organe électoral juste, transparent et équitable, la politisation heureuse de l’opinion et pour laquelle la crise ivoirienne aura largement contribué. Le vase est vraiment plein, car si les points de vue de l’opposition en place sont connus, si les camerounais dans leur grande majorité partagent le point de vue des libres penseurs comme l’écrivain Patrice Nganang qui dans une correspondance sur le site Internet de Cameroon-Info.Net dessine de fort belle manière l’ambiance actuelle du pays, il écrit: je cite « Ainsi donc, des tracts jetés par des jeunes dans certaines de nos villes ont fait Paul Biya interrompre précipitamment sa villégiature suisse d’où il comptait – sans blague ! - s’adresser par vidéo cassette à la jeunesse camerounaise ce 11 février. Qui parmi nous a été surpris ? C’est que de toute sa carrière, l’homme n’a jamais, mais alors jamais fait preuve de courage. Pourtant entre nous, c’est toujours un but contre zéro, lorsque la jeunesse de notre pays fait le vieux dictateur grelotter de peur. Qu’il ne soit pas candidat à l’élection de 2011, demeure cependant le but, le seul qui vaille aujourd’hui, en réalité. Oui, c’est simple : qu’il parte ! Qu’il parte ! Seulement avant, hélas il tient à lire une vingt-huitième fois devant les cameras de la CRTV, ce discours dont tout Camerounais de dix, vingt ou trente ans sait déjà l’introduction, le corps du sujet et la conclusion ! » La coupe se remplit quand on lit l´analyse de Roger Sombaye Koatadiba militant du RDPC. Les camerounais sont enfin sur la même longueur d’onde y compris ceux du RDPC et que dès que la goutte d’eau aura débordé le vase, rien mais vraiment plus rien ne pourra arrêter le peuple souverain sur le chemin de sa libération.

Peut-on, doit-on et au nom de quoi diriger aussi longtemps, pendant 28ans, peut être 35 ans un pays? Un pays essentiellement jeune ? Les lignes qui suivent et qui sont un extrait de la contribution de Roger Sombaye Koatadiba publié dans le Journal le Jour du 09.02.2011 sont assez claires «Il serait pourtant illusoire voire chimérique d’occulter cette interrogation qui hante, j’en suis sûr l’esprit de certains camerounais en ce moment, au vu des évolutions sociopolitiques de certains pays du monde, pas très éloignés de nous. Il convient pour cela de toujours garder à l’esprit que le Président Paul Biya en 2011, âgé de 78 ans, aura cumulé 29 ans à la tête de l’Etat, et se présentera pour un mandat de 7 ans. Au même moment, la population du Cameroun, évaluée à 20 millions d’âmes, est composée de près de 60% de jeunes âgés de moins de 25 ans. Le gouvernement moderne étant aussi une affaire de générations et de goût, la prochaine mandature envisagée, plus que les précédentes, ne sera pas facile à conquérir, à gérer et à maîtriser»

Par rapport à l’état des lieux que les camerounais de tout bord peuvent faire sur le système en place L’analyse de l’administrateur est sans équivoque, il écrit. « Le projet initial du Renouveau a montré ses limites, à savoir : son incapacité, pour diverses raisons objectives et subjectives à produire le progrès économique et social promis dès 1982. La faillite des élites Rdpc a vidé les concepts de rigueur et moralisation de leur réelle portée. La démocratie, mal assimilée par notre parti au pouvoir, génère exclusion, domination, perversion sociale et le retour à l’autoritarisme ».

Il va plus loin pour démontrer la contradiction d’un peuple contraint à la misère dans un pays pourtant béni des Dieux, il écrit, je le cite: « Il n’y a pas de dignité pour quelqu’un qui a faim. Comment comprendre que dans un pays riche, béni de Dieu, que les populations connaissent la pauvreté ? Pendant plus de 25 ans, les camerounais ont vécu de privations. Ils ont attaché la ceinture et retroussé les manches comme le leur a demandé le Président en 1987. Malheureusement, l’on ne voit pas les fruits des énormes sacrifices consentis par le peuple. Du Plan d’Ajustement au DCSE en passant par divers programmes de réduction de la pauvreté, la misère matérielle s’aggrave : pénurie alimentaire ; non accès à l’eau et à l’électricité ; pas de couverture sanitaire etc.…) Pendant ce temps, une minorité continue à piller la fortune publique. Tout cela est devenu insupportable. Aucun délai supplémentaire n’est plus admissible pour la solution de ces problèmes vitaux »

L’homme politique évoque dans son analyse également la façon camerounaise, malsaine et pernicieuse de faire de la politique, un vrai appel au consensus politique tant revendiqué !? À ce sujet il écrit : « Le multipartisme né en 1991 à partir de l’ancien parti unique s’est implanté dans un climat conflictuel dominé par la violence, la haine, la stigmatisation, l’exclusion, la diabolisation. Toute chose ayant contribué à dresser les camerounais les uns contre les autres, en sacrifiant malheureusement l’intérêt national. Cette violence semble même historiquement caractériser l’évolution politique de notre pays depuis l’époque allemande. Je constate pour ma part qu’en ce moment, le pays va mal et c’est le Président qui est le premier à dénoncer cet état de chose. Dans ces conditions, tout comme une famille éprouvée, en difficulté, le Cameroun a besoin de tous ses fils à son chevet. La délectation des uns (opposants) sur les misères de notre pays qu’ils imputent au Rdpc est cynique et antipatriotique. Tout comme l’égocentrisme des autres (au pouvoir) qui, ne percevant l’évolution du pays que sous le prisme déformant de leur position personnelle et clament que tout va bien est irresponsable et puéril. Le Président, en tant que chef de famille, soucieux du bien être de tous, lui qui fustige l’inertie et le manque de créativité et l’incapacité de ses collaborateurs à produire les résultats attendus par le peuple, au point de se demander en 2008 qu’avons-nous faits de nos promesses…devrait ici et maintenant tirer les conséquences de l’échec catastrophique de l’élite (Rdpc) au pouvoir »

Il poursuit sa réflexion en mettant son parti et son chef en garde et écrit: «au risque de s’exposer à ce qui arrive aux partis au pouvoir en Tunisie et en Egypte. Car, disait un sage, « qui refuse la vérité s’expose à la dictature des faits». Cette mise en garde est perceptible dans sa conclusion « En conséquence de ce qui précède, a la question 2011 avec Paul Biya, est-ce souhaitable pour le Cameroun ? Je réponds que nul n’a intérêt à ce que l’actuel Président sorte par la petite porte et soit humilié de quelque manière que ce soit. Dans nos traditions, on ne bannit pas les patriarches, quoi qu’ils aient fait, leur éventuel procès manquant souvent de juges expérimentés. Par ailleurs, après André Marie Mbida et Ahidjo qui ont connu la déchéance, nous devons sauver Paul Biya pour la grandeur et l’honneur de notre pays. Sauver le Cameroun en sauvant Paul Biya est une nécessité historique qui doit mobiliser tous les patriotes, soucieux de ne pas exposer notre beau pays à l’aventure, mal inspirée par les soubresauts actuels de certains pays de notre continent…….. Il faut qu’il accepte d’ouvrir le système et permettre le renouvellement des élites. Le Cameroun n’est pas la propriété de quelques uns, éligibles de pères en fils à la gloire et aux privilèges de la nation. C’est un défi, homérique, mais inévitable ».

Il faut peut être le rappeler, avant cette conclusion l’auteur de l’article suggère au chef de l´état au cas ou il voudrait se reconduire trois principaux axes qui devraient selon lui articuler le nouveau projet politique du renouveau à savoir a) Réinstaurer les valeurs morales b) Eradiquer la pauvreté c) Réaliser la réconciliation politique. Comme si les brisantes analyses fait tout au long de son papier n’étaient pas assez claires pour démontrer l’incapacité du système en place et de son chef à travailler pour la prospérité des camerounais et du Cameroun. Comment penser après la clarté et la pertinence de sa réflexion que ce système et son chef puisse encore logiquement bénéficier de la confiance du peuple ? L’auteur de l’article suggère également à leur champion de donner la chance à toutes les bonnes volontés qui voudraient contribuer au redressement du pays. On comprend ici l’impatience légitime de l´auteur de l´article d´être lui aussi proche des centres de décisions en tant qu’acteur majeur (avec tous les avantages que cela suppose) on est surpris qu´il ait le rêve illusoire de pouvoir changer de l’intérieur, là ou beaucoup d’autres avant lui ce sont cassés la gueule.


Que peut faire le président ?

La presse nous rapporte le dispositif de sécurité mis en place à Bafoussam pour empêcher aux populations de dire leur mal être, ce dispositif dissuasif est accompagné de motions de soutien qui qualifient les concitoyens qui ont faim et soif de « fauteurs de troubles, d’ennemis de la paix » . Le BIR qui aurait été crée entre autre pour obliger les camerounais d’être stoïques et de ne jamais oser crier leur souffrance, sera probablement comme en Février 2008 déployer partout ou le besoin l’exigera ? Connaissant les forfaits perpétrés sur des populations sans défense et le nombre de morts enregistrés en 2008, on se demande si le président laissera l’armée et les forces de l’ordre sous son contrôle, une fois de plus tuer les populations qu’il est supposé représenter et protéger ? L’argument selon lequel ces agissements répréhensibles seraient le fait d’un entourage qui est prêt à tout pour conserver ses privilèges ne tiendra plus la route.

S´il est évident que la répression n´est pas une solution, que peut et que doit faire le chef d´état ? Etant seul à avoir prêté serment, Le chef de l’état seul est comptable de la situation de notre pays. Ses fervents défenseurs pensent qu’il sait prendre des décisions quand elles s’imposent, quitte à mettre tout le parti en porte à faux. L’exemple de 1990 avec l’appel à la concurrence politique étant pour beaucoup l’illustration parfaite de cette indépendance et de la justesse des décisions présidentielles, même comme on peut aujourd’hui facilement faire le constat que le Président l’avait fait contre son gré. Le Cameroun étant loin d’un état démocratique. Des principales caractéristiques d’une démocratie qui sont : a) le consensus politique b) l’alternance au pouvoir c) le pouvoir de la majorité (ce qui suppose une élection à deux tours), aucune n’est respectée dans notre pays. Plus grave encore les accords politiques de la tripartite de 1991 n’ont pas pour la plupart (Nouvelles institutions, Art.66 sur la publication des biens etc.) été mis en œuvre, ou ont été unilatéralement modifié (limitation des mandats présidentiels) ou ont été tardivement mal exécuté (décentralisation). Jusqu’ ici il n’y a pas de consensus politique minimum sur ELECAM.

La ruse, l´escroquerie politique et les institutions sans contenues ne seront plus tolérés. « Au risque de s’exposer à ce qui arrive aux partis au pouvoir en Tunisie et en Egypte. Car, disait un sage, « qui refuse la vérité s’expose à la dictature des faits » dixit son camarade du parti Roger Sombaye Koatadiba, par contre le chef de l’état pourrait de façon volontariste et proactive pour rester en harmonie avec le vœux qu’il formule pour lui-même, à défaut d’avoir apporter la prospérité au Cameroun, il pourrait y laisser une démocratie en construction et pour cela il faudrait :

1. Renoncer à se représenter aux prochaines élections

2. Modifier la constitution et consacrer un vrai équilibre des pouvoirs

3. Mettre en place un code électoral unique consacrant les élections à deux tours et les candidatures indépendantes

4. Créer une commission qui aura la mission d’obtenir un consensus politique sur ELECAM qui dans sa forme actuelle est à modifier

5. Créer une commission pour la réconciliation politique qui aura entre autre objectifs cités plus haut de garantir au président sortant une vie tranquille et paisible dans son pays.


André FEZE


13/02/2011
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