Amadou Vamoulké : « Monsieur propre » dans de sales draps

 Source: Camer.be 02 08 2016

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L’ancien Dg de la CRTV  a été placé sous mandat de détention provisoire vendredi dernier à Kondengui.
 

L’information a circulé de bouche à oreille vendredi dernier, avant d’embraser les réseaux sociaux. L’ex-directeur général de la Cameroon radio television (CRTV), Amadou Vamoulké , a été placé sous mandat de détention préventive à la prison de Kondengui, après une brève apparition au tribunal criminel spécial (TCS). Les choses sont allées si vite qu’au moment où beaucoup de ses ex-collaborateurs de la CRTV  passaient des coups de fil pour vérifier l’information, l’ancien patron de l’audiovisuel public remplissait déjà les formalités pour être logé au pénitencier de Kondengui.

 

Des sources sur place décrivent un homme qui a gardé son flegme britannique en dépit de l’épreuve. En réalité, lorsqu’au mois de juin dernier le TCS émettait une réquisition en vue du retrait de passeport et d’interdiction de sortie du territoire de l’ex-Dg de la CRTV, son arrestation ne relevait plus que d’une question de temps, pour qui connaît le fonctionnement de l’appareil judiciaire au Cameroun.

 

Le 20 juillet, c’était l’apothéose avec la confirmation de l’inculpation d’Amadou Vamoulké par Annie Noëlle Bahounoui Batende, juge au TCS. Un présumé détournement de 2,8 milliards FCFA, représentant le déficit du « report de trésorerie » en 2005, quelques mois après son avènement à la CRTV , est reproché à l’ex-Dg. Le juge, malgré la contestation de l’ancien directeur général, a considéré ce déficit comme étant un détournement de deniers publics. L’erreur entre les écritures comptables et les montants en caisse, évoquée par Amadou Vamoulké  n’a visiblement pas convaincu le juge en charge de l’enquête préliminaire.

 

La gestion de la Cameroon marketing and Communication agency (Cmca), la régie publicitaire de la CRTV, est aussi au centre des ennuis judiciaires de l’ex-Dg. C’est pourtant lui-même qui a porté plainte contre Antoinette Essomba pour émission d’ordre de virement frauduleux à la trésorerie.

 

Elle avait été placée sous mandat de détention provisoire le 17 novembre 2014. Depuis vendredi, celui qui n’a eu de cesse de clamer sa saine gestion séjourne lui aussi dans l’enceinte de la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé. Un mois après son éviction du fauteuil de Dg de la CRTV  (29 juin 2016), Amadou Vamoulké  s’en va retrouver d’autres prises de l’épervier, parmi lesquelles jean marie Atangana Mebara qui, dans son ouvrage paru en 2015, parlait de la nomination de l’ex-Dg comme étant l’une de ses propositions, en qualité de secrétaire général de la présidence de la république.

 

Amadou Vamoulké  est le deuxième Dg de la CRTV  à prendre la destination prison après son prédécesseur Gervais Mendo Ze, qui reste lui aussi tenu dans le même dossier. Ce qui lui a valu son arrestation le 12 novembre 2014. Jusqu’à son incarcération, Amadou Vamoulké  était cité dans le dossier Mendo Ze comme témoin.

 

Autoglorification

Nommé le 25 janvier 2005 à la tête de l’Office de radio et télévision de service public camerounais, c’est par un appel à candidature aux différents postes de responsabilités que l’homme marque son entrée en matière. Même les « inamovibles » de la maison sont obligés de faire acte de candidature pour mériter leur présence à des fonctions dans la structure. C’est le temps des grandes déclarations.

 

« Avec le nouveau Dg, il faut faire ses preuves », murmure-ton dans les couloirs à Mballa II. sa deuxième décision sera de « réduire le train de vie de l’Office », en s’attaquant aux avantages des cadres du « grand malade » qu’est la CRTV. Amadou Vamoulké  annonce également un dégraissage de grande ampleur, car son prédécesseur, Gervais Mendo Zé a procédé à beaucoup de recrutements sociaux. C’est le branle-bas au sein de l’entreprise qui essuie un mouvement d’humeur, mené par ceux que m. Vamoulké baptisera les «néo-talibans».

 

Les ficelles sont tirées aussi bien par des pensionnaires de la boîte que par des artificiers du « pays organisateur » qui ne veulent pas perdre les privilèges acquis sous Mendo Ze, apprend-on. Amadou Vamoulké  ne tolère pas que son « meilleur allié », Charles Ndongo (qui l’a remplacé le 29 juin dernier), soit cité parmi les cerveaux de la fronde.

 

« Il s’agit d’un acte de trahison », souffle Vamoulké à des confidents. Jusqu’au décret présidentiel du 29 juin, les deux hommes resteront des ennemis intimes. D’ailleurs, dans les premiers actes pris par Charles Ndongo, qui annule des appels d’offres lancés par son prédécesseur et opère des changements dans la programmation et le journal télévisé, on perçoit la volonté de rupture avec l’ordre ancien.

 

Consupe

Amadou Vamoulké  se veut intègre dans sa gestion et en phase avec la morale et l’éthique managériales. Il le dit volontiers : « Je n’ai rien à me reprocher sur mon parcours professionnel par rapport aux responsabilités que j’ai assumées». Tour à tour à la sopecam, puis à l’Imprimerie nationale, avant un court séjour dans le secteur privé (sitabac), comme Dg-adjoint, le mouseye (ethnie à laquelle il appartient) qui prend les rênes de la CRTV  a le profil d’un manager rigoureux à son arrivée. Il professe qu’il partira de la CRTV  « en beauté et non botté ».

 

Inculpation

Quelques mois après sa prise de fonction à la CRTV, il est cependant reproché à Vamoulké de s’être octroyé un matricule comme personnel et de bénéficier ainsi d’une double rémunération, au mépris des textes réglementant sa fonction de Dg. La descente du Contrôle supérieur de l’état (Consupe) à la CRTV , après des constats de fautes de gestion, sera banalisée et vue comme le simple fait «des calomniateurs ».

Convaincu du fonctionnement «excellent» de la structure dont il a la charge (malgré le budget revu à la baisse), l’ex-Dg de l’Imprimerie nationale se fait le chantre, à la surprise de l’opinion nationale, de la qualité des programmes que propose l’unique bénéficiaire de la redevance audiovisuelle au Cameroun.

 

 
L’heure est au «ré enchantement» des publics. «Aujourd'hui, les téléspectateurs et les auditeurs sont unanimes pour reconnaître qu'il y a une amélioration substantielle de notre offre de programmes, aussi bien à la radio qu'à la télévision. Mais, je ne comprends pas quelque chose dans notre pays. Les gens renoncent à leurs facultés de juger de manière autonome pour se laisser entraîner par des cancans», dira-t-il dans une interview accordée au journal L’effort camerounais en 2012.
 

Et plus loin, c’est encore lui qui déclare : « Ce n’est pas un défaut d’être rigoureux dans la gestion des ressources publiques », déroule l’ex-Dg. à vrai dire, remplacer Gervais Mendo Ze, qui se confondait déjà à la CRTV  pendant les dix-sept ans qu’il y a passés, était un lourd pari pour Amadou Vamoulké , esprit libre réputé intelligent. Les révélations sur sa gestion «patrimoniale» de la maison CRTV  feront les choux gras de la presse.

 

 
 

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02/08/2016
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