Alternance au Cameroun: Des intellectuels contestataires proposent la rue pour faire partir Biya

DOUALA - 20 NOV. 2014
© Guy Modeste DZUDIE | Le Messager

Mathias Eric Owona Nguini, Henriette Ekwè, Jean-Baptiste Sipa et Cabral Libii étaient les panelistes de la grande palabre tenue dans les locaux d’un hôtel de la ville de Douala.

 

 

«C’est la rue qui fera plier Biya et rien d’autres. Le peuple [Camerounais] est devenu spectateur des gens qui se battent.» Appelée à parler des stratégies à mettre en œuvre pour la réorganisation des forces progressistes au Cameroun, Henriette Ekwè, journaliste et leader d’opinion, pense que l’option d’une lutte insurrectionnelle peut renverser le régime de Yaoundé.

 

Comment capitaliser l'apport des luttes nationalistes pour une nouvelle dynamique démocratique? Pour elle, une réponse s’impose : «seule la puissance invisible de l’engagement des masses» peut faire vaciller tout système autocratique. En prenant l’exemple sur l’alternance au Burkina-Faso où Blaise Comparoé a été renversé par la mobilisation du peuple Burkinabé il y a moins d’un mois, elle trouve qu’il est important que les Camerounais se réarment mentalement pour se positionner, chacun à son niveau, comme acteur potentiel de la chute du régime de Yaoundé. Un discours que le Dr Mathias-Eric Nguini approuve. Car pour lui, « Ce n’est pas une fatalité». « Le combat, poursuit l’universitaire, est dur. Mais tout est possible si les forces s’organisent pour transcender leurs contradictions superficielles et leurs divergences personnelles. De nouvelles alliances entre les partis politiques, la société civile et les bases populaires doivent s’établir. Il faut que les gens dialoguent pour voir leurs points de divergences ou de convergences. On construit la lutte pour une véritable démocratie et le panafricanisme  avec les contraintes que chaque acteur avance.»  


L’ébranlement du système Biya

Au rang desdites contraintes, le politologue évoque la tendance de certains fonctionnaires et hommes d’affaires du système prêts à apporter des moyens de combat au peuple, mais sans vouloir s’afficher comme acteurs dans le cadre de la contestation du système Biya. Et que faut-il retenir lorsqu’il faut analyser les crises politiques et démocratiques, la crise de la représentation et la crise de la ou du politique et luttes sociales au Cameroun ? Pour lui, il faut prendre les moyens fournis par toutes les forces vives dans le cadre du combat contre le système oligarchique «fonctionnaire et parasitaire» qui gouverne le Cameroun. Comment subvertir le réflexe partisan de l'administration publique afin d'en faire un gage de pluralisme politique et de l’État de droit?

 

Jean-Baptiste Sipa, journaliste et militant de la société civile, plaide pour la rupture des pesanteurs. Il dénonce ainsi, l’instrumentalisation des fonctionnaires et des chefs traditionnels par le régime de Yaoundé depuis des décennies. Un discours que partage Cabral Libii quand, il développe « une synergie d'action et d'association entre les organisations de la société civile(Osc), les formations politiques et les forces progressistes en vue d'un changement structurant du système politique » au Cameroun. Pour rendre cette mobilisation optimale, l’intervenant recommande aux leaders politiques une démarche qui pourrait faire renaitre la confiance chez les citoyens. Epinglés indirectement, Anicet Ekanè, membre du bureau politique du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), trouve que l’opposition camerounaise a failli dans les années 1990-1992 parce que le leadership était porté par une personne peu correcte. Il n’a pas cité le nom de Ni John Fru Ndi, leader du Front social démocrate (Sdf en anglais). Mais dans l’assistance, on a bien compris que c’est de lui qu’il parlait.

 

Rappelons que c’est dans le cadre de son plan d'action, dans son volet construction de la démocratie à partir des problématiques locales, que le groupe Samory, éditeur de Germinal, en partenariat avec Dynamique citoyenne et ses partenaires traditionnels (Harmattan Cameroon, La Fondation Gabriel Péri, le quotidien Le Messager, Radio Cheikh Anta Diop, Addec et Human Rights Initiatives (Hri), la chaîne de télévision 7News, a organisé une conférence-débat le mercredi 19 novembre 2014 à Douala sous le thème : « réinventer la politique et la citoyenneté: quels rôles pour les mouvements sociaux? » Pour les organisateurs de « La  Grande palabre », « le constat est saisissant. Parce que, « le régime qui nous tient captifs de nos instincts de conservation ne tolère qu'une opposition faire-valoir; il ne songe pas à l'alternance. La répression et la violence réelles ou symboliques sont ses armes de prédilection ». Une réalité négative qui, selon le responsable du groupe Samory, mérite d’être déconstruite pour le bien de tous.  Hélas tous les Africains ne sont pas les Burkinabé qui ont créé « dégage Blaise » et l’ont fait partir

 

Guy Modeste DZUDIE

 



20/11/2014
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