Aliénation coloniale et post-coloniale: La Lékié en danger

Yaoundé, 14 Février 2013
© Etung Atan (Nouvelle Afrique) | Correspondance

Le jeune Capitaine Alima Ossegue Stéphane Stanislas décédé le 22 janvier 2013 à l'hôpital central de Yaoundé a été porté en terre dans son village natal Nkolmbéné dans l'arrondissement d'Obala le 09 février dernier.

L'histoire pathétique de ce brillant Officier des forces de défense du Cameroun vient illustrer la chronique d‘une déchéance. Né en 1975, il devait passer Chef de bataillon dans quatre mois, selon les révélations de sa hiérarchie. A peine 38 ans, grand sportif, la question qui vient alors tout de suite à l'esprit est la suivante: de quoi est-il mort? La réponse est qu'il a été tué par l'inertie et l'impéritie.

Inertie de la haute hiérarchie, et l'impéritie de pseudos médecins spécialistes de nerfs. Cette mort qui n'est pas exclusive, vient souligner la déchéance de la Lékié son département d'origine. Pourquoi se demande-t-on? Nous le dirons plus loin.


La maladie

Que ce soit la famille, son corps de métier ou les nombreuses personnes et personnalités qui ont assisté à l'inhumation, personne ne sait de quoi est mort le jeune Capitaine, et pour cause, les médecins après moult examens et autre scanner n'ont rien dit qui puisse édifier la compréhension de qui que ce soit.

Le Capitaine disait avoir comme des décharges électriques aux jambes, aux mains et à la colonne vertébrale. Personne dans les hôpitaux qui l'ont abrité, n'a pu nous dire de quoi souffre le Capitaine qui, au fur et à mesure, ne pouvait plus se tenir debout. Une semaine durant avant sa mort, son médecin ne lui a pas rendu visite, le laissant ainsi seul face à sa maladie. Pourtant, le Capitaine a fait deux demandes: Il fallait a-t-il dit qu'on lui fasse un rapport médical qui permettrait une évacuation sanitaire. La facture des examens a même été établie. Montant: 4 millions neuf cent mille francs. Le Ministère de la défense n'a pas cru devoir sortir cette somme! Faute de soins et d'argent, un brillant Officier est mort.

Que vient chercher toute la Lékié dans ce drame? Le Rédacteur de ce papier est de la Lékié et, du fait de son âge, peut se targuer connaitre un certain nombre de coutumes, de traditions et de pratiques. Nous n'avons pas le droit de laisser mourir nos enfants de cette manière.

La tradition qui nous a été léguée affirme: «Les vieux palmiers meurent pour être remplacés par des jeunes». D'où vient-il que nous laissons nos enfants mourir aussi bêtement? La mort est naturelle, nous le savons. Les Prêtres et les Pasteurs, pour calmer les familles endeuillées parlent parfois à tort d'une décision de Dieu. Je voudrais leur dire que Dieu ne décide de la mort de personne. Chacun de nous remplit les conditions qui le conduisent à la mort. Nous nous insurgeons contre le laisser aller actuel et le chloroforme des religieux.

Le créateur a doté l'être humain de facultés qui lui permettent de se sortir des situations comme celle qui nous enlève aujourd'hui ce brillant camerounais.

Notre responsabilité est entière. De pseudos savants diront: on ne lutte pas contre la mort. Nous estimons que ce sont de simples plaisantins. Nous ne faisons que cela. La lutte contre la mort est permanente. Lorsque les remèdes ne viennent pas à bout d'une maladie, l'assemblée de sages parle.

Où est celle de la Lékié? Département qui organise sa vie par décrets du Président de la République. Où nous rencontrons nous pour régler les problèmes de notre aire culturelle? Notre déchéance s'observe par des faits, des postures qui indiquent nos renoncements, nos compromissions. Parce que de prétendues élites ne connaissent rien des énormes richesses de notre culture, nous sommes aujourd'hui balancés entre des «initiations» de cultures abâtardies d'autres continents. Comment peut-on comprendre que des Chefs traditionnels portent des galons. Ces derniers renvoient à quelle tradition? La chosification de la chefferie traditionnelle est une preuve de notre déchéance, de notre aliénation. A l'Ouest, au Nord, au Sud-Ouest, au Nord-Ouest et dans le Littoral, le Chef traditionnel se reconnaît non au galon Colonial, mais aux attributs de sa culture, de ses traditions.

Que la Lékié comprenne, c'est notre souhait et ce sera notre combat, qu'un Chef traditionnel est non seulement le gardien des traditions de son peuple, mais aussi le Chef de tous ses sujets qu'ils soient du parti au pouvoir ou non.

Que l'on perde un enfant par un accident de la route, cela s'explique et se comprend, que cela arrive du fait de nos divisions et de notre aliénation, n'est pas pardonnable.

La parole, lorsqu'elle est l'expression d'une pensée noble et altruiste, est une force.

Je n'apprends rien aux multiples «initiés» qui peuplent notre administration. On peut encore sauver les meubles car, les Manguissa et Eton ont encore quelques ressources.

Beaucoup se disent chrétiens. A ceux-là, je rappelle que malgré la fatalité de la mort. Jésus a guérit des malades, et ressuscité des morts. La médecine des blancs soigne avec des placebos. C’est le lieu de dire que le placebo est une substance neutre dépourvue d'activité pharmacologique. C’est-à-dire qu'un malade peut être soigné par une simple eau présentée comme un remède. Le corps humain se soigne dans certaines circonstances.

Les Eton sont-ils des fous? C’est à nous-mêmes de répondre. En laissant mourir nos enfants, nous ouvrons la porte à notre perte. Nous avons mal assimilé la notion de salut. Nos rites de purification qui ne s'appliquent jamais à un seul individu, font la démonstration du caractère général du salut.

Ce n'est pas aux seuls Prêtres et Pasteurs que le Christ dit: ce que vous lierez sur la terre sera lié dans les cieux. Nous souhaitons que la Lékié lie de bonnes choses sur la terre afin qu'elles soient liées au ciel. A la vérité, nous ne sommes pas des fous mais, nous risquons d'être victimes de ce faux cliché. Nous pouvons encore inverser la tendance, nous pouvons encore redresser la barre. Pour cela, il est impératif de tordre le coup à la mentalité de ceux qu'un décret rend ivres d'un faux pouvoir qui du reste, disparaît au gré des humeurs de celui qui signe les décrets.

Source: Nouvelle Afrique


14/02/2013
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