Albert Roger Milla: L'ambassadeur qui voulait protéger le général

Albert Roger Milla: L'ambassadeur qui voulait protéger le général

Le Messager

Subjugué par entre la guerre froide qui existe entre lui et des responsables de la fédération camerounaise de football, ses multiples sorties médiatiques et ses prises de position sur la gestion cavalière du football camerounais, Roger Milla est parvenu à se faire des ennemis. Pourtant il continue de cracher le  venin quand l’occasion est propice...

C’est connu de tous ! Roger Milla n’a pas sa langue dans la poche. Depuis ces deux dernières années, l’ambassadeur itinérant fait les choux gras de la presse nationale et internationale. Subjugué par entre la guerre froide qui existe entre lui et des responsables de la fédération camerounaise de football, ses multiples sorties médiatiques et ses prises de position sur la gestion cavalière du football camerounais, Roger Milla est parvenu à se faire des ennemis. Pourtant il continue de cracher le  venin quand l’occasion est propice. Tant pis s’il choque ou irrite les sensibilités.

L’ambassadeur s’en fout ! Il n’y a pas longtemps le footballeur africain du  siècle menaçait de faire descendre dans la rue ses compatriotes pour exprimer le ras-le bol quant à la façon dont la fédération camerounaise de football est gérée, estimant qu’il faut à son pays « une fédération solide, responsable et à la renommée du football camerounais ». Or, constatait-il, les responsables actuels de la Fécafoot « passent leur temps à falsifier les documents, les libérations des joueurs. Ils n’ont rien à faire dans le football ». La conséquence de cette incompétente selon l’ancien sociétaire du Tonnerre Kalara Club de Yaoundé, c’est la mauvaise passe dans laquelle se trouve le sport-roi depuis des années. Et le malaise, précise Roger Milla, se trouve à tous les niveaux, tant dans l’administration de la sélection fanion qu’au niveau de la gestion managériale des clubs.

Dans l’entretien ci-dessous, l’avant-centre émérite des Lions que nous avons rencontré à la clôture d’un championnat de vacances à Obala, réitère sa volonté d’organiser cette marche ; cette fois pour contester la mise sur pied de la « ligue professionnelle », car estime-t-il, « toutes les conditions ne sont pas réunies pour  un championnat d’un tel acabit ». Roger Milla explique également comment en acceptant de prendre les commandes de celle-ci, le général Pierre Semengué risque d’essuyer une déconfiture de plus après l’aventure foireuse de la Linafoote il y a aujourd’hui plus d’une décennie.

« Les footballeurs doivent s’opposer au démarrage du championnat professionnel »

Les membres du conseil d’administration de la ligue de football professionnel sont déjà connus. On est un peu surpris que votre nom n’y  figure pas...

Pourquoi devrait-il y figurer ? Je vous ai dit plus d’une fois que je ne suis pas d’accord avec la mise sur pied de ce championnat professionnel parce qu’on n’a pas encore les moyens pour s’engager dans une telle aventure. Vous êtes peut-être surpris de ne pas voir mon nom parmi les membres du bureau, mais le général Pierre Semengué m’a appelé avant-hier (jeudi 08 septembre 2011, ndlr) pour m’annoncer que je suis vice-président de la commission des infrastructures. Ils veulent peut-être me piéger dans leur affaire-là. Je ne ferai jamais partie d’un bureau dans lequel les membres ne veulent pas écouter ce que je leur dis concernant le football. Sincèrement, cette ligue ne m’intéresse pas. Si je m’oppose à cela, c’est parce que ce sont les joueurs qui vont souffrir. Il ne faut pas qu’on les prenne pour des clowns; qu’ils aillent se tuer sur les stades pour après recevoir des modiques primes de 50 000 Fcfa. Je demande donc à tous les footballeurs camerounais, qu’ils soient de première ou de deuxième division, de refuser cette ligue. Et c’est de leur droit de s’y opposer. Ils ont même le droit de dire que le championnat ne démarre pas.

Doit-on comprendre par là que vous refusez la main tendue du général Semengué ?

Non. Le problème est ailleurs. Ce n’est pas une question de refuser la main tendue du général Semengué. Je vous l’ai dit plusieurs fois, le général Semengué est pour moi comme un père. Lorsque j’évoluais dans le Tkc, c’est lui qui m’a accueilli. Mais je pense qu’un père doit aussi savoir écouter son fils. Je ne voudrais pas qu’il vive deux fois de suite autant d’aventure foireuses. On l’a connu à la tête de la ligue nationale de football d’élite (Linafoote). Lorsque l’aventure tourné au vinaigre, on s’est moqué de lui. Maintenant c’est la ligue de football professionnel.

A l’allure où vont les choses, si ça foire, on va l’insulter. Et moi je ne peux pas supporter qu’on l’humilie de la sorte. Bien plus, Pierre Semengué doit savoir qu’il est non seulement le premier général du Cameroun, mais aussi le plus gradé. Tout cela mérite qu’on le respecte. On ne va pas le traîner dans la boue pour une histoire comme celle-là. Pour qu’on lui confie cette lourde tâche, il faudrait avant tout que toutes les conditions soient réunies pour la mise sur pied effective d’une ligue professionnelle. C'est-à-dire que nous ayons des stades qui respectent les normes internationales, des arbitres professionnels, bref que tout soit professionnel. Je pense que si tout cela est fait, le général fera correctement son travail.

On remarque que plusieurs membres de cette ligue de football professionnelle sont des membres de la fécafoot. Qu’est ce que cela vous inspire ?

Vous constatez vous-même que c’est toujours la fédération qui tire les ficelles. C’est bonnet blanc, blanc bonnet. Si le général se permet d’avoir parmi ses collaborateurs des membres de la Fécafoot , c’est dire qu’il veut se faire traîner dans la boue. Je suis désolé et profondément écœuré de constater que les choses se passent ainsi. J’espère que cette ligue ne va pas démarrer. De toutes les façons, je n’ai pas encore dit mon dernier mot, puisque je réitère ma volonté d’organiser une marche dans la ville pour empêcher cette compétition de démarrer.
On remarque également que les vices-présidents de cette ligue n’ont pas encore démissionné de leur poste de président de club...

Voilà une autre preuve qui démontre à suffisance que ceux qui gèrent notre football sont encore en train de préparer des magouilles. Ils vont perdre le temps pour qu’on oublie qu’ils devaient d’abord démissionner de leur poste et après ils vont mettre leur batterie en marche. Ce n’est vraiment pas sérieux et dommage pour ces Camerounais qui aiment le football ; qui l’ont toujours accompagné.
 
D’après vous, qui est responsable de tout cela ?

(sourire). Vous voulez que je vous dise qui est responsable ? C’est bien ceux qui gèrent notre football. Ce sont eux qui sont à l’origine de cette situation qui ne nous honore vraiment pas.
 
Parlons, si vous le voulez bien, des Lions indomptables qui ont laminé l’Ile Maurice le week-end dernier. Au lendemain de cette victoire, d’aucuns ont dit que c’est la sérénité retrouvée dans la tanière.

De quelle sérénité parlez-vous ? On a juste renoué avec la victoire face à l’île Maurice. C’est tout. Même Coton Sport de Garoua qui joue la Champions League africaine pouvait battre l’Ile Maurice. Il ne faut pas qu’on se voile la face, qu’on embrigade les Camerounais de la sorte en leur faisant croire que la sérénité est revenue à l’équipe nationale. Attendons de voir la saison prochaine pour juger de cette sérénité. Je souhaite vivement que cette sérénité revienne. Vous savez, lorsque l’équipe broie du noir et dégringole, elle ne fait pas seulement honte aux dirigeants de la Fécafoot ou du ministère des sports, mais également à moi ; parce que quand je vais partout, c’est moi qu’on pointe du doigt. Et cela me fait très mal. Mon vœu c’est de voir cette équipe retrouver son aura d’antan.  Si on ne met pas de la discipline parmi les dirigeants de cette équipe, il ne faut pas rêver. On ne pourra jamais avoir une grande équipe.

Christian TCHAPMI à Ekoum-Douma




13/09/2011
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