Aide publique à la presse: Tchiroma et ses 40 voleurs du Mincom

YAOUNDE - 25 JUIN 2012
© HALILOU | L'Oeil du Sahel

Le ministre de la communication vient d’être pris la main dans le sac.

Si nos hommes politiques avaient encore un certain sens de l'honneur, et si nos directeurs retraités en service au ministère de la Communication avaient pitié de notre pays, ils devraient démissionner. Après le scandale des révélations sur les pots-de-vin reçus de l'Afrique du Sud et publiés par votre journal, voici Issa Tchiroma de nouveau impliqué dans le détournement de l'aide destinée aux journaux camerounais. La Conac a du pain sur la planche, elle qui s'est souvent plaint des tripatouillages de l'utilisation de l'aide à la communication privée.

L'occasion lui est également donnée de descendre aussi pour voir le projet REDCOM-ZOFT où depuis 2006, le gouvernement injecte annuellement 600 millions FCFA pour résorber les zones d'ombre et de silence aux frontières du Cameroun. Le projet piloté par M. Mezom Melouta, directeur des Technologies, retraité depuis plus d'un an, n'a donné aucun résultat à ce jour, puisque aucun site n'est fonctionnel.

Pour en revenir à l'affaire du détournement de l'aide à la presse privée, l'arrêté ministériel n°017/MINCOM/CAB du 23 septembre-2002 portant création, organisation et fonctionnement de la Commission nationale d'examen des demandes d'accès au bénéfice de l'aide publique à la communication privée, qui institue cette aide, précise bien qu'elle est destinée aux médias privés. Comment se fait-il que la décision n°032/MINCOM/CAB du 18 juin 2012 portant attribution d'un appui spécial au titre de l'aide publique à la communication privée attribue ladite aide à la Commission d'examen des demandes d'aide organisme public du ministère de la communication, à France Télévision, télévision publique française, à la Société brésilienne de production Ciné vidéo, à British Broadcasting Corporation (BBC) une chaîne publique anglaise et à Japan Broadcasting Corporation, une chaîne publique japonaise ? Comment l'argent destiné aux privés est-il donné au public ? Comment l'argent destiné aux médias camerounais est-il donné aux médias étrangers?

Comme aucun crime n'est parfait, cette décision s'est fort malencontreusement retrouvée à la CRTV et à la Sopecam (Cameroon Tribune), pour publication. Cette malencontreuse erreur indique bien que depuis des années, le détournement de cette aide fait partie du sport favori de quelques responsables du Mincom avec à leur tête le chef de ce département ministériel. Ils doivent maintenant expliquer pourquoi cette aide a été accordée à ces mousquetaires? Combien a-t-on payé? Depuis quand les télévisions étrangères touchent cette aide? Peut-on nous fournir les comptes d'emploi des différentes sessions de cette Commission depuis qu'elle a été instituée. Si depuis plusieurs années on attribue cette aide à des sociétés étrangères, il faudrait qu'on nous dise quels sont les noms de leurs représentants qui venaient décharger les sommes attribuées. Il est important que ces clarifications soient connues parce que d'ici là qu'on dise demain que Télé Tchad, RTI et autres ont reçu de l'aide pour avoir «bien parlé» du Cameroun, il n'y a plus qu'un pas que d'aucuns peuvent franchir aisément.


EXPLICATIONS BOITEUSES

Dans la mise au point sans numéro en date du 20 juin 2012, initiée par le directeur des Médias privés, le retraité Mvoto Obounou, Issa Tchiroma ne fait que s’enfoncer encore plus lorsqu’il dit que le communiqué n'était nullement relatif à l'attribution d'un appui au titre de l'aide publique à la communication privée. Pourtant, la décision 032/MINCOM/CAB du 18 juin 2012 est formelle puisqu'elle s'intitule «Décision portant attribution d'un appui spécial au titre de l'aide publique à la communication privée». Par ailleurs, l'article 1er de cette décision du 18 juin 2012 est formel. Il précise que : «les organisations et personnalités ci-après désignées reçoivent, pour compter de la date de signature de la présente décision, un appui spécial au titre de l'aide publique à la communication privée, pour le coin pte de l'exercice budgétaire 2012». Pis, la mise au point parle d'un communiqué paru dans Cameroon-Tribune n°10118/6319, page 30, est-ce à dire que le ministre de la Communication confond maintenant le communiqué et l'acte administratif qu'est la décision du 18 juin 2012? Et pour montrer qu'il a vraiment perdu le Nord, sa mise au point précise que «Le texte se rapportait à un classement interne, à l'intention de la hiérarchie sur les structures étrangères ayant réalisé des reportages de bonne facture technique en faveur de l'image du Cameroun, au cours des 02 dernières années». Est-ce de cette façon que l'on informe la hiérarchie? Pour informer la hiérarchie, une note ou alors une lettre aurait été largement suffisante. On n'a pas besoin de signer une décision qui précise bien qu'il s'agit d'un appui au titre de l'aide.

A propos des structures étrangères dont parle Tchiroma dans sa mise au point et qui ont réalisé des reportages en faveur de l'image du Cameroun au cours des deux dernières années, le bénéficiaire n°1 dans sa décision du 18 juin 2012, c'est-à-dire «la Commission d'examen des demandes d'accès au bénéfice de l'aide publique à la communication privée», est-elle une structure étrangère? Quel reportage a-t-elle réalisé? Le ministre peut-il dire les dates auxquelles ces reportages ont été diffusés? Pourquoi depuis plus d'un an, le Ministre n'a pas dit aux Camerounais que des télévisions étrangères ont fait des reportages élogieux sur le Cameroun? Le ministre de la Communication et son directeur retraité, Mvoto Obounou, peuvent-ils présenter les dossiers de ces cinq (05) bénéficiaires spéciaux? En tout cas, des membres de la commission d'examen dont l'avis est visé dans la décision disent pourtant qu'ils n'ont pas vu ces dossiers.


MAUVAIS PARTAGE

Depuis quelques jours, Mvoto Obounou clame sur tous les toits qu'il s'agit d'un malheureux dysfonctionnement. Le dysfonctionnement dont il parle ressemble, à s'y méprendre, à un mauvais partage du butin. Une dame, en service à la cellule des Relations publiques, mécontente paraît-il du partage habituel, a pété un câble et tout balancé. Ouf ! Sauf si Mvoto Obounou veut traiter son ministre d'aveugle, c'est-à-dire, un monsieur qui signe toute une décision sans la lire!
Cette situation est suffisamment grave. Elle montre que s'est installée une habitude tendant à attribuer à l'insu des uns et des autres, l'aide destinée aux médias privés camerounais, aux médias étrangers. Elle prouve qu'on a l'habitude d'attribuer l'aide à la Commission qui examine les demandes. Elle prouve aussi qu'on met les noms des structures pour dire qu'elles ont perçu de l'argent, juste pour des raisons purement comptables, alors que d'autres petits malins émargent en leurs noms.

In fine, ce scandale prouve aussi que le gouvernement camerounais corrompt les médias étrangers pour que ceux-ci présentent une bonne image du Cameroun. Si on nous dit que ce n'est pas une aide réellement perçue, cela veut donc dire que les gens se sont partagés cet argent, qu'il y a eu détournement, que ce procédé de détournement existe depuis longtemps. Pour l'appui à la commission d'examen, il ne peut s'agir des primes, puisque dans le budget de fonctionnement du ministère, il est souvent prévu une ligne de primes pour travaux spéciaux de plus de 2 millions FCFA à distribuer aux membres de la commission.
Ce scandale est politiquement grave, car il suggère également que la télévision française, la télévision britannique et la télévision japonaise se font souvent corrompre pour réaliser des reportages sur les pays africains. Ces télévisions devraient donc dire à quel moment elles ont réalisé des reportages sur le Cameroun. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel en France devrait demander à France télévision des explications sur ce scandale. Le Parlement britannique devrait ouvrir une enquête pour savoir de quoi ça retourne pour la BBC. Il en est de même des japonais. Autrement, de deux choses l'une : ou ces télévisions publiques ont été effectivement corrompues par le gouvernement camerounais et devraient rembourser cet argent, soit produire des démentis ou droits de réponse et éventuellement porter l'affaire devant les tribunaux pour diffamation. Sinon, elles seraient des complices passifs des corrupteurs et des détourneurs de fonds publics au Cameroun qui font la honte et le déshonneur du pays. Quand on pense que Tchiroma a fait de l'augmentation de cette aide un ses plus grands combats, on comprend maintenant pourquoi. C'est que plus elle augmentait, plus la poche de sa gandoura prenait aussi du volume.



25/06/2012
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