Afrique : Mise en service annoncée du Fonds monétaire africain en 2011 à Yaoundé au Cameroun

Afrique : Mise en service annoncée du Fonds monétaire africain en 2011 à Yaoundé au Cameroun

BEAC:Camer.beCréé à la faveur de l'Acte constitutif de l'Union africaine (UA) adopté en 2000, le Fonds monétaire africain (FMA) chargé de veiller à la stabilité financière du continent n'attend plus que les décisions des ministres des Finances et de l'Economie en décembre des pays membres et surtout des chefs d'Etat en janvier pour sa mise en service. Une réunion d'experts internationaux indépendants a validé il y a deux semaines les textes fondateurs de la nouvelle institution, préparés par le comité de pilotage présidé par l'ancien ministre camerounais délégué au Budget Jean-Marie Gankou. "Ces experts qui venaient des quatre coins du monde étaient venus apporter leur appréciation sur le travail qui a été fait par le comité de pilotage", a souligné ce professeur d'économie à Xinhua.

La rencontre a également réuni des représentants du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque européenne d'investissement (BEI). "Toutes ces institutions vont collaborer, contrairement à ce que certains ont pensé, pour une meilleure gouvernance de l'économie internationale", a affirmé M. Gankou.

Dans les prochains jours, ce sera au tour des experts nationaux des 53 pays africains de se réunir au siège du FMA à Yaoundé, la capitale camerounaise.

"Les experts nationaux viendront également apprécier le travail du comité de pilotage avant qu'il ne soit soumis aux ministres de l'Economie et des Finances des 53 pays africains. Une fois cette étape franchie, il ne restera que celle des chefs d'Etat qui adopteront les textes fondateurs au prochain sommet qui est prévu pour janvier prochain", a dit l'ancien ministre.

La désignation du Cameroun pour abriter le siège du Fonds avait été faite fin juin 2008, en marge du sommet des chefs d'Etat de l'UA à Charm el-Cheikh en Egypte. L'équipe conduite par le Pr. Jean-Marie Gankou au poste de président du comité de pilotage a pris ses fonctions, pour un mandat d'un an, à la suite de l'inauguration des locaux en septembre 2009.

"Le travail du comité de pilotage a été fait dans les délais, un peu avant la date limite qui a été fixée pour ce comité", se félicite M. Gankou. Pour que le Fonds devienne opérationnel, explique-t-il, il suffira que 15 ou 16 pays africains ratifient les textes qui auront été adoptés par les chefs d'Etat et l'institution se mettra en place.

Interrogé sur le capital et le mode de fonctionnement de l'institution, le président du comité de pilotage n'a pas voulu laisser percer le mystère. "Il appartiendra aux institutions compétentes (réunion des ministres, sommet des chefs d' Etat) à décider. Sur le plan technique, nous avons fait plusieurs scénarios, on ne sait pas encore lequel des scénarios va être retenu", s'est-il contenté de dire.

"Les principaux scénarios, deux ou trois, que nous avons retenus prennent en compte la solidarité qui caractérise l'Africain. Ça va constituer un peu la spécificité du Fonds monétaire africain", a-t-il ajouté.

"L'institution est une propriété des Etats africains. La participation au capital, d'après les propositions qui ont été formulées, il appartiendra au propriétaire de voir à quel degré le capital pourra être ouvert aux autres contributeurs", a-t-il poursuivi.

S'agissant de l'organisation, Jean-Marie Gankou déclare également, sans autre précision, qu'"il y aura un conseil de gouverneurs qui sera l'organe de gestion suprême. En dessous du conseil de gouverneurs, il y aura un conseil d'administration et en dessous du conseil d'administration, il y aura le management de l'institution".

Une des institutions financières prévues par l'Acte constitutif de l'Union africaine, avec la Banque centrale africaine (BCA) à implanter à Abuja au Nigeria et la Banque africaine d'investissement (BAI) devant s'installer à Tripoli en Libye, le Fonds monétaire africain a pour principale mission de garantir à l'Afrique une croissance macroéconomique et, en particulier, son développement commercial.

Au plan pratique, il œuvrera à promouvoir les échanges commerciaux dans un continent réputé pour un faible niveau de commerce entre ses nations (10 à 12% au cours des décennies écoulées) et dont la contribution au commerce mondial "a décliné et est passée de 6%, il y a de cela 25 ans, à près de 2% aujourd'hui, voire à moins de 1% si l'Afrique du Sud n'est pas prise en compte", selon la Commission des Nations Unies pour l'Afrique.

"Le Fonds jouera le rôle de chambre de compensation et s'occupera de problèmes macroéconomiques au sein du continent", avait indiqué le Commissaire de l'UA pour les Affaires économiques, Maxwell Mkwazelamba, lors de la signature de l'accord de siège avec le Cameroun en 2008 à Charm el-Cheikh.

Chef de la division des politiques économiques et de la recherche à la Commission de l'UA, Abdallah Musa, soutient pour sa part que "la mise en place du FMA au Cameroun, de la banque centrale africaine au Nigeria et de la Banque africaine d'investissement en Libye est un acte de regroupement tant souhaité pour échapper, le cas échéant, au diktat imposé d'ailleurs et souvent inadapté aux réalités des pays en développement".

Parlant de diktat, le Fonds monétaire international, dont le rapprochement avec le Fonds monétaire africain est vite trouvé par l'opinion publique africaine, a laissé un triste souvenir au sein du continent pour ses politiques d'ajustement structurel qui, décidées dans un contexte de crise économique généralisée dans les pays africains dans les années 1980, ont produit des effets pervers pour l'amélioration des conditions de vie des populations.

"La question qui revient de manière récurrente, c'est : il existe déjà le Fonds monétaire international, pourquoi le Fonds monétaire arabe, le Fonds monétaire asiatique, le Fonds monétaire africain? Je pense qu'avec le Fonds monétaire africain, nous allons apporter une vision africaine à l'économie mondial", assure Jean-Marie Gankou.

Pour lui, l'importance de ces institutions, c'est qu'elles ont la charge de contribuer à la stabilité, de gérer les crises financières et de veiller au bon fonctionnement de l'économie mondiale.

© Casafree : Raphaël MVOGO


01/12/2010
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