Afrique: Le salaire des chefs d’Etat, un tabou!

YAOUNDÉ - 24 Mai 2012
© Pierre Amougou | La Météo

En plus des fonds des caisses noires qui s'évaluent à plusieurs milliards FCFA.

Deux jours après sa prestation de serment, François Hollande a décidé de baisser de 30% son salaire et celui de ses ministres. Le nouveau locataire de l'Elysée (d'obédience socialiste) va gagner par mois 9,766 millions de francs Cfa (salaire brut) environ contre 13,951 millions FCFA environ pour le président conservateur sortant, Nicolas Sarkozy. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, gagne quant à lui 15,065 millions FCFA par mois, pendant que David Cameron, le Premier ministre britannique touche environ 9,071 millions FCFA. Alors que le salaire mensuel du président de la République est connu de tous dans les pays occidentaux, en Afrique c'est une question qui fait partie du chapitre des secrets d'Etat. La publication des indemnités des chefs d'Etat du continent noir reste l'exception plutôt que la règle.

Des dérogations faisant école. Au rang des exceptions, Blaise Compaoré (Burkina Faso), Ellen Johnson-Sirleaf (Liberia) Idriss Déby ltno (Tchad), Jacob Zuma (Afrique du Sud) Mwai Kibaki (Kenya)... En effet, Jacob Zuma, le chef de l'Etat sud-africain, a un salaire mensuel de 12,379 millions FCFA. Un traitement comparable à celui des présidents directeurs généraux des grandes entreprises du pays de l'Arc-en-ciel. Et son prédécesseur Thabo Mbéki, moins glouton, gagnait 5,819 millions FCFA, salaire qu'il percevra à vie en tant qu'ancien président. Au Kenya, le président Mwai Kibaki reçoit 12,870 millions FCFA. En 2008, un an après son élection, le président kényan a refusé l'augmentation de 186% que les députés lui avaient octroyée, pour faire de lui le fonctionnaire le mieux payé du Kenya. Au Liberia, Ellen Johnson-Sirleaf touche 3,635 millions FCFA. Au Burkina Faso, Blaise Compaoré gagne pratiquement 1,666 million FCFA. Et au Zimbabwe, Robert Mugabe perçoit 720 500 FCFA. Bien que d'autres fonds secrets leurs sont alloués budgétairement, ces quelques cas constituent plus ou moins un signe de gestion transparente des finances publiques, mieux des budgets de ces Etats. Les présidents Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire (ancien fonctionnaire international qui a trouvé une grille officielle du salaire de son prédécesseur Laurent Gbagbo), Ali Bongo Ondimba et bien d'autres dirigeants sont de plain pied dans la pratique de l'opacité des salaires, décriée à travers le continent.


24/05/2012
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