Afrique, Communauté internationale : Après la Civilisation apportée lors de la colonisation, ils nous apportent désormais la légitimation à nos Présidents

Afrique, Communauté internationale : Après la Civilisation apportée lors de la colonisation, ils nous apportent désormais la légitimation à nos Présidents

UE:Camer.beDepuis que ce monde est monde et que cette terre est terre, je ne connais pas au cours des derniers siècles, un peuple, aussi chanceux que le peuple qui remplit l’Afrique subsaharienne. Ils bénéficient de tellement d’amour de la part de la communauté internationale. Il est étonnant que les autres peuples n’aient pas encore fait la guerre pour bénéficier des mêmes attentions. Voilà des gens qui, c’est bien connu, ont été longuement et de tout temps d’ailleurs été choyés par la bienveillante communauté internationale.La dernière élection présidentielle en Côte d’Ivoire nous a encore donné l’occasion de mesurer toute la tendresse, la douceur, l’affection ô combien exceptionnelles que la communauté internationale portait à l’endroit des africains. Entendons-nous bien, l’objet de cette courte réflexion n’est pas de savoir si  c’est ADO ou alors LG qui est le véritable vainqueur. Je veux vous inviter à réfléchir à l’amour éternel que nous porte la communauté internationale.

De la communauté internationale

De quoi s’agit-il ? Je préfère laisser le spécialiste des relations internationales, Hubert Védrine donner son avis sur cette expression.  « Il n’y a pas encore de « communauté » internationale. C’est un terme sympathique mais prématuré. Le monde formera peut-être un jour une « communauté » mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il y a dans ce monde des forces, des divisions et des tensions multiples. » (Word Policy, 2008, hubertvedrine.net)

Je le rejoins parfaitement pour signaler qu’il y a tellement d’intérêts contradictoires entre acteurs internationaux qu’il n’existe point de «communauté» internationale car nous ne partageons pas toujours une «communauté» d’intérêts.

Puisque je conçois que nombre de personnes puissent penser le contraire, je voudrais soumettre ceci à leur pensée :

- Parle-t-on de la même communauté internationale qui a refusé de reconnaître le Hamas alors qu’il avait été démocratiquement élu par les Palestiniens ?

- Parle-t-on de la même communauté internationale qui a soutenu des dictateurs et renversé des présidents démocratiquement élus ?

- Parle-t-on de la communauté internationale qui semble ignorer qu’il y a des millions de morts qui ont été tués en RDC au cours des dernières années ?

- Parle-t-on de cette communauté internationale qui n’a dit mot ou en tout cas n’a pas fait grand-chose de fondamental lors des élections présidentielles contestées au Gabon ou au Togo ?

- Est-ce toujours cette communauté internationale, dont certains membres, ne parlent de Bien Mal Acquis, que plusieurs décennies plus tard ?

- Est-ce bien de cette communauté internationale, dont un des membres les plus éminents, d’après WikiLeaks espionne les dirigeants des Nations Unies dont Ban KI MOON, Secrétaire Général ?

Sont-ce donc, ces défenseurs de la morale, de l’éthique et définisseur de ce qui est bien qui tentent de : « recueillir les '' empreintes digitales, photographies faciales, ADN et scanners de l'iris '' ou encore les numéros de cartes de crédit, mots de passe internet et autres détails privés des dirigeants de l'organisation. » ?

« Une directive similaire signée en avril 2009 d’Hillary Clinton réclame également des détails sur des personnalités dans trois pays africains: République démocratique du Congo, Rwanda et Burundi. La secrétaire d'Etat exige des données concernant des responsables d'avenir dans les domaines politique, militaire, commercial ou du renseignement. »

(WikiLeaks, jeuneafrique.com, europe1.fr)

Quand la communauté internationale nous aide et nous aime

C’est bien connu, les colonisateurs ne sont arrivés en Afrique que pour nous faire du bien et civiliser les indigènes que nous étions. Faisant la constatation irréfutable, indémontable, implacable et irréversible selon laquelle nous n’avions ni culture, ni civilisation, ils nous ont généreusement donné et sans rien attendre – Que la Force de toutes les forces, comme l’appelait Senghor, soit loué et bénie à jamais – apporté religion, langue, bonnes manières et éducation.

Au nom de cette attitude si bienveillante, je pense que les africains doivent continuer d’attendre, et même réclamer de cette «communauté» internationale une aide précieuse sans faille. Ils n’ont tellement rien d’autre à faire, ils n’ont tellement pas de souci à se faire, qu’ils peuvent bien s’occuper de nous et travailler pour nos intérêts.

Contrairement à ce qu’avait affirmé Charles De Gaule, les États n’ont pas d’intérêts, ils n’ont que des amis. C’est bien connu dans le monde des relations internationales. Je défie Lapalisse de dire mieux!

Je rejoins donc sans réserve, l’esprit libéré, l’âme en paix, le cœur rempli d’amour, tous les africains qui ont applaudi, tellement fort que l’on a pensé qu’ils avaient quatre mains, quand la communauté internationale pour ne pas dire les occidentaux ont «adoubé» ADO, contre qui je n’ai rien en particulier. Tout au contraire, j’admire le parcours de l’homme, suis fier du rang de DGA qu’il a occupé au FMI et fus même séduit par sa façon d’envisager la politique économique de son pays. Une fois de plus, là n’est pas le débat, je pense que d’autres ont de meilleures réponses que moi.

À tous mes nouveaux amis, je veux dire, ceux qui célèbrent la reconnaissance par la «communauté» internationale, qui aurait ainsi «force de loi», je voudrais poser quelques questions :

• N’y a-t-il pas eu un empressement dans la reconnaissance de l’élection d’ADO ?
• N’y a-t-il pas une forme de néocolonialisme – encore que comme je l’ai démontré, la colonisation nous a tant apportée…– dans le mépris du Conseil Constitutionnel, instance suprême et habilitée à donner les résultats définitifs de l’élection présidentielle ? Le Président du Conseil Constitutionnel est un proche de Gbagbo ? Comme le rappelait l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, Son Excellence Monsieur Kipré, l’homologue français de YAO N’DRÉ est Monsieur DEBRÉ et ce dernier membre de l’UMP, parti présidentiel. 
• N’aurait-il pas mieux valu adopter la position mesurée de Monsieur Henri Emmanuelli, ancien Président de l’Assemblée Nationale de France et député qui a déclaré : « Je le répète, le résultat n'est pas clair. Laurent Gbagbo est en tête dans la plupart des régions, sauf dans le Nord, où il est écrasé. Si les choses sont rétablies, le vote peut très bien être inversé. Donc, on attend. ».  (Sud-Ouest.fr)
• Saviez-vous que plusieurs ambassadeurs africains dont ceux de l’Afrique du Sud – une démocratie africaine et première puissance économique du continent – et l’Angola – 3ème puissance économique de l’Afrique noire – ?
• La «communauté» internationale veillera-t-elle dans le futur proche, il y a de nombreuses élections en 2011 (Bénin, Cameroun, Nigéria…) à ce que la « vérité absolue » des urnes soit respectée sur tout le continent ? Sur toute la planète ?

Serge TCHAHA: Un africain tellement fier de l’apport salvateur de la colonisation, qu’il espère de toutes ses forces que la «communauté» internationale sera désormais la garante du choix de nos présidents.

© Correspondance : Serge TCHAHA
CAMER.BE 07-12-2010


07/12/2010
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