Afrique: Ces deux armes redoutables dont se servent les Africains pour se meurtrir et se faire affaiblir

Leon Tuam:Camer.beÀ la question pourquoi l’Afrique s’envase et peine toujours à prendre son envol, l’on égraine souvent un si long chapelet de raisons. L’on évoque les dominations politiques et monétaires étrangères, l’on accuse les pesanteurs financières et le déséquilibre dans les échanges, l’on parle de la mal gouvernance, etc.Mais au fond, la peur et les rancœurs en Afrique constituent les vrais démolisseurs des peuples africains. Si l’Afrique doit reconquérir sa place au monde, cela passe par la reconnaissance de ceux-ci comme éléments redoutables de sa ruine et par leur ablation.

De tous les peuples du monde, les Africains forment la place par excellence où germent et fleurissent le plus les rancœurs et la peur.

Parlant des rancœurs, nous les voyons au quotidien au niveau des Etats en Afrique parmi nos dirigeants. Ils se fissurent, se détestent et se montrent incapables d’intelligence même là où les intérêts de leurs peuples sont ouvertement menacés.

Les fils et filles du même pays se trouvent aussi frappés de la même « malédiction ». L’on ne peut pas se mettre ensemble avec tel ou telle, l’on n’a pas confiance en tels et telles. Pour rien au monde l’on ne s’entendrait avec lui, elle, eux. Et pourquoi ?

Au fond, c’est que bien qu’étant fils et filles d’un même continent, d’un même pays, l’on est Yoruba et l’autre ne l’est pas ; l’on est Mossi et l’autre ne l’est pas, l’on est Bassa, Bamiléké, Malinké, Boulou, Baka, Senoufo, Dioula, Anglophone ou francophone, et l’autre ne l’est pas. Juste pour cela.

Ceci signifie tout simplement que les occidentaux et leurs suppôts au pouvoir en Afrique ont enfin atteint leurs objectifs ; ceci signifie que le grain désastreux qu’ils avaient mis au sol a enfin donné les fruits tant souhaités : fruits de la division et de la diversion pour continuer la domination.

Parlant justement des rancœurs, ceux des Africains qui vivent hors d’Afrique et surtout les Africains de l’Afrique Noire savent bien de quoi il est question ici.

Pendant que les citoyens des autres nations vivant à l’étranger se mettent ensemble pour réfléchir, mûrir de bons projets économiques, financiers et culturels et les exécutent, les Africains nagent dans des rancœurs infinies.

Mais la peur, la peur chez l’Africain est ce qu’il convient de combattre et extraire mordicus et impérativement, car tout peuple qui se nourrit de la peur n’est à l’abri d’aucun malheur.

Une peur maladive est là chez les Africains qui les ronge jour après jour et les plonge dans une soumission mentale épouvantable, et les expose à tous les dangers, les émascule et les rend inconsciemment plus dépendants et esclaves aujourd’hui qu’à l’époque de l’esclavage même et au matin de leurs pseudo indépendances.

Cette peur est l’héritage des chocs et traumas encaissés au contact du monde arabo-occidental que l’Afrique en général et l’Afrique Noire en particulier n’arrive toujours pas à surmonter.

Cette peur maladive généralisée aux allures « congénitales » chez l’homme africain est à la racine de ses destructions religieuses, culturelles, économiques et spirituelles auxquelles nous assistons aujourd’hui.

Le monde est barbe, cruel et hypocrite. Devant un tel environnement, le salut des peuples africains repose dans une attitude et une conduite conséquentes et responsables. C’est par une attitude et une conduite combattives et non pusillanimes que l’Afrique franchira ses déserts.

Mais au centre des combats africains s’inscrit en premier lieu celui de la peur chez l’être africain. Nous devons en premier lieu détruire cette peur en nous.

Aucun Africain n’ira en enfer pour avoir défendu farouchement son peuple ou pour avoir montré de l’amour et du patriotisme pour son continent, pour son pays, ses richesses et son environnement naturel.

Aucun Africain ne terminera en enfer pour s’être agenouillé devant la photo de Simon Kimbangu pour le vénérer et demander qu’il lui donne assez de force, de santé et du courage pour affronter les obstacles qui empêchent son peuple de s’épanouir.

Aucun Africain n’ira en enfer pour avoir adoré un arbre, un rocher ou les crânes de ses ancêtres ou pour avoir offert des sacrifices à ces derniers ou aux multiples dieux que compte l’Afrique.

Aucun Africain ne séjournera en enfer après la mort pour avoir choisi de se débarrasser à sa façon de ce qui et ceux qui ruinent les structures vitales du peuple africain ou ruinent leurs vies. Nous disons bien aucun, aucun !

Ce qu’a dit et fait le Christ, ce qu’a dit et fait Mahomet, Bouddha et autres dans le monde, cela a été dit et fait en Afrique longtemps avant eux. Rien n’est étranger à l’Afrique ; seuls ses fils et filles regardent ou vont ailleurs pour mieux se perdre et s’embarrasser.

Il y a mieux dans les richesses culturelles, spirituelles, religieuses, aquatiques et terrestres africaines que dans le reste du monde réuni. Mais la soumission de l’âme des africains par des forces étrangères et d’où se dégage une peur constante les empêche de retourner savourer toutes ces richesses pour se faire solides au monde.

Les Africains devront cesser de se sous-estimer en ayant raison de cette peur. Quand les autres peuples du monde pensent et décident, ce n’est pas par rapport aux Africains ; ce n’est pas pour les intérêts des Africains.

Pourquoi des Africains et leurs dirigeants doivent penser et décider si souvent sous les feus de la peur de Paris, Washington, Londres, etc. ? Qu’avons-nous eu d’enchanteur des autres peuples depuis des siècles ? Rien.

A la place de nos sourires nous avons reçu des éclats de sourires des canons et bombes, et récolté des sévices, des pillages, des intimidations et la liquidation des meilleurs d’entre nous à la place de nos gentillesses.

La peur, la peur et les rancœurs chez les fils d’Afrique ! Il n’y a rien de plus asservissant et de plus freinant que cette peur et ces rancœurs qui peuplent les cœurs et âmes d’Africains.

Les Africains ne peuvent se rebâtir sans refaire la fondation qui a été défaite et saccagée dans leurs têtes ; c’est une condition nécessaire pour leur survie, leur redressement et un épanouissement compétitif et qualitatif.

Pour que l’Afrique reparte, les Africains doivent combattre et surmonter chez eux ces deux obstacles majeurs : la peur et les rancœurs. C’est en écartant ces deux ennemis qui les détruisent que les Africains pourront mieux défendre leurs intérêts face à un monde sans pitié.

© Correspondance : Léon Tuam,Ecrivain, activiste des droits humains et enseignant


03/02/2013
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