Affrontements Bamiléké-Bamoun: Le Préfet du Noun dénonce le Sultan

YAOUNDE - 10 SEPT. 2012
© Steve Eyenga Zoa | La Météo

Le Sultan Ibrahim Mbombo Njoya craindrait la création d'un arrondissement sur la rive gauche du Noun qui regrouperait les 13.000 Bamiléké qui y vivent. D'où les multiples actes d'intimidation.

Au lendemain des incidents survenus le 31 août 2012, le gouverneur de l'Ouest était à Foumbot vendredi dernier pour comprendre les raisons des multiples affrontements qui opposent Bamoun et Bamiléké sur la rive gauche du fleuve Noun. Ici, vivent depuis l'époque coloniale 1905 des communautés Bamilékés reparties sur sept villages installés par les colons. Sur les 12 interventions qui ont meublé cette réunion de crise, celle du préfet du Noun était la plus édifiante. A la suite de ceux qui faisaient dans la délation et la pyromanie, le Préfet Pascal Mbozo'o n'a pas fait dans la langue de bois et n'est pas passé par quatre chemins pour éclairer la lanterne du gouverneur en poste seulement depuis quelques mois.

Les multiples attaques contre les Bamiléké sur cette partie du fleuve Noun durent depuis un an. Le préfet du Noun Pascal Mbozo'o a lié ces actes à trois facteurs: L'arrivée de la Commission Engoulou à Foumbot, le refus des Bamoun et de leur Sultan de voir les Bamiléké cultiver sur les terres du Noun et le désir des sept chefs des communautés Bamiléké d'obtenir leur autonomie vis-à-vis du sultan Bamoun.

Selon le chef de terre, la Commission Engoulou était à Foumbot en avril 2011, dépêchée par le ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), «pour étudier les différents paramètres dans la perspective de la création d'une unité administrative sur la rive gauche du Noun». Une option qui n'était pas du goût du Sultan Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamoun. Son premier adjoint présent à la réunion de crise de Foumbot, l'a d'ailleurs souligné avec force: «Le sultan est opposé à toute autonomie sur la rive gauche du Noun». Pour appuyer sa position, le monarque a nommé ses représentants dans les sept villages Bamiléké qui y sont installés le 30 juillet dernier. La Commission Engoulou révèle que plus de 12.600 âmes vivent ici sur une superficie de 212 km2. Des populations dynamiques, véritables mamelles nourricières du Noun et de la Mifi, exploitent cet espace fortement fertile. Pascal Mbozo'o fait état de ce que les Bamiléké de la rive gauche du Noun sont victimes d'attaques à mains armées depuis un an à la suite du passage de la Commission Engoulou du Minatd, et aussi à cause des terres fertiles de cette rive que cultivent aisément les Bamiléké qui ne veulent plus vivre sous la coupe du sultan roi des Bamoun.

Affaire à suivre, puisque les deux camps campent sur leurs positions et attendent de voir le gouvernement trancher.





10/09/2012
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