Affaire Yves Michel Fotso: Et pour quelques accusations de plus…

DOUALA - 17 DEC. 2010
© François Lasier | Aurore Plus

Michel Fotso est en prison. C'est la fin de l'homme. Lorsqu'on est mis en prison dans le cadre de l'opération épervier, c'est une perpète qui ne dit pas son nom.

Michel Fotso est en prison. C'est la fin de l'homme. Lorsqu'on est mis en prison dans le cadre de l'opération épervier, c'est une perpète qui ne dit pas son nom. De tous ceux qui ont été embastillés, personne n'en sortira. Ils ont pris quinze ou dix ans, tarif minimum, cinquante ans en instance, une peine majuscule pour Ondo Ndong. A vie pour Siyam Siwe, l'ancien directeur général du Port autonome de Douala. Ils sont nombreux, cent ou mille, les têtes couronnées de la République, qui ont franchi pour la première fois les portes des geôles de New-Bell ou de Kondengui, et qui n'en ressortiront plus libres. Ils peuvent se promener à l'extérieur, dans la journée, ou même dans la nuit, moyennant quelque généreux pourboire au régisseur de service. On connaît la loi du système.

Michel Fotso n'aura pas cette chance. Il est un prisonnier de luxe. Il est tellement de luxe qu'on va lui rationner les visites en taule. Pas plus de cinq visites dans la journée. Ordre de la Présidence de la République. Ou du Vice-premier ministre Amadou Ali. Le ministre de la Justice a toujours voulu avoir la peau de Michel Fotso. Et le Michel de la famille s'est lui-même coupé sa propre verge pour se faire administrer la fessée finale.

Qui donc lui a filé l'idée de prendre Amadou Ali à parti ? Qui a pu lui suggérer de servir une menace de procès à Essimi Menye, le ministre des Finances de Paul Biya ?

Michel Fotso, mal conseillé, par des ploucs qui voulaient lui barboter un peu d'argent, s'est laissé mener en bateau par de grands tocards de service.

Il se voulait de grands experts en communication, il en a recruté d'excellents croque-morts pour un enterrement première classe. Maintenant que Michel Fotso est en prison, personne ne viendra plus à son secours. Quand on est épervié au Cameroun, on n'en sort plus. Amen. Si l'exemple de Titus Edzoa, Pierre Désiré Engo et autres n'a servi de leçon à personne, il faut définitivement désespérer de l'intelligence des avocats de Michel Fotso. Ils savent que la cause est entendue, et que, sauf événement miracle, Yves Michel Fotso ne sortira jamais plus de prison. En tout cas, tant que Paul Biya et son régime seront en poste.

Il y a une chance pour qu'il s'en sorte. Paul Biya est l'ami personnel du père Victor Fotso. Entre amis, on ne laisse pas tuer notre enfant. On peut organiser une exception, une manière de loi qui n'a pas été prévue par le Code pénal, amnistie.

Les anciens amis de Michel Fotso, ceux qui n'ont pas joui ou bénéficié de ses largesses, sont devenus ses meilleurs adversaires.


Michel Fotso est mort…

Une manière de tirer sur des corbillards ou sur des cadavres. Alors que Fotso est enterré à Kondengui, on va l'accabler de mille autres péchés. L'opinion publique camerounaise en est encore à se demander pourquoi Michel Fotso a été mis aux arrêts. Détournement de fonds publics ? Peut-être. Mais on ne mettra jamais le dossier sur la table d'un tribunal de grande instance au Cameroun. Toute la République est tellement compromise dans les malversations de Michel Fotso que personne n'en parlera jamais. C'est exactement le tableau du bonhomme qui tire un coup et qui s'aperçoit que son épouse a fait caca pendant le coït. On n'en parle pas. On ne prend personne à témoin.


Organisation criminelle

Lorsque la Justice camerounaise ne veut pas ouvrir les casseroles qui sentent mauvais, on va chercher les cakes empoisonnés. Empoisonné pour empoisonné, Michel Fotso est mort. Pour bien l'enterrer, on a sorti un dossier d'archives. C'est les juges suisses qui parlent. Pour eux, Michel Fotso est présumé coupable de blanchiment d'argent et de participation à une organisation criminelle. On ne sait toujours pas à quelle organisation criminelle Michel Fotso a pris langue, mais les faits relatés par les enquêteurs suisses sont hautement accablants. En résumé, disent-ils, " il apparaît que François Ferroux-Fouquet est soupçonné de s'être livré du O5 août 2002 au 28 mars 2003 à une activité de blanchiment d'argent en encaissant sur les comptes bancaires d'Avipro Finance S.A., société dont il était administrateur et qu'il a fait constituer sur demande de l'ayant-droit, M. Michel Fotso, des mensualités de leasings payés par la Camair pour l'utilisation d'un B767-231 numéro de série 22564 et d'un B747-312 numéro de série 23033. Tout ou partie des mensualités encaissées sur les comptes bancaires d'AVIPRO FINANCE SA à hauteur de près de six millions de dollars (soit environ trois milliards de francs CFA et un peu plus) pourrait revêtir un caractère indu. "

Les faits sont définitivement accablants. A en croire les enquêteurs suisses, un certain François Ferroux, agissant pour le compte de la société Avipro Finance, aurait perçu, en huit mois seulement, trois milliards de dollars pour la location de deux avions. Pendant que la Cameroon Airlines était en quasi cessation de paiements, incapable de payer les salaires des employés et les dettes du clearing house.

Le Boeing 747-312 dont parlent les juges suisses n'était rien d'autre que le fameux BIG BOSS 747 que nous avait ramené Michel Fotso, avec l'onction d'un certain Etienne Ntsama, alors PCA de la Camair. Il y a eu la proclamation officielle que ce Boeing 747 serait notre propriété, à condition que nous payions les loyers mensuels qui valaient leur pesant de nos actifs. On nous a menti. Le BIG BOSS ne sera jamais notre avion, toutes les mensualités payées par la Camair ont fini dans les poches d'un certain François Ferroux, à ce que nous confirment les enquêteurs helvètes.


20/12/2010
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