Affaire Thierry Atangana Abega: La partie civile et le tribunal en désaccord

YAOUNDÉ - 02 Février 2012
© Olivier A. Ndenkop | L'Actu

Devant le tribunal de grande instance du Mfoundi, les défenseurs des intérêts de l'Etat ont estimé hier que les juges protègent l'accusé. Autrement dit, selon l'esprit du tribunal, l'avocat de l'Etat ne comprend pas ou comprend mal. II n’y a pas de différence.


Maitre Bell Hagbe est dans tous ses états. «Non madame la présidente, je n'accepte pas qu'on me menace)), lance fermement cet avocat des intérêts de l'Etat. Sa consœur, Me Ngo Binyogo ne cesse de lui susurrer des mots à l'oreille. La partie civile qu'ils représentent n'est «pas d'accord avec le tribunal qui donne l'impression que nous sommes en train de dénaturer la vérité», ajoute encore Me Hagbe. Cette réaction énergique -le ton est aigre- intervient à la suite d'une seconde «précision» du tribunal. Quelques minutes avant, l'avocat de l'Etat du Cameroun venait de poser à Michel Thierry Atangana (MTA), la question de savoir s'il était membre du comite d'organisation (CNO) du 32eme Sommet de l'QUA qui s'est tenu au Cameroun en 1996. L'accuse a répondu par la négative. Cette réponse permettra à l'avocat de rebondir en faisant croire au tribunal que Titus Edzoa avait dit le contraire au tribunal lors d'une précédente audience. C'est à ce niveau que le juge intervient. En se référent à son plumitif, il rappelle intégralement les propos de Titus Edzoa qui, en fait, ne correspondent pas à la version que l'avocat venait de servir au tribunal.

L'ancien secrétaire général de la présidence de la République (Sg/Pr), selon le juge, avait plutôt déclaré que MTA n'était pas membre du CNO. Mais, qu'il y intervenait comme d'autres personnes dont l'aide avait été jugée utile pour la tenue de ce Sommet. Titus Edzoa avait ajoute qu'en ce moments, MTA n'était pas un prisonniers, mais le président d'une structure rattache à la présidence de la République. Référence est ainsi faite au Comite de suivi et de pilotage des projets de construction des routes Yaounde-Kribi et Ayos-Bertoua (Copisupr).

Mais pour l'accusation, en reprécisant ainsi les propos de Titus Edzoa, le tribunal vole au secours de l'accusé et, de fait, verse dans la partialité. «Je croyais que la vérité du tribunal se décidait dans le silence de vos cabinets», lance Me Hagbe. Nnomo Zanga, la présidente de la collégialité n'est pas de l'espèce influençable. «Nous voulons restaurer la vérité des débats», tranche la juge, comme pour réaffirmer son autorité.

Seulement, on n'est pas encore sorti de l'auberge. Le représentant de la partie civile pose la question suivante: «le président de la République a-t-il menti en signant un décret ou il est dit que c'est le budget de l'Etat qui allait supporter les frais d'organisation du Sommet de l'QUA?». L'interrogé ne semble pas percevoir le lien avec les charges de tentative de détournement de deniers publics en coaction portées contre lui. Pendant qu'il cogite, MTA est devancé par son conseil, Me Charles Tchoungang qui tente de rappeler à l'accusation qu' «on ne commente pas le décret du chef de l'Etat ».

A sa suite, l'accusé ajoute que le Cameroun était financièrement en ballottage défavorable. Par conséquent, son budget ne pouvait pas supporter les frais d'organisation du Sommet de Yaoundé. Bien plus, lors de son passage devant le club de Paris, le pays avait consenti de réduire sa dépense publique. De toutes ces réponses conjuguées, Me Bell Hagbe dit avoir compris que «le président a menti». II précisé d'ailleurs que c'est une «chute tares intéressante». A nouveau, la collégialité ne cède pas. «Me Hagbe, tout le monde a compris, mais pas comme vous» clos Nnomo Zanga. Autrement dit, selon l'esprit du tribunal, l'avocat de l'Etat ne comprend pas ou comprend mal. II n’y a pas de différence.




02/02/2012
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