Affaire Sodecoton: Iya Mohammed confond les commissaires aux comptes

Yaoundé, 03 Mars 2014
© René Atangana | La Météo

 

De sources proches des milieux judiciaires, leurs auditions tendent à enfoncer l'ancien Directeur général de la Société de développement du coton (Sodecoton).

 

En passant au prisme le volet huilerie de l'affaire «Ministère public-Sodecoton Iya Mohammed et autres», les autorités judiciaires ont cru coincer une fois pour toutes Iya Mohammed. Que nenni! Malgré les accusations des commissaires aux comptes, l'ex-Directeur général de la Sodecoton n'est pas allé de mains mortes chez le juge d'instruction, pour battre en brèche cette panoplie de charges. Par exemple, lorsque le commissaire aux comptes Eca soutient qu'à la fin de l'exercice 2010, il y avait des écarts de stocks d'une valeur de 229 millions de FCFA sur l'huile brute coton, 34 millions de FCFA sur l'huile neutre coton, 33 millions de FCFA sur l'alibet et 10 millions de FCFA sur nutribet, Iya Mohammed semble carrément en rire. 

D'après les proches de l'ex-patron de la Sodecoton, il suffirait de se rendre à l'évidence que, pour un document qui est supposé porté sur la fin de l'exercice 2010, le commissaire aux comptes, Eca, l'a produit en juin 2011. Curieux! Preuve qu'aucun complot n'est parfait. Plus paradoxal encore, lorsque les mêmes commissaires aux comptes prétendent, sur la foi de leurs auditions, qu'ils étaient dûment tenus à l'écart dans la gestion des fonds générés des coproduits, d'autres indiscrétions, plus convaincantes, laissent plutôt dire que chaque année, ceci pendant les mois de septembre et octobre, la Sodecoton a recruté entre 200 à 300 temporaires pour faire l'inventaire physique de tous ces produits. Sauf mauvaises foi de leur part, ces commissaires aux comptes sont constamment mis au courant de tous les inventaires, pour leur appréciation, et ce depuis toujours. La preuve, précise même un administrateur de la Sodecoton approché, il n'y a qu’à voir leurs abondants rapports adressés chaque fois à l'Assemblée générale, ne man¬quant d'ailleurs pas d'arracher des quitus pour le travail effectué. «Iya Mohammed a toujours travaillé avec les mêmes commissaires aux comptes depuis 20 ans. Avec eux, il a mis sur pied en accord avec le gouvernement camerounais, un système de stabilisation en interne. Et c'est ce qui a abouti à une balance nette de 30 milliards de FCFA de bénéfice qui aura permis à la Sodecoton d'investir énormément et de payer les dividendes à ses actionnaires, parmi lesquels l'Etat du Cameroun. En plus, si l'équipe que dirigeait Iya Mohammed avait effectivement détourné 13 milliards tel qu'on le soutient aujourd'hui, il est techniquement impossible que la Sodecoton ait pu poursuive si bien ses activités», défend sous anonymat, un administrateur de la société. 


Procès-verbal 

Plus loin, l'audition des commissaires aux comptes mentionne des cas de fraudes et des ristournes accordées sur les ventes d'huile. A ce sujet, rétorque un expert-comptable qui connait bien la Sodecoton, il existe une inspection générale à qui revient la charge d'opérer des contrôles inopinés de sa propre initiative ou à la demande d'un autre responsable au cas où il y a des soupçons d'anomalies. Selon lui, c'est ce qui pourrait justifier le fait que l'ancien directeur de la Sodecoton n'ait pas été au courant des détournements imputés aujourd'hui au chef de service des ventes d'huile et des tourtereaux. «C'est à l'issue du contrôle du Consupe qu'il a par exemple appris que le chef de service des ventes d'huile était malade et hospitalisé. Absent de son poste puis introuvable, ce dernier a été finalement licencié pour abandon de poste», rappelle-t-il. 

Au sujet du volet «Coton sport» - du nom de l'équipe de football de l'entreprise qui ne manque pas d'attrait, Iya Mohammad, apprend-on, n'aurait pas été avare en arguments valables. En effet, pen¬dant que certains responsables de l'entreprise trouvent que les comptes de la Sodecoton et ceux de Coton sport n'étaient pas consolidés pendant les exercices 2005 à 2010, d'autres se référent plutôt à un procès-verbal d'un Conseil d'administration en 2011 qui mentionne que tout le patrimoine du club de Garoua appartient bel et bien à la Sodecoton. Bien plus, rapporte-t-on, une partie du financement du stade est partiellement assurée par cette entreprise parapublique. On parle en plus d'un financement de l'ordre de 100 millions de FCFA de l'équipementier «Puma», sous forme de don en nature, notamment la fourniture et la pose du gazon synthétique.

 



03/03/2014
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