Affaire Olanguena et Cie: Le parquet sermonne la presse


Douala - 26 Août 2010
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager

Maurice Soh, parlant au nom du parquet déclare que les journalistes qui relaient des commentaires tendancieux pendant le déroulement du procès Olanguena Awono doivent s’attendre à des sanctions pénales.


Vingt deux minutes. C’est le temps qu’a duré la huitième audience de l’affaire ministère public contre l’ex-ministre de la Santé, Urbain Olanguena Awono et compagnie. Juste l’occasion pour la présidente de la collégialité des juges Mme Nomo Zanga de constater que le principal témoin de l’accusation, l’inspecteur d’Etat Gilbert Bayoï est absent de l’audience. La cause étant renvoyée à hier 25 août 2010 à la demande de l’un des accusés, Maurice Feuzeu en l’occurrence pour la suite du contre interrogatoire du chef de la mission d’Etat dont le rapport a suscité les poursuites contre l’ex-Minsanté et ses coaccusés. « Monsieur Bayoï est en mission », indique le parquet au tribunal. « Il s’est montré entièrement disponible à collaborer depuis le début du procès. Il a répondu aux questions de la défense pendant 14 heures cumulée ; preuve de sa bonne volonté », ajoute – il comme pour anticiper sur la réaction des avocats de la défense qui au cours de leur prise de parole à la suite du procureur de la République voient en l’absence de l’inspecteur d’Etat, la fuite d’un homme « malmené, humilié qui a pris la poudre d’escampette faute de preuve pour ses accusations ».

C’est que quelques instants avant, Maurice Soh, parlant au nom du parquet expliquait au tribunal les raisons de l’absence du principal témoin à charge et de ses compères avant de se montrer outré par le comportement d’un des avocats français commis à la cause de la défense qui s’est répandu en commentaire dans les médias et surtout une certaine radio internationale. « Quelqu’un qui a été au procès estime que la cause était renvoyée pour la 7e fois par le tribunal qui ne fait pas d’effort pour juger la cause », souligne-t-il en substance. Et de préciser que la presse qui relaie ce type de nouvelle doit faire attention à l’article 169 du Code pénal.

Gilbert Bayoï absent

De l’avis de Maurice Soh les journalistes qui relaient des commentaires tendancieux pendant le déroulement d’un procès doivent s’attendre à des sanctions pénales. A preuve, cette disposition prévoit qu’ « est puni d’un emprisonnement de 15 jours à 3 mois et une amende de 10 000 F Cfa celui qui relate publiquement une procédure judiciaire non définitivement jugée dans les conditions telles qu’il influence même intentionnellement l’opinion d’autrui pour ou contre l’une partie (…) Lorsque l’infraction est commise par voix de presse écrite ou de radio ou télévision, la peine est de trois mois à deux ans d’emprisonnement et l’amende de 100 000 F. Cfa à 5 000 000 F. Cfa ». La défense se contente de préciser à l’attention du parquet que selon la Loi, toute personne vexée par un article de presse peut exercer son droit de réponse. Elle est quelque peu rejointe par le tribunal qui tient à préciser que « ça se passe ici (au palais de justice) et ça se passera toujours ici car le tribunal reste serein. Que les gens fassent ce qu’ils ont faire. La justice, c’est au palais de justice qu’elle se rend. Il y aura un jugement et des arrêts », martèle Mme Nomo Zanga en signe de mise en garde à toutes les parties prenantes. Sur ce, elle les renvoie au 15 septembre 2010 pour la suite du contre interrogatoire de Gilbert Bayoï absent ou éventuellement un de ses collaborateurs également absent parce que le parquet a jugé la « présence inutile », à cause de la réaction qu’aurait pu avoir la défense mais aussi la presse déjà dans sa ligne de mire.


27/08/2010
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