Affaire Mme Kontchou: Des acteurs de poids jamais inquiétés

DOUALA - 29 OCT. 2012
© David Nouwou | La Nouvelle Expression

Deux colonels entre autres acteurs en liberté impliqués dans l’enlèvement des engins à problème au port autonome de Douala ne sont toujours pas inquiétés.


Au niveau du juge d’instruction du tribunal de grande instance du Wouri, l’affaire dont Madame Françoise Kontchou est devenue la vedette, certainement de par la popularité de son mari, les auditions sont déjà bouclées, selon de fiables informations. Il en ressort que ce dossier avait jusque-là gardé nombre de ses précieux secrets. Par exemple, ces deux colonels de l’armée camerounaise dont les noms reviennent avec récurrence dans des procès-verbaux d’audition des accusés, mais qui ne figurent nulle part sur la liste des personnes interpellées ou même interrogées dans le cadre de cette procédure. Et pourtant, il est constant que c’est eux qui avaient porté la fameuse fausse lettre d’exonération de la présidence de la République aux responsables du port autonome de Douala pour obtenir la sortie des machines qui y étaient stationnés depuis plusieurs mois, et qui ployaient sous le faix de lourdes pénalités. Des indiscrétions des rapports d’audition rappellent aussi le cas d’un certain Nzili, un maillon essentiel de cette complexe opération, qualifié de «homme aux multiples réseaux». Peut-être que les langues vont davantage se délier lorsque la cause dont l’instruction est bouclée, sera renvoyée devant le tribunal.

L’affaire qui comprend en réalité deux volets, remonte à juin 2011. La Cameroon Long Yuang Co. Ltd, une entreprise chinoise codirigée par Huang Khi yung de nationalité chinoise et son associé camerounais, Paul Hiol, maire de Massok-Songloulou dans la Sanaga Maritime, fait face à une lourde facture de stationnement et d’aconage, pas moins de 200 000 000 F cfa, au port Autonome de Douala, pour un total de près de 18 engins venant de l’empire du milieu et stationnés chez un transitaire depuis près de 300 jours.

Hiol Paul trouve la note déjà exorbitante. Il doit se référer à un réseau pour amortir le choc. Mais ses partenaires et lui ne disposent pas d’un agrément d’importation que leur promet un certain Y. Eugène. Le document est fourni en quelques jours à partir des réseaux mafieux. Par cette promptitude, il est donc l’intermédiaire idéal pour la suite des opérations. Mais il n’a fait que du bluff, parce qu’il sera incapable de produire les résultats escomptés. Les responsables de Cameroon Long Yuang Co. Ltd doivent changer de fusil d’épaule. Il trouve un certain Diffo habitué des transactions douanières qui se trouve être une connaissance de Mme Kontchou. Elle contacte celle-ci pour aider son client à contourner l’obstacle Transimex, le transitaire qui garde les engins depuis près de neuf mois. Cette piste n’a pas encore prospéré qu’on revienne à Nzili qui propose de négocier avec un proche de l’ancien ministre des transports, Bello Bouba Maïgari. Une fois de plus, mauvaise piste. Nzili doit s’offrir les services de deux colonels de l’armée, à en croire les dépositions des accusés, pour obtenir le précieux sésame. Ils vont personnellement venir le déposer au port autonome de Douala, après avoir manqué d’obtenir un rendez-vous avec le Directeur général du port. L’exonération des pénalités porte sur près de 80%. Cette demande ne revêt pas les formes habituelles qui attirent l’attention des agents chargés de liquider le dossier. Mais on ne comprend pas pourquoi une enquête n’est pas ouverte pour clarifier les zones d’ombre. De nouveau, c’est l’impasse.

Encore une fois, retour vers Diffo. Des informations proches du dossier d’instruction indiquent qu’il a contacté Mme Kontchou pour aider à débloquer le dossier, au niveau du ministre délégué du transport Mefiro Oumarou qui a délivré des documents authentiques, au vu des arguments produits pour solliciter l’exonération. Les sources ne s’accordent plus sur le montant des rétro commissions de Mme Kontchou qui est accusée à ce niveau de complicité de corruption. Fin du premier volet.

Le second volet du dossier concerne le déblocage des frais de douanes évalués aussi à quelques 200 000 000 Fcfa. L’opération est pilotée par un certain Atangana Thiérry (à ne pas confondre avec le français Michel Thierry Atangana dans l’affaire Titus Edzoa). C’est lui qui réussit à obtenir les faux documents de la présidence de la République pour débloquer finalement tout le dossier au niveau de la douane. L’aspect qui a le plus intéressé les enquêteurs. Et le filon par lequel le pot aux roses a été découvert.

Au moment où l’on attend le renvoi de l’affaire devant le tribunal, que reste –t-il des acteurs ? Françoise Kontchou alias Mamy Nyanga pour complicité de corruption. Nzili que les enquêteurs présentent comme une des pièces principales, avait mystérieusement disparu au niveau de la localité de Mbombandick, près d’Edéa, alors qu’il était escorté par les forces de l’ordre lors d’une descente sur le terrain. Le secrétaire particulier du ministre des transports dont des informations des accusés disent qu’il a monté une série de faux documents avec Nzili, n’est toujours pas inquiété. Paul Hiol qui au début des interpellations avait réussi à se mettre à l’abri quelque part à l’étranger, est revenu au Cameroun pour se laisser happer par l’épervier. Mais dans les mêmes réseaux, il a réussi la prouesse de quitter «l’hôpital» où il était «interné» pour fondre dans la nature à la barbe de ses anges gardiens. Des sources confidentielles indiquent qu’il a tranquillement pris le chemin du Nigeria, via Idenau dans la région du Sud-Ouest Cameroun.


30/10/2012
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