Affaire Meyomesse:Les zones d'ombre d'une enquête baclée

Affaire Meyomesse:Les zones d'ombre d'une enquête baclée

Meyomesse Menottes:Camer.beMalgré les assurances et les déclarations du colonel Oumarou Ngalibou, commandant de la légion de gendarmerie de l’Est à Bertoua, des zones d’ombre persistent. Elles laissent sceptiques plusieurs observateurs. L’image de la gendarmerie et celle du Cameroun prennent des des sérieux coups. Le colonel Oumarou Ngalibou et ses élements font du Cameroun est un Etat de non-droit. Dommage... Le 21 décembre 2011, le colonel Oumarou Ngalibou était visiblement fier de sa prise de l’année quand il présentait au public et au gouverneur de la région de l’Est Adolphe Lélé Lafrique, Enoh Dieudonné 57 ans, Manda Bernard 57 ans ; Ndi Benoît 60 ans et Song Kanga 47 et adjudant- chef de l’armée camerounaise.

Lui qui avait conduit l’opération ayant conduit à l’interpellation, le 22 novembre 2011, d’Enoh Meyomesse à l’aéroport
international de Yaoundé Nsimalen. Pour cet officier supérieur de l’armée camerounaise, Enoh Dieudonné est sinon le chef de gang du moins le commanditaire du braquage des Coréens ayant eu lieu, dit-on, dans la localité de Bétaré Oya à l’Est-Cameroun. Si l’on s’en tient à son récit publié dans plusieurs organes de presse au C a m e r o u n , dont notamment
les quotidiens Le Jour et M u t a t i o n s , «les braqueurs ont intercepté un Toyota double cabine d’une société d’exploita tion  minière dénommée AKMSC.

Ils ont récupéré et [sont] partis avec toute la production minière de la journée, d’une quantité d’or équivalente à 1000g, soit 650g d’or non panné et 350g d’or panné ». Les mêmes braqueurs, affirmait le Colégion de l’Est avait pris la voiture de la société et l’avait abandonnée sur le chemin ainsi qu’une kalachnikov et un pistolet automatique.

Mis au parfum de ce coup, les gendarmes de la brigade de gendarmerie se sont lancés aux trousses des braqueurs et ont réussi à mettre la main sur l’un d’eux, le nommé Manda Bernard. C’est l’exploitation de ce dernier qui a conduit à l’interpellation des autres membres du « gang ».

Si on se limite à cette version des faits présentée par le Colégion de l‘Est, tout est clair comme l’eau des roches. Mais, une enquête approfondie et une confrontation de ladite version à celle relatée par les présumés braqueurs laissent apparaître des zones d’ombre et suscitent un questionnement.

10 QUESTIONS SANS RÉPONSES

1- Quand a réellement eu lieu le (soi-disant) braquage de Bétaré Oya? À cette question nul ne donne la date exacte. Interrogé au téléphone au courant de la semaine dernière, le commandant Pascal Abondo n’a pu nous donner une réponse exacte à cette question. Il s’est contenté, après nous avoir renvoyé deux fois de suite à plus tard, de demander au reporter de Germinal, qui avait au préalable pris soin de décliner son identité, qui lui avait communiqué ses numéros de téléphone portable.

Lorsqu’au troisième appel il décide de répondre, c’est pour lui dire qu’il ne répond pas aux questions relatives à cette affaire au téléphone, car il ne connaît à qui il s’adresse. « Si vous voulez en savoir plus, venez à Bertoua. Ou vous demandez à celui qui vous a passé mes numéros de téléphone de passer me voir », conclut-il avant de raccrocher son combiné.

2- Pourquoi le colonel Oumarou Ngalibou et ses hommes n’ontils pas empêché Enoh Dieudonné de sortir du Cameroun le 15 novembre 2011 aux environs de 09h alors qu’ils avaient mis la main sur Manda Bernard quatre jours avant son départ pour Singapour, c’est-à-dire le 11 novembre 2011 ?

3- Si Enoh Dieudonné était ce véritable « chef de gang » et « commanditaire », du supposé braquage n’aurait-il pas décidé
de rester à l’extérieur du pays, lui qui, au soir du 18 novembre 2011, était déjà informé de l’arrestation de Ndi Benoît (lire cicontre) ?

4- Comment peut-on croire à la tentative de corruption évoquée par le colonel Oumarou Ngalibou, alors qu’il est établi que Enoh Dieudonné n’a ni compte bancaire, ni source de revenu lui permettant de débourser la somme de 5 millions de francs Cfa , en tout et pour tout que la somme de 79€ dont 50€ ont été subtilisés par les gendarmes au Secrétariat d’État à la défense à Yaoundé ?

5- Le Secrétaire d’État à la défense, Jean-Baptiste Bokam était-il au courant de cette aventure rocambolesque du Colonel
Oumarou Ngalibou dans la  région du Centre (Yaoundé) flanqué de certains éléments?

6-Pourquoi avoir « perquisitionné», pour ne pas dire violé le domicile de Enoh Dieudonné en son absence et sans mandat
dûment signé par le procureur de la République ou par le commissaire du gouvernement ?

7- Le Colonel Oumarou Ngalibou oublie-t-il que le président de la République Paul Biya et certaines autorités affirment
que le Cameroun est un État de droit ?

8- Pourquoi le colonel Oumarou Ngalibou et ses hommes ont-ils gardé le silence durant la période comprise entre la clôture de l’enquête préliminaire le 27 novembre 2011 et le 21 novembre 2011 date de la présentation publique des présumés braqueurs ?

9- Quel rôle aurait joué une certaine Henriette « Bena », qui a été récemment faite officier de police 2e grade, ancienne de la Camair, proche parent de Manda Bernard, qui travaillerait pour le compte de la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre) et qui aurait été chargé de suivre les faits et gestes d’Enoh Meyomesse ?

10- Pourquoi avoir détenu les prévenus en garde à vue au-delà des délais légaux prévus le Code de procédure pénal ?

Autant de questions de bien d’autres qui laissent dubitatives toutes personnes sensées qui tentent de comprendre les tenants et les aboutissants de cette « affaire » mal ficelée qui jette du discrédit non seulement sur tout le corps de la gendarmerie, mais également porte gravement atteinte à l’image déjà peu reluisante du Cameroun à l’extérieur.

Il reste à souhaiter que le juge d’instruction qui a déjà décerné un mandat de détention provisoire de 6 mois aux présumés braqueurs fasse sereinement son travail afin de faire surgir la vérité et d’éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur une affaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive.

© Germinal n° 078 : J.-B. TALLA


30/01/2012
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