Affaire Marafa. Comment le pouvoir prend le peuple en otage

Affaire Marafa. Comment le pouvoir prend le peuple en otage

En abordant les dénonciations sur la gestion des affaires publiques faites par leur camarade par des arguments politiques, certains militants et cadres  du Rdpc ne prennent-ils pas l’opinion en otage comme ils le reprochent à leur « infortuné » camarade? La version des personnes incriminées n’est-elle pas indiquée?

Le Messager

Marafat Hamidou Yaya

En abordant les dénonciations sur la gestion des affaires publiques faites par leur camarade par des arguments politiques, certains militants et cadres  du Rdpc ne prennent-ils pas l’opinion en otage comme ils le reprochent à leur « infortuné » camarade? La version des personnes incriminées n’est-elle pas indiquée?

Une occasion  inespérée pour l’opinion publique qui croit partager les secrets de la gouvernance et de la prévarication du bien commun. Tout à côté, un gouvernement qui semble démontrer son inconfort face aux allégations d’un haut commis de l’Etat prêt à aller jusqu’au bout de son exercice et ayant renoncé «à l’obligation de solidarité ou de réserve.» La désormais «Affaire Marafa» intrigue. Autant que les quatre lettres adressées variablement au chef de l’Etat et au peuple camerounais évoquent des questions gênantes de la machine gouvernementale. Des questions auxquelles le peuple attend des réponses.

Si à priori l’ancien ministre d’Etat clame son innocence, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République évoque les tripatouillages liés à la confection du nouveau code électoral; la responsabilité du patron des institutions dans la procédure d’acquisition de l’Albatros et ses soubresauts ; le rôle trouble de certains hauts fonctionnaires dans le crash du Boeing 737-200 de la défunte  Camair ayant causé la mort de plus de soixante dix passagers ainsi que la gestion de l’information fournie au président de la République dans le cadre de cette affaire etc. Des allégations indexant le chef de l’Etat qui reste cloîtré dans le mutisme.

Tout juste les quelques sorties faites par le ministre de l’Enseignement supérieur et secrétaire à la communication du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), celles de quelques militants et sympathisants de cette formation politique dans les médias ou encore les séminaires d’explication organisés tiennent plus du souci de présenter « l’ancien camarade » comme un agitateur politique. Loin du débat attendu par la majorité des Camerounais et même l’opinion internationale qui entend connaître les versions de personnes citées dans ces différentes «révélations». Question de se faire une religion dans ces affaires qui engagent le peuple camerounais.

Arguments politiques

A la grande surprise de nombreux observateurs, le président de l’Assemblée nationale (Pan), lors du discours d’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année en cours évoque «l’amalgame et la tentative de récupération à des fins de politique politicienne» de cette affaire. Si le Pan salue et encourage  à juste titre l’intensification de l’opération Epervier, l’on s’interroge néanmoins de «l’amalgame» suscité par les camarades du désormais célèbre détenu. Comment comprendre alors que des faits relevant de la gouvernance publique imputés à des commis d’administration soit déportés sur le terrain politique ? Une préoccupation essentielle. D’autant que le président de la Chambre évoque lui-même «des manœuvres visant à transformer une affaire relevant du droit commun en dossier politique».

Lorsque le président de l’Assemblée nationale semble se soucier de «cette attitude intolérable et même grossière» qui viserait, à en croire le Pan, à «prendre l’opinion en otage» s’est-il souvenu de son vœu de voir l’émergence d’une République exemplaire. Une République dans laquelle le devoir de ses dirigeants est de dire la vérité aux administrés. En lieu des communications politiques  servies depuis quelques temps par le parti au pouvoir, n’est-il pas indiqué que les personnes dénoncées, à tort ou à raison, donnent leur part de vérité si tant il est convenu que l’on veut éviter au peuple d’être pris en otage. Une telle démarche attendue de l’opinion est gage de sérieux pour l’opération Epervier. Une opération somme toute salutaire.

Joseph OLINGA


07/06/2012
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